Passer au contenu principal

Le CF Montréal, un club à deux visages

Lassi Lappalainen Lassi Lappalainen - PC
Publié
Mise à jour

COLLABORATION SPÉCIALE

Le CF Montréal a deux visages en ce moment. Comme le personnage de bandes dessinées Double-Face. Je plaisante, bien sûr, mais c'est pour démontrer à quel point on voit deux équipes par moment.

D'un côté, il y a une équipe alerte, agressive et assidue. C'est celle-là qu'on a vue ces dernières semaines, alors qu'elle a signé six victoires consécutives, très bien joué à domicile avec quatre victoires en cinq matchs de MLS, et inscrit 10 buts contre un seul encaissé. L'attaque était productive et la défense était impeccable.

Sur la route cette semaine, elle a affiché son autre visage. Hésitante, imprécise et désynchronisée, comme en début de saison. C'est ce club qui avait une fiche de 1-5 après six matchs et qui avait alloué 16 buts, tout en n'en marquant que trois.
 
Des erreurs de concentration et de décision
 
Les erreurs du début de saison ont refait surface. On croirait être de retour  au mois de mars. Voici quelques exemples tirés de la défaite de 3-0 encaissée sur la pelouse du FC Cincinnati mercredi.

-    Plusieurs passes étaient mal dosées, ou encore elles ne trouvaient tout simplement pas preneur et se retrouvaient dans les pieds d'un opposant. 

-    On cherchait à alimenter l'attaquant Chinonso Offor dans l'axe, mais il était sur le côté. 

-    On jouait rapidement une touche sans toutefois lire l'information, si bien qu'un un instant, on a perdu possession du ballon…

Voilà quelques cadeaux dont Cincinnati a bien su profiter.

George Campbell m'apparaît par ailleurs plus l'aise sur le côté d'une défense à trois. Il aime porter le ballon, mais il ne prend pas la meilleure décision quand vient le temps de foncer ou encore jouer simplement. Dans l'axe, il ne semble pas encore habitué ou en mesure de prendre les décisions pour être aux commandes. 

On a assisté à un ajustement de poste pour Rudy Camacho. J'ai apprécié ses récentes performances comme milieu de terrain. L'exercice était utile pour surprendre un adversaire comme Toronto et accentuer les qualités de passes du numéro 4, mais on réalise ses limites sous pression à 360 degrés dans un poste qui n'est pas le sien.  Son calme et ses choix de passes à partir de la défense ont manqué à l'équipe dans la construction du jeu. 

Étonnamment, le jeu plus direct qui consiste à sauter des lignes et être plus vertical n'était pas là mercredi soir chez le CF Montréal. On a voulu temporiser au lieu de jouer à son tempo habituel énergique. Le club s'est fait avoir par le pressing de Cincinnati. 

La prise de décision a aussi laissé à désirer en défense. Le CFM, qui nous a habitués à une agressivité, était hésitant dans la première mi-temps, ce qui a notamment mené au deuxième but de Cincinnati. Les deux défenseurs ont été aspirés par le même joueur, Luciano Acosta, qui s'est tout de même faufilé pour aller marquer. 
 
Connaitre ses forces 
 
Les meilleures occasions offensives des Montréalais sont venues de centres d'Ariel Lassiter. La force du CFM, c'est le jeu dans les couloirs. Le duo formé de Bryce Duke et d'Aaron Herrera ressort comme évidence, mais Mathieu Choinière à Lassiter ont aussi du mérite. Le Costaricain est surprenant par son adaptation au poste de piston gauche, sa capacité à monter et descendre, et la multitude de centres tendus et dangereux qu'il génère. 
 

Il faut connaitre ses forces et les exploiter jusqu'à ce que l'adversaire en fasse son plan de match pour t'arrêter. Le CF Montréal a marqué environ 70 % de ses buts à l'issue de centres ou de jeux dans les couloirs menant à la zone payante. En voici quelques exemples :

Contre Philadelphie : les buts marqués par Offor de Romell Quioto sont le résultat de centres.

Contre les Red Bulls : un but contre son camp à la suite d'un centre de Herrera.

Contre Toronto : Offor a capitalisé sur un ballon dévié qui provenait d'un centre.

Bref, on peut compter 7 ou 8 buts où la passe initiale provient des côtés et de Lassiter et Herrera plus régulièrement. De plus, Offor a un profil d'attaquant de surface. Le numéro 9 montréalais n'est pas un finisseur classique, mais sa présence dans la surface dérange et attire les défenseurs. 
 
Eden Hazard à Montréal?
 
Certaines rumeurs évoquent un intérêt du CF Montréal pour le porte-couleur du Real Madrid Eden Hazard selon des journaux européens. Serait-il agréable de compter sur les services du meilleur joueur de la première ligue anglaise en 2017? Oh que oui! Jouer en numéro 10 et faire comme les Gil, Acosta et compagnie à la baguette de l'animation offensive serait excitant. 

Mais soyons raisonnables. Nous sommes les premiers à décrier le salaire d'un certain Lorenzo Insigne avec le Toronto FC. Hazard commande le salaire le plus élevé au Real Madrid. L'international belge n'est pas en faveur au Real Madrid. Il a très peu joué ces dernières saisons. Une situation qui ressemble à un certain Gareth Bale. L'ancien numéro 10 des diables rouges se dit prêt à compléter son contrat.
 
Le retour à l'action vient vite pour le CF Montréal. Les hommes d'Hernan Losada doivent rapidement évacuer les sensations du passé et revenir aux forces des dernières semaines. Le club affronte samedi soir les Red Bulls de New York, qui ont un regain de vie depuis le départ de l'entraîneur-chef Gerhard Struber. 

Le CFM devra se méfier de cette équipe qui affectionne le pressing haut. C'est sans compter que les New-Yorkais ont sans doute en mémoire le récent revers de 2-0 encaissé au Stade Saputo le 22 avril dernier. Il importe que le CFM affiche son meilleur visage dans une enceinte, le Red Bull Arena, qui n'a pas toujours été tendre envers lui.