GENÈVE - L'UEFA a distribué mardi ses premiers cartons jaunes au titre du fair-play financier à 23 clubs qui présentaient fin juin d'importants retards de paiement, dont l'Atletico Madrid, le vainqueur de l'Europa League et de la Supercoupe d'Europe.

L'instance dirigeante du football européen, qui a fait de la lutte contre les déficits abyssaux son cheval de bataille, a décidé de retenir les primes des compétitions européennes de la saison de ces clubs, tant que leur situation financière ne se serait pas normalisée.

L'Instance de contrôle financier, chargée par l'UEFA de passer en revue les comptes des clubs à la fin du deuxième trimestre, « a identifié l'existence de 23 cas d'importants retards de paiement à l'égard d'autres clubs et/ou d'employés et/ou d'autorités fiscales et sociales », selon un communiqué.

En conséquence, ces clubs « ont vu le paiement de leurs primes temporairement retenu dans l'attente de futures investigations », précise l'UEFA, ajoutant qu'ils devront faire part de la situation de leurs arriérés de paiement à la fin du troisième trimestre.

« Cette mesure conservatoire restera en vigueur jusqu'à ce que tous les passifs identifiés aient été entièrement réglés ou jusqu'à ce qu'une décision finale soit prise par la chambre de jugement de l'instance de contrôle financier des clubs », avance l'UEFA.

Si la plupart des clubs visés sont d'Europe de l'est, comme le Rubin Kazan, figurent aussi sur la liste le Sporting Lisbonne ou Malaga.

Qualifié pour la première fois pour la Ligue des champions, le club andalou a aussitôt affirmé avoir déjà commencé à « normaliser sa situation financière » et être « en négociations avec le Trésor public ». L'Atletico Madrid a insisté pour sa part sur le fait qu'il s'agissait seulement « d'une mesure préventive » en espérant une « décision finale favorable ».

Cité dans un communiqué, Jean-Luc Dehaene, qui préside la cellule d'investigation de cette instance de contrôle financier des clubs, s'est dit « très inquiet de la situation actuelle ». « J'ai l'impression que certains clubs ont besoin de faire leurs devoirs », a estimé l'ancien Premier ministre belge, invité à l'assemblée générale de l'Association européenne des clubs (ECA) mardi à Genève.

Lui-même ardent partisan du fair-play financier, le président de l'ECA Karl-Heinz Rummenigge a rappelé que l'UEFA n'en était qu'à la phase douce d'introduction de ce dispositif qui ne deviendra vraiment contraignant qu'en 2014, avec surtout l'obligation faite aux clubs de ne pas dépenser plus que leur revenus.
« La grande, grande majorité des clubs sont en ligne avec le fair-play financier », a estimé le patron du Bayern Munich. Avant de louer comme bon élève l'AC Milan, qui a réduit ses dépenses, et de tacler sans le nommer le Paris Saint-Germain.

« Il est facile aujourd'hui de dépenser de l'argent parce que les supporteurs aiment cela, les médias aiment cela, mais je crois qu'il est plus difficile de tourner le dos à des millions et de ne pas faire comme un club français par exemple », a avancé l'ancien joueur allemand.

Selon lui, des clubs cherchent à tirer profit de ce délai d'implémentation: « Certains se disent peut-être: J'essaie d'avoir du succès ces deux années et on verra ce qu'il adviendra du fair-play financier ».