Les enquêteurs colombiens, épaulés par des experts internationaux, cherchaient mercredi à déterminer les causes du crash qui a décimé le petit club brésilien de Chapecoense, en route pour sa première finale de la Copa Sudamericana, alors que les hommages se multipliaient.

L'hypothèse du manque de carburant se renforçait pour expliquer cet accident aérien qui a fait 71 morts lundi soir.

« Les causes (du crash) s'orientent, possiblement, vers un problème de carburant », a déclaré à des journalistes Alfredo Bocanegra, directeur de l'Aviation civile.

Au moment de l'impact, l'appareil de la compagnie bolivienne Lamia, un British Aerospace 146, transportait 77 personnes, dont six ont miraculeusement survécu.

« L'avion devait se réapprovisionner (en carburant) à Bogota" mais a poursuivi sa route jusqu'à Medellin, a déclaré Gustavo Vargas, un représentant de la compagnie au quotidien bolivien Pagina Siete. "Nous devons comprendre pourquoi (le pilote) a pris la décision de se rendre directement à Medellin », a expliqué Vargas.

Selon des médias brésiliens, l'autonomie de cet appareil, mis en service en 1999, serait légèrement inférieure à la distance entre Santa Cruz, en Bolivie, et Medellin. Les médias colombiens, qui citent des enquêteurs, affirment de leur côté que l'avion attendait qu'un autre appareil se pose pour pouvoir atterrir à son tour.

Une source militaire colombienne avait auparavant déclaré à l'AFP qu'il était « très suspect que malgré la chute de l'appareil, celui-ci n'ait pas explosé. Cela renforce la théorie du manque de carburant à bord de l'appareil ».

Les enquêteurs de l'Aviation civile colombienne, chargés des investigations avec l'aide d'experts brésiliens et britanniques, pourront s'appuyer sur les preuves techniques, les documents et les constatations faites sur les lieux du sinistre, où la carlingue, en grande partie désintégrée, était encore visible.


État « encourageant »


Un des joueurs survivants, le gardien Jackson Follmann, amputé de la jambe droite, se trouvait mercredi dans un état « encourageant », a annoncé l'Hôpital San Vicente où il est soigné.

Partie du Brésil, l'équipe de Chapecoense qui vivait un véritable conte de fées sportif, avait dû faire escale en Bolivie à Santa Cruz pour des raisons de législation, avant de reprendre un vol pour la Colombie.

Cette modeste formation, issue d'une ville d'environ 200.000 habitants dans le sud du Brésil, avait réussi une performance exceptionnelle en atteignant la finale de la Copa Sudamericana, l'équivalent de l'Europa League, au cours de laquelle elle devait affronter le grand Atletico Nacional de Colombie.

« Je n'ai plus aucun espoir », a dit à l'AFP Nelsiro Miranda, un supporter dans cette cité brésilienne plongée dans le deuil et le silence. « On n'entend plus de musique, on n'entend plus rien », a ajouté Aline Fonseca, jeune femme de 21 ans croisée aux abords du stade.

Des rubans noirs avaient été accrochés aux bâtiments de Chapeco où une cérémonie d'hommage étaient prévue dans le stade mercredi soir à 21H45 locales (19H45 GMT).

Le Brésil a décrété mardi un deuil national de trois jours.

L'accident est survenu quelques minutes avant l'atterrissage à l'aéroport José Maria Cordova de Rionegro, qui dessert Medellin, à un moment où les conditions météorologiques étaient mauvaises, avec de fortes pluies, dans une zone d'accès très difficile, à 3.300 m d'altitude.


Hommage à Medellin aussi


Les deux boîtes noires de cet avion ont été retrouvées en « parfait état », selon l'Aviation civile.

« En ouvrant les boîtes noires, il n'y aura pas de perte de temps, elles devraient tout nous dire », a déclaré le ministre colombien des Transports, Jorge Eduardo Rojas.

Au cours d'un appel d'urgence à 03H00 GMT dans la nuit de lundi à mardi, le pilote avait fait état de « pannes électriques » à bord.

« Les permis de l'équipage étaient en ordre, tout était en ordre », a souligné Cesar Varela, le chef de l'Aviation civile bolivienne.

Le club de l'Atletico Nacional s'apprêtait également mercredi à rendre un hommage aux victimes - parmi lesquelles figurent aussi une vingtaine de journalistes sportifs - dans son stade à l'heure prévue de la rencontre, soit 18H45 (23H45 GMT). Ses fans étaient invités à s'y rendre vêtus de blanc et avec des bougies.

La formation a demandé à la Conmebol, la Confédération sud-américaine, que la Copa sudamericana soit attribuée à Chapecoense.

Au Brésil, plusieurs grands clubs, dont Palmeiras, Fluminense et Botafogo, ont annoncé qu'ils prêteraient gratuitement certains de leurs joueurs au Chapecoense pour la saison 2017.