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RÉSULTATS

Alphonso Davies a expérimenté le meilleur et le pire à la Coupe du monde

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UMM SALAL, Qatar – En jouant au Bayern Munich, Alphonso Davies était bien entouré pour faire le plein de conseils avant de partir pour le Qatar. Thomas Müller, Benjamin Pavard, Sadio Mané, Joshua Kimmich, Lucas Hernandez et Manuel Neuer sont autant de coéquipiers vers qui il a pu se tourner dans sa préparation pour son grand baptême à la Coupe du monde.

On lui a confirmé que ce tournoi était un monstre comme il n'avait encore jamais vu, mais qu'il avait ce qu'il fallait pour le dompter.

« On m'a dit de sauter sur le terrain et de faire ce que je suis habitué de faire. De jouer comme j'en suis capable et ne rien changer. De ne pas me laisser affecter par l'ampleur de l'événement », a résumé Davies.

Aux deux tiers de l'aventure, la jeune vedette de l'équipe canadienne estime avoir été digne de ces sages paroles.

Davies a expérimenté le meilleur et le pire de ce que le sport peut vous faire vivre à cette Coupe du monde, la première à laquelle participait son pays après une disette de 36 ans. Il a raté l'occasion d'inscrire un but historique quand son penalty a été arrêté par le gardien Thibaut Courtois dans les dix premières minutes du match inaugural de son équipe contre la Belgique. Il s'est toutefois repris quatre jours plus tard avec une spectaculaire tête qui a pendant un moment nourri l'espoir du Canada de battre la Croatie.

L'athlète de 22 ans est revenu sur ses bons et ses moins bons coups du Mondial mardi, deux jours avant un match sans signification au classement contre le Maroc.

À propos du penalty, pour lequel sa prise d'initiative a été remise question autant que la qualité de son tir, Davies a dit avoir transporté lui-même le ballon au point de penalty parce qu'il avait confiance en ses chances de le convertir.

« Je crois en moi et mes coéquipiers croient en moi aussi, alors j'ai répondu présent en sachant que mes chances étaient de 50-50, a-t-il expliqué, brossant un portrait un peu simpliste de l'opération. Je devais choisir un côté. Ensuite soit le gardien part dans la même direction, soit le ballon trouve le fond du but. »

Davies a opté pour une frappe du pied gauche à la droite de Courtois, qui s'est étiré pour faire l'arrêt sans trop de difficulté.

« Je ne me suis pas laissé ébranler, j'ai gardé la tête haute et j'ai continué à jouer, a continué à narrer Davies. Oui, j'ai rejoué la séquence dans ma tête ce soir-là, mais pas trop. Je savais que je ne pouvais pas m'apitoyer sur mon sort. Je me suis concentré sur le prochain match en me promettant de ne rien changer à mon style. »

C'est pourtant en apportant un nouvel élément à son jeu que Davies a pu changer l'histoire de son tournoi. Selon les données compilées par Transfermarkt, l'ancien des Whitecaps de Vancouver n'avait jamais marqué un but de la tête depuis le début sa carrière professionnelle, pas plus en club qu'en sélection.

Quand l'occasion d'une vie s'est présentée à lui, un calcul rapide l'a mené à la conclusion qu'il s'agissait de sa meilleure option.

« J'ai vu Tajon [Buchanan] lever la tête une couple de fois et j'ai su que je devais foncer dans la surface pour lui donner une option. Quand j'ai vu le ballon dans les airs, j'ai essayé de synchroniser ma course. Quand j'ai réussi à me placer devant le défenseur, j'ai tout de suite pensé que j'allais devoir rabattre le ballon au sol. Je ne marque généralement pas de la tête, mais celui-là, c'était un gros but pour moi. »

« En me dirigeant vers le coin du terrain, j'ai vu tous mes coéquipiers courir vers moi pour célébrer. C'était tout un feeling. On attendait ce moment depuis longtemps. Les gars me poussaient, me brassaient, ils n'ont presque arraché mon chandail. Liam Millar m'a même donné un coup de tête. C'était magnifique de vivre ça tous ensemble. »

Un match pour la fierté

Le Canada est peut-être éliminé, mais il a encore la chance de quitter Doha sur une bonne note. Pour une équipe qui avait l'intention d'établir des records et d'abattre des barrières, la liste des items à cocher est encore longue.

« Le simple fait d'être à la Coupe du monde, c'est toute la motivation dont on a besoin, a dit Davies. Chaque fois qu'on saute sur le terrain, c'est pour se battre et en ressortir gagnants. On sait qu'on ne peut plus passer au tour suivant, mais on veut jouer un match dont on pourrait être fiers. Le Maroc a encore espoir d'avancer et on ne lui rendra pas la vie facile. On va aborder ce match comme si c'était notre premier du tournoi. »

« On veut ressortir de là avec quelque chose. »

Une rare apparition

La prise de parole de Davies mardi était sa première devant les journalistes non-détenteurs des droits de diffusion depuis le début du tournoi. Préalablement, il s'était contenté d'un passage dans les studios de TSN et deux autres entrevues rapides à la conclusion de chaque match. Jamais il ne s'était arrêté pour répondre aux questions dans la zone réservée à cet effet à sa sortie du stade. Canada Soccer n'avait pas non plus jugé bon de le mettre à la disposition des reporters affectés à la couverture de l'équipe.

Pour avoir ainsi trié ses interlocuteurs sur le volet, Davies a livré des explications peu convaincantes.

« Le but était un événement positif pour moi, mais je voulais que la discussion reste centrée sur le jeu de l'équipe. J'étais heureux d'avoir marqué, mais au final on avait perdu le match et c'est tout ce que j'avais en tête. Je voulais laisser la tension redescendre un peu avant de parler du but et de mon jeu. J'étais dévasté par nos résultats. »