SANTOS, Brésil - Il y a vingt ans, Betinho regardait un match sur la plage brésilienne quand un garçon de six ans a attiré son attention. Le petit Neymar n'était pas sur le terrain, mais il grimpait les tribunes de haut en bas à toute vitesse.

L'entraîneur de footballeurs en herbe n'avait jamais vu un gamin de son âge courir comme ça.

Betinho ne savait pas qu'il venait de découvrir celui qui deviendrait plus tard la star de tout un pays et le joueur plus cher de l'histoire du football. 

Sur une plage de Santos, près de Sao Paulo, Neymar Junior, accompagné de sa mère, était venu assister à un tournoi de football amateur auquel participait son père, fraîchement retraité d'une modeste carrière professionnelle.

« Je me suis dit: son père joue bien et sa mère est grande. S'il devient élancé comme elle et joue bien comme son père, ça va fonctionner », explique l'entraîneur de 60 ans à l'AFP.

Avec Neymar, Betinho n'en était pas à son coup d'essai. Huit ans plus tôt, il avait déjà repéré un certain Robinho, autre attaquant ayant brillé au Santos FC, le club du Roi Pelé, avant de jouer au Real Madrid et au Milan AC.

« Pendant toute ma carrière, j'ai essayé de dénicher un joueur qui rappelle ne serait-ce que l'ombre de Pelé et j'en ai trouvé deux », rappelle-t-il avec fierté.

Dribbleur invétéré

Sa réputation de découvreur de talents le précédant, Betinho a obtenu l'accord de la famille de Neymar pour que « Juninho », diminutif affectueux de Junior, comme il était appelé par ses proches, rejoigne son équipe de Futsal.

Ensemble, ils ont écumé les petits clubs de la région avant que son protégé n'intègre le centre de formation du Santos FC, à l'âge de 11 ans.

Mais le club avait eu vent des exploits de ce gamin maigrichon aux oreilles décollées et aux dribles chaloupés bien avant.

« Au Santos FC, ils savaient déjà qui était Neymar et l'observaient de près, comme un futur grand joueur », raconte à l'AFP Pedro Lopes, qui a joué à ses côtés en 2002, au club de futsal de Gremetal, quand il avait tout juste neuf ans.

« Dans la plupart de nos actions, on lui passait la balle et on attendait qu'il dribble la moitié de l'équipe adverse », se souvient-il en souriant.

Leur amitié s'est poursuivie jusqu'au collège. Pedro raconte que Neymar était bon élève, mais que son destin était déjà tout tracé. 

« Il a un talent inné, qui s'est perfectionné avec le temps. Surtout pour ce qui est du jeu collectif, parce qu'il a toujours été un peu individualiste, à vouloir recevoir tout le temps le ballon pour dribbler », affirme Alcides Magri, son entraîneur au Gremetal.

Sous ses ordres, Neymar a remporté le premier trophée de sa carrière. Pour le fêter, le jeune garçon arborait déjà un bandeau « 100% Jesus » offert par sa mère, de confession évangélique, qu'il ressort encore pour célébrer ses plus grands titres, comme la Ligue des Champions avec le FC Barcelone, en 2015.

Joie de vivre

Malgré son statut de star planétaire, l'argent et les polémiques qui vont avec, ceux qui l'ont côtoyé depuis sa plus tendre enfance assurent qu'il a gardé la même joie de vivre.   

« Il a une énergie incroyable, et voit toujours la vie du bon côté. Quand je me sens mal, j'essaie de me rapprocher de lui parce qu'il transmet toujours des ondes positives », affirme Pedro.

Avec sa casquette à l'envers, ses cheveux teints en blond, ses tatouages et les milliers de personnes qui le suivent sur Instagram, il est un digne représentant des « Tois », membres du cercle des amis intimes de Neymar.

En avril, il est même venu lui rendre visite à dans la villa luxueuse de Magaratiba, près de Rio de Janeiro, où la star du Paris SG a passé pratiquement toute sa convalescence après sa blessure à un pied.

« Quand il s'est blessé, il a trouvé du réconfort auprès de ses proches pour reprendre confiance et récupérer le plus vite possible », raconte Pedro, qui a publié sur Instagram une photo de lui avec « Ney » en béquilles et botte orthopédique, montrant un maillot blanc de Gremetal, le club de leur enfance.

Mais son ex-entraîneur Alcides Magri aimerait que Neymar se déplace à son tour pour faire honneur à son rôle de modèle pour les jeunes de la région de Santos, zone littorale où se trouve le plus grand port du Brésil. 

« Il est temps qu'il revienne ici pour rendre visite aux enfants. Sa présence est très importante, il ne peut pas oublier ses origines », réclame-t-il.