C’était un premier match aux objectifs multiples, mais si tous n’ont pas été atteints, l’essentiel a été fait avec la victoire à trois points. Il aura cependant fallu attendre les arrêts de jeu de la première mi-temps pour que le Canada s'inscrive enfin au score. Nervosité du premier match? Urgence d'engranger rapidement des buts? Cette rencontre qui devait être d'office la plus « facile » des trois matchs de groupe devenait subitement plus complexe. Les Camerounaises répondaient bien au défi et Onguene, joueuse explosive au petit gabarit menaçant a certes donné la frousse plus d’une fois à l’entraîneur du Canada Kenneth Heiner-Moller.

 

Il avait placé sur le terrain ses joueuses les plus percutantes à chacun des postes. On savait que le jeu allait tourner autour des services à Christine Sinclair mais il faut bien avouer qu’elle n’a pas eu grand-chose à se mettre sous la dent. Trop de longues relances perdues, de ballons mal donnés, de passes facilement interceptées. Les Canadiennes dominaient la possession de ballon mais pas toujours avec une touche de qualité. Autre problème : sur 16 tirs au but, seuls quatre ont été cadrés. Il faudra qu’elles soient plus percutantes contre la Nouvelle-Zélande et les Pays-Bas.

 

Élue joueuse de match, Kadeisha Buchanan, unique buteuse de la rencontre, a donné la victoire à son équipe sur une tête piquée suite à l’ultime corner de la première mi-temps. Un but qui a enlevé un poids énorme des épaules canadiennes et qui leur a permis de rentrer au vestiaire un peu moins crispées à la pause. « C’est toujours difficile de jouer contre une équipe qui a une assise aussi basse », expliquait Heiner-Moller après le match. Le Cameroun présentait effectivement une énigme. Avec seulement trois matchs joués en 2019 sous la nouvelle direction d’Alain Djeumfa, pas grand monde les avait vu jouer. Tout restait donc à découvrir sur le terrain.  On s’attendait à de la contre-attaque et il y en a eu. La défense canadienne a cependant bien réagi et poussé à dix matchs consécutifs le nombre de matchs où elle n’a pas concédé de but. Motif de satisfaction pour Heiner-Moller.

 

Le Canada n’a pas disputé le match auquel on s’attendait. « Nous étions nerveuses » a souligné Buchanan en fin de match. Ça se sentait sur le terrain et ce crescendo aurait pu être fatal n’eut été du but de Buchanan. Mais il y a tout de même du positif. Les trois points assurés sont précieux et pavent la voie  pour le reste des matchs de groupe. L’équipe ne peut aller qu’en s’améliorant et les leçons tirées de ce matchs serviront certainement dans les deux prochaines rencontres.

 

Heiner-Moller n’a effectué qu’un seul changement dans le match,  soit l’entrée de Deanne Rose à la 70e minute de jeu. Son arrivée a amené de l’animation sur son aile et un peu de dynamisme dans les courses. On sentait la fatigue dans les vingt dernières minutes et nombre de joueuses avaient le pas lourd. Pourquoi ne pas avoir donné un peu de temps à des jeunes comme Gabrielle Carle ou Jordyn Huitema par exemple, qui ne demandent qu’à briller, ou encore une Adriana Leon plus expérimentée?

 

Les filles étaient heureuses à la fin du match et peut-être un peu soulagées. Elles pourront aborder la rencontre de samedi contre la Nouvelle-Zélande avec la confiance que leur donnent les trois points acquis aujourd’hui. Mais faudra se méfier des kiwis, entraînées par Tom Sermani qui connait bien l’équipe canadienne, lui qui était du personnel d’entraîneurs lors de la dernière Coupe du monde. Mais un match à la fois, comme dirait l’autre. Le Canada l’a emporté aujourd’hui et c’est comme ça que se bâtissent les grands succès. Une pierre après l’autre...