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RÉSULTATS

Canada-Croatie : « Nous méritons le respect »

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DOHA, Qatar – Le sélectionneur croate Zlatko Dalic n'a pas apprécié les récents commentaires de son homologue canadien John Herdman, qu'il interprète comme un manque de respect envers son équipe.  

Après la défaite du Canada aux mains de la Belgique mercredi, Herdman a rassemblé ses hommes au centre du terrain pour leur livrer un discours enflammé. Lorsqu'il a été questionné sur le contenu de son message devant les caméras des diffuseurs, l'entraîneur a confié qu'il avait prédit qu'ils allaient « F*** » la Croatie.

Ses propos ont enflammé les réseaux sociaux et froissé la fibre patriotique des Croates. Sur la Une d'un tabloïd du pays, un photomontage montrant le corps d'un homme nu coiffé de la tête de Herdman était accompagné du titre « Nous savons que vous avez la bouche, mais avez-vous aussi les couilles? ».

Samedi, le Toronto Sun a répliqué en titrant « Les nôtres sont plus grosses » à côté de la photo de deux ballons sur lesquels repose une feuille d'érable.

« L'équipe croate mérite le respect de tout le monde, a déclaré Dalic samedi. Nous l'avons prouvé par notre façon de jouer et notre façon de nous comporter dans ce tournoi. Nous respectons tout le monde et nous nous attendons à la même chose de nos adversaires. Les mots qu'il a utilisés ne sont pas un signe de respect. Nous sommes les finalistes en titre, nous sommes les deuxièmes au monde [sic] et nous sommes dignes de ce respect. »

« Nous serons préparés, nous serons en forme et nous allons démontrer du respect pour le Canada », a conclu Dalic.

« Je seconde ce que le coach a dit, a enchaîné le milieu de terrain Ivan Perisic. J'ai très hâte au début de ce match. »

Herdman a paru amusé par la quantité de questions auxquelles il a dû répondre à ce sujet lors de sa dernière apparition publique avant le match contre la Croatie. S'il souhaitait contrôler le message et attirer sur lui une partie de l'attention qui aurait normalement été réservée à ses joueurs à l'approche d'un match qu'il a lui-même comparé à une situation de « vie ou de mort », ses propos ont touché la cible en plein dans le mille.  

« Ma femme aimerait connaître vos sources, a-t-il répondu à un journaliste croate qui s'est identifié comme un employé du journal qui a enflé la controverse. Elle aimerait bien que je ressemble à ce gars-là. J'ai un peu plus de ventre, j'ai trop mangé dernièrement. »

Herdman avait préalablement affirmé que son équipe était dans un « trou noir médiatique » depuis le 14 novembre et qu'il était plus ou moins au courant de ce qui se disait à l'extérieur de la bulle canadienne.

« Notre équipe attend ce moment depuis 36 ans. Elle n'a pas besoin de ce genre de chose pour se motiver, a-t-il prétexté. Nous avons présenté à nos joueurs des pionniers canadiens qui peuvent les inspirer avec leurs propres histoires. Personnellement, j'ai utilisé toutes mes tactiques de motivation dans les 20 matchs de CONCACAF qu'on a traversés pour se rendre ici. »

Les joueurs canadiens ont fait écho aux propos de leur entraîneur. Les guerres de manchettes peuvent être amusantes, mais leur motivation est intrinsèque.

« Même s'il y avait eu silence radio, ça reste un énorme match pour nous, a dit Alistair Johnston aux médias présents à l'entraînement de vendredi. Si vous ne prenez pas de point dans votre premier match, vous avez besoin d'un résultat dans votre deuxième. Alors on a déjà le dos au mur. »

« De la pression, il y en aura tout le temps, a corroboré Stephen Eustaquio. John gère ça de main de maître, honnêtement. On se concentre sur notre stratégie comme on l'avait fait contre la Belgique. Les journaux et tout ça, ce n'est pas ce qui va motiver Modric, Brazevic et Kovacic. Ils sont déjà les meilleurs au monde. »

Derrière le sensationnalisme

Ça ne fera peut-être pas les grands titres, mais derrière le sensationnalisme choisi par certains médias sont dissimulés des indices de la grande estime qu'a John Herdman pour le football croate.

Le confrère Matthew Scianitti de TSN lui a demandé samedi de parler des années que son fils Jay, aujourd'hui membre de l'Académie des Whitecaps de Vancouver, a passées dans la structure du Dinamo Zagreb et de ce qu'elles lui avaient permis d'apprendre sur la culture sportive de ce pays des Balkans.

Loin des déclarations incendiaires visant à protéger ses joueurs du regard insistant des critiques, on y a senti une réelle admiration beaucoup plus qu'un manque de considération.

« Je me souviens du premier entraînement auquel j'ai assisté. J'étais émerveillé par la cohésion tactique démontrée par ces enfants de 12 ans. On était à un autre niveau de ce que j'avais connu même en enseignant dans les académies d'Angleterre. Je n'avais jamais rien vu de tel », a raconté Herdman.

« Pendant deux ans, j'ai passé mes vacances à voyager en Croatie, à regarder mon fils comprendre qu'il existait un niveau de football qui nous amenait complètement ailleurs. J'ai vu la faim, le désir... à chaque entraînement, les gars s'arrachaient leurs maillots de sur le dos. Je ne savais pas que ce sport pouvait être si physique. C'était toute une expérience. »

Herdman affirme être resté en contact avec certaines personnes rencontrées à cette époque, des personnes qui l'ont aidé à « forger des éléments de [sa] philosophie footballistique ».