Montréal-Orlando : un an plus tard, un rapport de force inversé

MONTRÉAL – Comme s'il avait été à son poste habituel dans le rempart défensif du CF Montréal, Rudy Camacho avait des yeux tout autour de la tête dimanche après-midi.

Resté à la maison pour soigner une légère blessure et donc confiné devant son téléviseur, le vétéran défenseur ne voulait rien manquer de la dernière journée de la saison en MLS. Il a bien sûr suivi avec attention le rendement de son équipe, victorieuse sur le terrain de l'Inter Miami. La performance, qui s'est traduite par une victoire de 3-1, l'a laissé « fier des potes, fier de cette saison. » Mais d'autres distractions requéraient son attention.

Dans un coin reculé de son cerveau, Camacho avait réservé un espace pour l'éventualité où Toronto FC parviendrait à causer une surprise à Philadelphie et ainsi rendre prenable le premier rang dans l'Est. Mais « même si on avait une petite chance, je n'y ai jamais trop cru, admet-il. Et puis [l'Union] a marqué rapidement, alors j'ai laissé tomber. »

Quand il est devenu clair que l'identité du prochain adversaire du CFM en éliminatoires serait décidée dans le match entre Orlando City SC et le Crew de Columbus, c'est sur ce duel que le Français s'est consacré. Et il n'a pas été déçu par ce qu'il a vu. Grâce à une victoire de 2-1 acquise sur penalty en toute fin de match, Orlando a poinçonné le dernier billet pour le tournoi de fin de saison du circuit Garber et mis la table pour d'intéressantes retrouvailles une semaine plus tard au Stade Saputo.

Camacho n'a pas oublié ce match, le tout dernier de la saison 2021. L'enjeu était clair : avec une victoire, Montréal confirmait sa place en éliminatoires. Avec une défaite, son chien était mort.

Orlando avait ouvert la marque à la 55^e minute. Montréal croyait avoir créé l'égalité cinq minutes plus tard, mais un hors-jeu contesté avait été appelé pour annuler l'effort de Romell Quioto. Pour Camacho, cette décision avait « fait un peu basculer le match dans les émotions ». Lui-même avait ensuite écopé d'un carton rouge à la 79^e minute.

L'occasion sera donc parfaite pour les hommes de Wilfried Nancy de rendre au OCSC la monnaie de sa pièce lorsque les deux clubs se retrouveront sous les projecteurs du Stade Saputo le week-end prochain. Les onze titulaires du rendez-vous raté de l'an dernier sont toujours avec l'équipe. Six d'entre eux devraient être de la formation partante pour le deuxième acte.

« Non, y a pas de revanche, prétend toutefois Camacho. C'est juste un match qui reste en tête. C'était un peu un scénario catastrophique l'année dernière. Là on sera à domicile, en position de force. On va essayer d'imposer notre jeu comme on le fait depuis le début de l'année. »

Le rapport de force entre les Lions et l'Impact a complètement changé au cours des douze derniers mois. Après un début de saison difficile, le Bleu et Noir s'est établi comme l'une des équipes à battre en MLS tandis que sa prochaine proie est entrée de peine et de misère en séries. Montréal a terminé la saison avec 17 points de plus qu'Orlando au classement et abordera son prochain test avec une confiance proportionnelle à cet écart.

« Ça n'a pas vraiment d'importance qui on affronte, a clamé Lassi Lappalainen mardi. Je crois que ça sera bien de ne pas revoir Miami parce que c'est toujours compliqué de rejouer la même équipe deux fois de suite, alors Orlando fera l'affaire. Leur équipe est pas mal, mais je crois que dans chacun de nos matchs, on doit être considérés comme les favoris. »

Quant à l'animosité qui pourrait subsister entre les deux rivaux, c'est une théorie pour laquelle le Finlandais n'a pas d'énergie à dépenser.   

« Ça fait longtemps, tout ça. C'est évident que ça nous a affectés de se faire bloquer l'entrée en séries, mais il n'en reste rien. On va prendre le terrain, on va se battre et on va gagner, c'est certain. Ce qui s'est passé l'an dernier, ça ne compte plus. »

Pas de possibilité de rédemption

Le CF Montréal a affronté Orlando deux fois en saison régulière.

La première confrontation a eu lieu à l'ouverture du calendrier, quatre jours après la qualification des Montréalais pour les quarts de finale de la Ligue des champions. Avec une formation rapiécée comptant sur Matko Miljevic, Zorhan Bassong, Gabriele Corbo et un jeune Ismaël Koné parmi ses titulaires, le CFM s'était incliné par le pointage de 2-0.

En mai, à Saputo, l'issue du duel avait été plus représentative de la place qu'allaient éventuellement s'approprier les deux équipes dans la hiérarchie de la ligue : Montréal 4, Orlando 1.  

Pour maximiser leurs chances de reproduire le plus récent résultat, les Montréalais devront, croit Rudy Camacho, garder le même état d'esprit qui leur a permis d'atteindre leur statut actuel et éviter de s'en mettre trop sur les épaules.

« Faut que ça soit pareil. Qu'on profite à l'entraînement, qu'on travaille de la même façon et surtout qu'on soit froids dans nos têtes. C'est un match de playoffs, mais ça reste un match. Faut qu'on l'aborde comme on l'a pris pendant la saison régulière parce qu'on a pris chaque match comme un match de playoffs. Ça sera exactement la même chose, avec un enjeu au bout. Une petite pression supplémentaire, mais une bonne pression. »

Rappelons que depuis 2019, la MLS a supprimé les séries aller-retour de son tournoi d'après-saison. Le parcours à obstacles menant à l'obtention de la Coupe MLS est désormais composé de quatre matchs à élimination simple. Un favori avec une mauvaise soirée dans les jambes risque donc l'éviction sans possibilité de rédemption.

« Je viens d'Europe, donc je ne suis pas un fan des séries, a laissé tomber Camacho avec un sourire en coin. Et encore moins des matchs éliminatoires comme ça. À la limite, deux matchs aller-retour, c'est souvent la meilleure équipe qui passe. Sur un seul match, on peut passer à travers et c'est toute la saison qui s'envole. Je ne suis pas fan, mais c'est comme ça, c'est la MLS. On va faire avec et essayer de gagner tous nos matchs. »