PARIS - Zlatan Ibrahimovic est une star au PSG tout en démesure, entre son physique hors-norme (1,95 m, 95 kg), son salaire annuel (estimé à 14 M EUR net) et son rendement (12 buts en 13 matches); mais samedi contre Saint-Etienne (1-2), c'est le côté obscur de sa force qui l'a emporté.

On joue la 70e minute. Lancé dans la profondeur, à la lutte avec le défenseur central Bayal Sall pour un ballon aérien, l'attaquant suédois déploie le pied droit vers l'avant, à l'horizontale, et percute violemment le buste du gardien stéphanois sorti à sa rencontre.

Un geste de kung-fu! Justement, Ibra a pratiqué à haut niveau les arts martiaux en Suède, une passion que lui a transmise son père en visionnant de nombreuses vidéos. Et qui lui a aussi permis d'effectuer des gestes de toute beauté, comme récemment son but contre la France à l'Euro-2012 ou son premier but contre l'OM en championnat (2-2 le 7 octobre), ou cette passe insensée d'une aile de pigeon acrobatique (Lazio-Inter fin 2008).

Mais le coup porté à Stéphane Ruffier, sa violence, pose des questions sur l'état d'esprit qu'avait le joueur ce samedi.

Certes, le PSG a pris la défense de sa star. « L'expulsion n'est pas logique, a estimé son entraîneur Carlo Ancelotti. Il ne méritait pas l'expulsion parce qu'il regardait le ballon et pas le gardien ».

« Ce n'est pas possible de prendre un rouge comme ça, renchérissait le gardien Salvatore Sirigu. Il y a faute mais pas rouge ».

Il était tout de même difficile pour l'arbitre, Laurent Duhamel, de ne pas exclure le joueur vu la dangerosité du coup, relevant de la « faute grossière » pointée par la Fifa pour justifier un carton rouge.

L'exclusion venait d'une certaine manière couronner un match très moyen de « Zlatan ». Il a de nouveau décroché, revenant parfois très bas, pour orienter le jeu. Sa technique lui permettait lors des précédents matches de conserver le ballon dans une forêt de joueurs et de trouver des coéquipiers sur les ailes ou de développer des combinaisons axiales.

Irrité

Cette fois, ce fut un festival de balles perdues, de mauvais choix, de passes mal ajustées. A ce déchet technique s'est ajouté un manque patent de mouvement. Souvent statique, Ibra faisait défaut en pointe, où le seul Jérémy Ménez tentait de proposer des solutions.

Le Suédois de 31 ans était manifestement dans un mauvais jour, qui aurait pu s'éclairer si deux actions avaient abouti: son duel perdu avec Ruffier en début de match, puis sa remise de la tête pour Guillaume Hoarau qui ratait son retourné.

Sans doute irrité par sa propre impuissance, Ibra a aussi fragilisé son équipe. Marri, il a sans cesse fait des reproches à ses partenaires, d'un éclat de voix, d'un geste d'énervement, d'un regard noir.

Et entre ses décrochages dans l'entrejeu et ses reproches, il a contribué à éteindre Javier Pastore, qui, transparent, a semblé totalement inhibé, lui qui s'était montré si agressif et volontaire mercredi contre Marseille en Coupe de la Ligue (2-0).

Le PSG paie-t-il là l'importance démesurée accordée à un seul joueur, fût-il de loin le plus talentueux? Un joueur qui prend la décision de concert avec l'entraîneur de ne pas jouer mercredi en Coupe de la Ligue, comme l'a reconnu Ancelotti... Une forme de privilège, dû à son standing.

« On sait que c'est le meilleur buteur du championnat (10 buts), c'est un joueur essentiel », a souligné Blaise Matuidi, sorti blessé. Tout en relativisant: « Après, on a montré mercredi qu'on pouvait aussi jouer sans lui. On a un effectif justement construit pour pallier ce genre d'absence ».

Difficile de se priver du Zlatan solaire. Mais compliqué de faire avec un Zlatan mal luné.