LOS ANGELES - Huit ans après sa première Coupe du monde en tant que sélectionneur, Jürgen Klinsmann aborde le Mondial 2014 avec les États-Unis en patron incontesté et apprécié, un confort que l'Allemagne lui a refusé à deux reprises.

Depuis juillet 2011, Klinsmann, 49 ans, a les pleins pouvoirs pour transformer les États-Unis en poids lourd du soccer.

Sous sa direction, après une première année inquiétante, la sélection américaine a remporté en 2013 la Gold Cup, la compétition continentale de la Concacaf, et a dominé ses éliminatoires pour la Coupe du monde au Brésil.

Elle s'est offert aussi les scalps de deux nations de référence, l'Italie (1-0) en février 2012 et l'Allemagne (4-3) en juin 2013.

Klinsmann, dont le contrat a déjà été prolongé jusqu'en 2018, va d'ailleurs retrouver la Nationalmannschaft au Brésil dans le très relevé groupe G qui comprend aussi le Portugal et le Ghana.

Par bravade ou par conviction, Klinsi assure que son équipe peut atteindre les 8es de finale, ce qui lui permettrait de régler quelques comptes avec le soccer allemand. Car dans sa carrière de joueur comme dans sa carrière d'entraîneur, Klinsmann n'a jamais fait l'unanimité dans son propre pays, loin s'en faut.

Le fils de boulanger de Stuttgart a souvent dérangé ses coéquipiers et dirigeants, les supporteurs et la presse avec son physique de jeune premier et ce mélange d'individualisme et d'arrogance.

Jay Göppingen

Dans sa carrière commencée chez les Kickers de Stuttgart en 1981 et conclu en 1998, l'attaquant a connu huit clubs (VfB Stuttgart, Inter Milan, AS Monaco, Tottenham, Bayern Munich, Sampdoria Gênes) dans quatre Championnats différents.

Il a collectionné un titre de champion d'Allemagne (1997), deux victoires en Coupe de l'UEFA (1991 avec l'Inter Milan, 1996 avec le Bayern Munich), un trophée de meilleur joueur d'Angleterre (1995) et aussi quelques solides inimitiés.

C'est surtout en équipe d'Allemagne (108 sélections, 48 buts) que l'attaquant a connu ses plus belles heures en remportant le Mondial-1990 et l'Euro-1996, le dernier titre majeur remporté par la Nationalmannschaft.

Une fois sa carrière terminée, le polyglotte Klinsmann s'établit aux États-Unis, le pays de son épouse, Debbie, une ancienne mannequin.

La famille Klinsmann emménage à Huntington Beach sur la côte californienne : Jürgen dispute encore quelques matchs sous un nom d'emprunt, Jay Göppingen, étudie à l'université le management sportif, s'intéresse aux fonctionnements du sport professionnel américain.

Après le désastre de l'Euro 2004, son ancien coéquipier Rudi Völler quitte son poste de sélectionneur et laisse l'Allemagne dans un gouffre à deux ans de « sa » Coupe du monde.

Après avoir essuyé bien des refus, la Fédération allemande se tourne vers Klinsmann à la surprise générale, puisqu'il n'a aucune expérience d'entraîneur.

Colère de la presse populaire

Il se voit comme un chef de projet et choisit comme adjoint Joachim Löw. Le duo déchaîne la colère de la presse populaire d'autant que Klinsmann partage son temps entre les États-Unis et l'Allemagne, fait venir des préparateurs physiques américains et introduit des nouvelles méthodes d'entraînement.

Mais l'Allemagne, avec la jeune génération lancée par Klinsmann atteint les demi-finales du Mondial 2006.

De son propre aveu « carbonisé » par deux années rudes, Klinsmann refuse de prolonger et repart vivre aux États-Unis.

Deux ans plus tard, le Bayern Munich, club où il n'a pas laissé que de bons souvenirs, vient le chercher à son tour.

Klinsmann veut révolutionner l'institution bavaroise avec ses méthodes américaines, mais c'est un échec cuisant et onéreux qui prend fin après neuf mois.

Proche du président de la Fédération américaine, il finit par accepter le poste de sélectionneur, mais cette fois en puisant dans son passé allemand pour combler les déficits techniques et tactiques de Team USA.

Il n'a pas hésité à laisser à la maison l'icône Landon Donovan, meilleur buteur de l'histoire (57), une décision controversée qui pourrait se retourner contre lui.

Son mentor Berti Vogts et Andreas Herzog, ancien international autrichien, l'ont rejoint et Klinsmann a recruté des joueurs formés en Allemagne et parents américains comme Jermaine Jones et le prodige Julien Green.

Son propre fils, gardien de but de 17 ans, a déjà représenté les États-Unis en équipe de jeunes.

Le retour du fils prodigue en Allemagne n'est pas pour demain.

Fiche des États-Unis :

Palmarès

Coupe du monde : 3e en 1930, 10e participation

Coupe des confédérations : 2e en 2009, 3e en 1992 et 1999

Jeux olympiques : 4e en 2000

Coupe de la Concacaf (Gold Cup) : vainqueur en 1991, 2002, 2005, 2007 et 2013, 2e en 1989, 1993, 1998, 2009 et 2011

Copa America : 4e en 1995

Classement FIFA : 14e (au 8 mai 2014)

Sélectionneur : Jürgen Klinsmann (ALL) depuis juillet 2011

Principaux clubs : Galaxy de Los Angeles, D.C. United, Red Bulls de New York

Joueurs vedettes : Tim Howard, Jozy Altidore, Clint Dempsey

Parcours en qualification : 1er de la zone Concacaf (Amérique du Nord, central et Caraïbes)

Équipe-type : Howard - Besler, Evans, Beasley, Diskerud - Dempsey, Cameron, Bedoya, Jones - Altidore, Johannsson