ROME (AFP) - Le plus grand procès de l'histoire du soccer italien a repris lundi à Rome devant la justice sportive mais les avocats des clubs, des arbitres et des dirigeants mis en cause pour des matches truqués ont déposé en vain des recours, retardant l'entrée dans le vif du sujet.

Les magistrats ont annoncé lundi en début de soirée avoir rejeté tous les recours à l'exception de l'un d'entre eux concernant un responsable mineur de la FIGC qui ne sera finalement pas jugé dans ce procès.

Le président du tribunal disciplinaire, Cesare Ruperto, 81 ans, a ensuite ajourné les débats à mardi.

Après le "faux départ" jeudi d'une première audience qui avait duré moins d'une heure avant d'être renvoyée, les débats ont repris lundi dans une salle du Stadio Olimpico transformée en prétoire.

Le procès disciplinaire met en cause quatre équipes - Juventus Turin, AC Milan, Lazio Rome, Fiorentina - et vingt-six personnes, dont des arbitres, des dirigeants ou responsables de clubs et des membres de la Fédération italienne de football (FIGC), toutes impliquées à divers degrés dans un vaste système de "conditionnement" des rencontres lors de la saison 2004-2005.

Le nouveau patron de la FIGC, Guido Rossi, a promis une justice-éclair avec des sentences définitives avant le 20 juillet, mais les magistrats ont dû se retirer plusieurs heures lundi pour évaluer les recours d'avocats particulièrement tenaces.

Ecoutes

Ainsi, les défenseurs des hommes en noir ont demandé que leurs clients, accusés soient jugés par l'Association italienne des arbitres (AIA) et non par le tribunal sportif de la Fédération (CAF).

Puis c'est l'usage massif des écoutes téléphoniques, principale source de preuve dans l'enquête, qui a été remis en cause.

Celles-ci, ordonnées par la justice ordinaire et transmises aux enquêteurs des instances sportives, se sont parfois révélées accablantes pour les accusés, notamment pour l'ex-directeur général de la Juventus Turin Luciano Moggi, pris la "main dans le sac" en train de désigner les arbitres de son choix pour certaines rencontres auprès de responsables de la FIGC.

Trois avocats sont intervenus pour la seule Lazio Rome, l'un d'eux contestant les conditions dans lesquelles Guido Rossi a été nommé à la tête de la FIGC après la démission de Franco Carraro, l'une des vingt-six personnes risquant une longue suspension à l'issue des débats.¸

Quant à Luciano Moggi, considéré comme le "grand ordonnateur" des matches arrangés, son avocat a estimé que son départ de la Juventus et du monde du soccer équivalait déjà à une "radiation", rendant son jugement inutile et illégitime.

Relégation

Le retard pris depuis jeudi éloigne un peu plus la perspective d'un premier jugement en fin de semaine, d'autant que des auditions sont prévues pour tous les accusés.

La tenue d'un procès rapide doit permettre de "réécrire" le classement du Championnat 2005-2006 (remporté par la Juventus devant l'AC Milan), afin d'éviter une situation de blocage et la non-inscription d'équipes italiennes dans les coupes européennes la saison prochaine.

Les quatre équipes pointées du doigt risquent toutes une relégation 2e division, voire en 3e division pour la Juventus Turin, club le plus prestigieux d'Italie soupçonné d'avoir été le principal bénéficiaire des matches arrangés.
Les premières sanctions sont attendues au plus tard le 9 juillet, jour de la finale de la Coupe du monde dans laquelle l'Italie doit disputer une demi-finale mardi face à l'Allemagne.

Treize des vingt-trois joueurs sélectionnés dans la Squadra Azzurra évoluent dans l'un des clubs mis en cause. Aucun d'entre eux n'a été déféré dans ce procès disciplinaire.