Voilà un match important pour Michel Platini : le Tribunal arbitral du sport décidera d'ici vendredi de lever ou non sa suspension provisoire, dans l'affaire du fameux paiement controversé de 1,8 M EUR.

Le TAS entendra les avocats des deux parties (Platini et FIFA) mardi après-midi et tranchera d'ici « vendredi au plus tard », selon un communiqué publié lundi par cette juridiction sportive suprême et indépendante, basée à Lausanne.

La justice interne de la FIFA a infligé le 8 octobre à Platini une suspension provisoire de 90 jours de toute activité liée au soccer en raison de ce fameux paiement controversé de 1,8 M EUR reçu en 2011 de la part de Blatter, président démissionnaire de la FIFA également suspendu pour un travail de conseiller achevé en 2002.

Cette sanction, qui court jusqu'au 5 janvier, prive le Français de ses fonctions de président de l'UEFA et gèle aussi sa candidature à la présidence de la FIFA, pour laquelle le scrutin est toujours programmé le 26 février. Platini avait d'abord fait appel devant la FIFA, qui l'avait débouté, avant de saisir le TAS le 20 novembre.

Une levée de cette suspension n'enlèverait pas l'épée de Damoclès au-dessus de la tête de l'ancien meneur des Bleus. La chambre de jugement de la commission d'éthique de la FIFA doit toujours rendre son verdict sur le fond avant Noël, après l'avoir entendu entre le 16 et le 18 décembre. Et les juges instructeurs de la FIFA ont requis contre lui la radiation à vie du monde du soccer.

Platini au tirage au sort samedi?

En fin de semaine, le camp Platini a pu enfin savourer une petite éclaircie. Selon le Journal du Dimanche, une note interne de l'UEFA datant de novembre 1998 montre que plusieurs personnes au sommet du foot mondial étaient au courant de l'existence d'un contrat pour rémunérer Platini sur la base annuelle de 1 M de francs suisses pour un travail à la FIFA.

« Ce document est la preuve écrite d'un contrat oral », s'est félicité auprès de l'AFP Me Thibaud d'Alès, avocat de Platini. Cela suffira-t-il à blanchir l'ex-triple Ballon d'or et lui permettre de se présenter à la présidence de la FIFA?

L'ancien secrétaire général de l'UEFA Gerhard Aigner a mis en doute lundi l'existence de ce document : « Pourquoi l'UEFA aurait-elle voulu s'intéresser à ses affaires privées? Je ne peux pas imaginer qu'il ait jamais existé un tel document ».

Une levée de sa suspension par le TAS lui permettrait en tout cas, sans préjuger de la décision finale de la justice interne de la FIFA, de reprendre ses habits de patron de l'UEFA et de présider le tirage au sort de l'Euro 2016, samedi soir à Paris.

Ce serait alors une image forte en symboles pour celui qui souleva le trophée de l'Euro 1984 dans cette ville à la tête de l'équipe de France, et qui fut réélu président de l'UEFA par acclamation dans la capitale française en 2011.

Le cas Platini n'est pas le seul dossier sur les étagères d'une FIFA en crise perpétuelle, sur fond de corruption à grande échelle.

Blatter et ISL, histoire sans fin

Blatter, également suspendu 90 jours jusqu'au 5 janvier, sera lui aussi entendu par la chambre de jugement de la FIFA entre les 16 et 18 décembre. Celui qui était président depuis 1998 est également sous le coup de l'équivalent d'une mise en examen par la justice suisse, qui lui reproche le fameux paiement de 1,8 M EUR à Platini et d'avoir cédé des droits TV sur des compétitions de foot à des prix très en dessous du marché.

Et les vieilles affaires remontent à la surface. Le FBI examine des documents qui prouveraient que le Suisse avait connaissance des pratiques de corruption au sein de la FIFA dans le cadre du scandale ISL dans les années 1990, selon une enquête de la BBC diffusée dimanche.

ISL est une société de marketing sportif soupçonnée d'avoir versé 92 M EUR de pots-de-vin pour obtenir des droits de diffusion de plusieurs compétitions dans les années 1990. L'affaire avait été classée sans suite par la justice suisse.

Et Blatter avait déjà dévoilé sa ligne de défense sur le site de la FIFA en 2012 : « Au courant de quoi? Que des commissions ont été payées? À l'époque, il était même possible de déduire de tels paiements des impôts au titre de charges d'exploitation. Je ne peux en somme pas avoir été au courant d'un délit qui n'en était pas un à l'époque ».