RIO DE JANEIRO - La Coupe du monde a pris pour la quatrième fois la direction de l'Allemagne victorieuse de l'Argentine (1-0), grâce à un éclair de Götze durant la prolongation en finale dimanche à Rio, déclenchant une vague d'enthousiasme dans tout le pays.

Mario Gotze et Thomas MullerCe but providentiel apporte une quatrième étoile à l'Allemagne, déjà sacrée en 1954, 1974 et 1990. Et il prive Lionel Messi, quatre fois Ballon d'or, du titre suprême, au terme d'une performance sans grand relief, achevée par un coup franc dans les nuages au bout de la prolongation.

Le cours du match s'est joué au-delà des 90 minutes car les deux équipes étaient à égalité (0-0) à l'issue du temps réglementaire.

Epilogue serré et tendu d'un Mondial plein de joie et de couleurs, le match s'est joué sur "un coup de dés"... Un débordement de Schürrle côté gauche, une ouverture dans la surface de réparation pour Götze, entré en jeu à la 88e minute. Contrôle de la poitrine et reprise du pied gauche, après 113 minutes de jeu. A sept minutes du terme de la prolongation, Götze, l'une des déceptions du Mondial côté allemand tenait sa revanche, offrant le titre à son pays.

Clin d'oeil de la nuit... Ce but est le 171e inscrit en 64 matches disputés au Brésil depuis le 12 juin, ce qui égale le record établi en 1998.

« C'est incroyable ce que nous avons réalisé, a affirmé le capitaine allemand, Philipp Lahm. Nous nous sommes améliorés tout au long du tournoi et n'avons jamais laissé tomber, même quand les choses n'allaient pas comme nous le voulions. Nous sommes restés fidèles à notre plan et à la fin, nous sommes devenus les champions du monde. »

Jusque-là, les deux équipes s'étaient créé un nombre équivalent d'occasions, même si les Argentins Higuain (20e) et son remplaçant Palacio (97e), s'étaient retrouvés seuls face au gardien allemand Neuer... Mais aucun des deux n'est parvenu à cadrer sa tentative.

L'Allemagne n'avait pas mérité de titre majeur depuis l'Euro de 1996. Les Allemands ont perdu la finale du Mondial de 2002 contre le Brésil, pour ensuite être écartés en demi-finales en 2006 et 2010.

« C'est fabuleux, a dit le gardien vainqueur Manuel Neuer, qui a mérité le Gant d'or. Nous avons acquis cette victoire d'une façon magnifique. Il faudra bien arrêter de célébrer à un moment donné, mais nous allons quand même nous réveiller avec le sourire. »

Les Argentins étaient à la recherche d'une troisième consécration à la Coupe du monde, après celles de 1978 et 1986.

« C'était notre chance... nous y croyions vraiment, a dit le mileu de terrain Javier Mascherano, des Argentins. Nous n'avons pas réussi. C'est une grande douleur que nous devons accepter, tout en gardant la tête haute. Nous voulions remporter la Coupe pour l'Argentine. »

Crescendo émotionnel

Impressionnante face au Brésil et à sa défense élastique (7-1) en demi-finales, l'Allemagne n'est jamais parvenue à trouver les mêmes espaces dans les rangs argentins. Peut-être en raison de l'absence du milieu de terrain Sam Khedira, contraint de laisser sa place juste avant le coup d'envoi en raison d'une blessure à un mollet. Son remplaçant, Kramer a lui quitté le terrain en milieu de première période, victime d'un choc.

Ce crescendo émotionnel a été suivi avec angoisse dans les deux pays, et notamment dans les deux capitales.

A Berlin, ils étaient 250.000, habillés aux couleurs nationales noir-rouge-or. Devant la Porte de Brandebourg, au coeur de la ville, des dizaines de milliers de personnes ont été refoulés, faute de place suffisante pour les accueillir. Les premiers étaient arrivés tôt dans l'après-midi. Mais de nombreux autres écrans étaient disponibles dans la capitale pour suivre le match, notamment aux terrasses des restaurants.

Et partout, ils ont sauté de joie et hurlé lorsque le but de la victoire a été inscrit. Le Christ rédempteur à Rio a été éclairé aux couleurs de l'Allemagne au coup de sifflet final.

A Buenos Aires, les supporters de l'Albiceleste, vêtus du célèbre maillot rayé bleu et blanc, se sont retrouvés place San Martin, dans la fraîcheur de l'hiver austral. Pleins d'espoirs, jusqu'au but de Götze...

Dans quatre ans en Russie

La rencontre a été disputée devant 74 738 personnes au Stade Maracana.

Dans l'assistance se trouvaient notamment la top-modèle Gisele Bundchen et son mari Tom Brady, le quart des Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

Avant le match, Bundchen a procédé au dévoilement du trophée en compagnie de Carles Puyol, qui a brillé pour les Espagnols quand ceux-ci ont gagné le Mondial en 2010.

Le président de la FIFA, Sepp Blatter, a assisté au match aux côtés de la chancelière allemande Angela Merkel et du président russe Vladimir Poutine.

C'est en Russie que sera présenté le prochain Mondial, dans quatre ans.

300 manifestants dispersés

Dans les tribunes, non loin de la légende Pelé, arborant un Polo aux couleurs d'une compagnie aérienne, il y avait une grande fan de la Mannschaft, Angela Merkel. La chancelière allemande s'est installée la première en tribune d'honneur pour ne rien manquer de la cérémonie de clôture, plus d'une heure et demi avant le coup d'envoi. Elle a été rejointe par Joseph Blatter, président de la Fifa, et par le président russe Vladimir Poutine. Et elle a exulté à la fin.

La présidente brésilienne Dilma Rousseff, elle, avait remis symboliquement l'organisation de la Coupe du monde à Vladimir Poutine, dont le pays sera l'hôte du tournoi en 2018.

Mats Hummels et Andre SchuerrleL'autre "match" s'est joué dans les rues autour du Maracana, où la police de Rio a dispersé avec des gaz lacrymogènes quelque 300 manifestants opposés à la Coupe du monde qui tentaient de forcer un cordon de sécurité pour s'approcher du stade, juste avant le coup d'envoi de la finale.

Les manifestants protestaient contre les sommes investies dans l'organisation du tournoi au détriment de l'amélioration des services publics (éducation et santé), au lendemain de l'arrestation de 19 activistes accusés de vandalisme lors de précédentes manifestations

Pour faire face aux manifestants et d'éventuels débordements, les grands moyens avaient été déployés à Rio: 25.787 hommes mobilisés dont 14.984 policiers militaires, 9.300 soldats, 800 policiers d'élite et 1.600 agents privés de la Fifa à l'intérieur du Maracana.

Un dispositif plus important que celui mis en place pour la visite du pape François en juillet 2013 pour les Journées mondiales de la jeunesse catholique (JMJ) à Rio.

La fête à Berlin...

L'Allemagne est tombée dans l'allégresse quand Mario Goetze a marqué en temps supplémentaire en finale de la Coupe du monde, dimanche, ce qui a mené la Mannschaft vers un triomphe de 1-0 aux dépens de l'Argentine.

Rassemblée sur environ deux km près de la célèbre porte de Brandebourg, une foule d'un quart de million de personnes a pu exprimer sa joie sur la frappe décisive à la volée, à la 113e minute.

La fête ne faisait alors que commencer à Berlin. Les cris et les klaxons résonnaient haut et fort bien avant que le capitaine Philip Lahm soulève le trophée, au Stade Maracana de Rio de Janeiro.

Le geste emblématique a donné le coup d'envoi des feux d'artifice à la porte de Brandebourg, où les supporters ont commencé à affluer six heures avant le match. Trois heures avant le sifflet initial, la police a déclaré le site complet en termes de capacité.

« Ils ont rendu ça excitant, a mentionné Leon Tober de Fuerstenwalde, à l'est de Berlin. L'attente a été longue (le pays n'avait pas remporté le Mondial depuis 1990). C'est fabuleux pour la nouvelle génération. »

La porte de Brandebourg accueillera d'autres réjouissances mardi, quand la brigade de Joachim Loew va montrer le trophée des vainqueurs à ses partisans.

« Nous rêvions d'être champions du monde et cela est devenu réalité », a dit le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier.

... au Canada aussi!

Plusieurs centaines de Canadiens ont bravé soit une chaleur suffocante, soit de fortes averses afin d'assister à la victoire de l'Allemagne contre l'Argentine lors de la finale de la Coupe du monde de soccer, dimanche après-midi

Des adeptes du sport le plus populaire au monde se sont réunis dans des lieux publics de plusieurs régions du pays pour encourager leur équipe favorite.

Ils ont été témoins de la victoire de l'Allemagne contre l'Argentine, 1-0, pour le quatrième titre de son histoire.

Des supporters allemands

À Montréal, plusieurs centaines d'amateurs ont fait fi d'un ciel nuageux pour participer à une fête en plein air au Parc Jean-Drapeau, qui est aussi le site du Grand Prix de Formule-1.

La pluie a commencé à tomber sur la foule enthousiaste, massée devant deux écrans géants, avant de se transformer en fortes averses au moment où le match tirait à sa fin. Les spectateurs ont manifesté leur joie lorsque l'Allemagne a été déclarée championne, avant de quitter graduellement les lieux. Certains sont néanmoins demeurés sur place pour savourer la victoire.

Jonathan Lohe Chung, qui appuyait l'Argentine, ne croyait pas qu'il faudrait attendre si longtemps pour voir une équipe faire bouger les cordages.

« Je m'attendais à voir deux ou trois buts dans le match, mais les deux formations ont adopté un style conservateur. Mais ce fut un grand match, peu importe le résultat. »

À Toronto, des centaines d'amateurs en sueur se sont rassemblés près du Centre des congrès de Metro Toronto et ont assisté nerveusement à la rencontre lors de laquelle aucune des deux formations n'est parvenue à trouver le fond du filet en temps réglementaire.

Bien que plusieurs personnes arboraient le chandail rayé de l'Argentine, les supporters de l'Allemagne semblaient plus nombreux, et beaucoup plus bruyants.

Plusieurs scandaient « Germany! » et « Deutschland! » chaque fois que l'un ou l'autre des deux gardiens effectuait un arrêt.

« Si vous êtes Allemand, vous criez à chaque occasion », a expliqué Nicole Hauvisen, qui vit à Toronto depuis cinq ans.

Alors que les partisans de l'Allemagne - dont plusieurs avaient le visage peint ou circulaient torse nu - se sont mis à danser une fois la rencontre terminée, les supporters de l'Argentine ont quitté les lieux en silence, certains refusant même d'être interviewés.

L'un d'eux, Rhys Wakeham, estimait que le match était terminé immédiatement après le but de l'Allemagne, survenu avec un peu plus de sept minutes à jouer.

« Il n'y a aucun espoir. Je me suis dit que c'était fini lorsque les Allemands ont marqué... La défensive de l'Allemagne était tout simplement trop forte. »