Chapeau le Panama!
Coupe du Monde Feminine de la FIFA vendredi, 4 mai 2018. 09:36 samedi, 14 déc. 2024. 17:53Le 11 octobre dernier a été décrété jour de fête nationale au Panama. C’était le lendemain de la première qualification de son équipe de futbol à la Coupe du monde. Il y a eu des parades dans les rues, les écoles ont été fermées, le monde du travail a fait une pause. Après 10 tentatives consécutives depuis 1978, le Panama devenait la 13e nation différente de la CONCACAF à se qualifier pour la Coupe du monde de la FIFA.
Tout avait bien commencé avec une victoire contre le Honduras au premier match le 11 novembre... 2016. Et quatre jours plus tard, le Panama arrachait un point crucial au Mexique en le gardant à distance 0 à 0. Ce point, au bout de deux ans de qualifications, allait faire toute la différence. Au dernier match, contre un Costa Rica déjà assuré de sa participation, Roman Torres a marqué à la 88e minute, donnant la victoire et la qualification à son pays. Le Panama terminait ainsi un point devant les États-Unis, et passait devant le Honduras à la différence de buts.
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Hernan Dario Gomez
Ce succès a été dû en grande partie à Hernan Dario Gomez, arrivé à la tête de la sélection à la mi-février 2014. Les débuts furent difficiles à cause de l’inexpérience des joueurs et de la mauvaise condition des installations sportives. Motivé par le défi, il s’est présenté avec une vision et une expérience en Coupe du monde qui ont rassuré et inspiré les joueurs. N’avait-il pas amené la Colombie en Coupe du monde en 1998 et l’Équateur en 2002? Peu d’entraîneurs ont réussi l’exploit de mener trois sélections nationales à la compétition ultime. Le Français Henri Michel, décédé la semaine dernière, a qualifié le Cameroun, équipe coup de cœur de 1994, le Maroc pour 1998 et la Tunisie en 2002. Il y a aussi Guus Hiddink qui a fait trois Coupes du monde avec des sélections différentes, soit Pays-Bas en 1998, Corée du Sud (qualifiée d’office) en 2002 et l’Australie en 2006. Mais ça s’arrête là. Gomez fait partie d’un club très sélect.
Des joueurs de la MLS
Celui que l’on surnomme « El Bolillo », parce que quelqu’un avait dit qu’il ressemblait à un bolillo (un type de bobine de fil au Panama) après s’être fait couper les cheveux très courts, compte plusieurs joueurs de la MLS dans son équipe. Entre autres, Roman Torres qui avait marqué le but vainqueur dans la séance de tirs de barrage qui donnait la Coupe MLS aux Sounders de Seattle devant le Toronto FC en 2016. Il a l’art de marquer au moment opportun. Cependant, il est maintenant source de préoccupation pour l’équipe et pour Gomez. Une légère déchirure à l’ischio-jambier force Torres à l’inaction pour quelques semaines, mais on espère qu’il sera remis à temps pour la Coupe du monde. Ce serait une lourde perte pour l’équipe si elle en était privée.
Torres n’est pas le seul champion de la MLS dans l’équipe. Jaime Penedo, aujourd’hui gardien avec le Dinamo Bucarest, était avec le Galaxy de Los Angeles, vainqueur en 2014. Il a plus de 130 sélections avec l’équipe nationale et a réussi quatre blanchissages en qualification. Michael Murillo, des Red Bulls de New York connaît une grosse saison avec la Ligue des champions CONCACAF, la saison régulière et la Coupe du monde par la suite. On peut aussi penser à Anibal Godoy (San Jose), Cristian Martinez (Columbus, prêté au Riverhounds de Pittsburgh), Harold Cummings (San Jose), Adolfo Machado (Houston), sans oublier ceux qui sont passés par la MLS mais qui font maintenant carrière ailleurs, tels Blas Perez (Dallas, Vancouver), Armando Cooper (Toronto) et Tony Taylor (Nouvelle-Angleterre, New York).
Dure réalité
L’euphorie de la qualification est vite retombée à l’issue de deux matchs amicaux disputés en mars dernier. Il y a d’abord eu une défaite de 1-0 devant le Danemark à Copenhague, où l’équipe locale s’est montrée supérieure dans tous les aspects du jeu dans un match que le Panama a terminé à 10, suite à l’expulsion de Blas Perez sur un jeu dangereux sur le gardien Kasper Schmeichel. Ce n’était qu’un prélude à une défaite beaucoup plus sévère subie contre la Suisse quelques jours plus tard. Alors qu’elle ne comptait pas sur tous ses titulaires, la Nati a donné une correction de 6 à 0 au Panama qui a glissé de deux positions au classement de la FIFA suite à ces résultats. Un retour à la maison catastrophique avec un vol annulé, un problème technique en vol et un itinéraire allongé n’aura certes pas mis de baume au cœur des joueurs! Dans la presse, on se demandait déjà quelle figure les Canaleros feraient en Russie.
Le coup de semonce est sérieux. Si Gomez a voulu que son équipe dispute ces matchs en Europe, c’était pour rencontrer le genre de formations qu’elle aura à affronter en Coupe du monde. Le 5-4-1 qu’il affectionne a pris l’eau et les problèmes à résoudre sont nombreux. Deux autres matchs de préparation restent à jouer, contre l’Irlande du Nord le 29 mai, et la Norvège le 6 juin. Ils seront importants pour cette génération talentueuse qui s’est développée sous sa direction et qui devra s’y rebâtir une confiance.
Dans le groupe G avec la Belgique, l’Angleterre et la Tunisie, le Panama peut espérer aller chercher quelques points, mais gagnera surtout en expérience. Une belle réussite tout de même pour ce pays de 4 millions d’habitants qui a gagné sa qualification devant un autre qui en compte 320 millions.