Allemagne - Argentine. Ça nous a donné deux finales, pas si lointaines. La première, pas mal allumée, à Mexico (86) d’abord dominée par l’Argentine, avec ensuite un retour impressionnant de l’Allemagne (RFA) à 2-2 et un dernier coup de reins de Maradona et Burruchaga pour l’emporter à cinq minutes de la fin (3-2). On a eu tout de suite après, celle plutôt pénible de Rome. Le penalty de Brehme à cinq minutes de la fin, les expulsions de Monzon et Dezotti et le souvenir d’un match franchement fade…

Coupe du monde 2014 : Allemagne

Encore plus près de nous, deux quarts de finale consécutifs, en 2006 et 2010. Un peu plus d’actualité dans la mesure où de nombreux joueurs qui seront au Maracana dimanche ont disputé l’un des deux, voir les deux. Il y a donc une certaine familiarité dans l’air, sans parler d’un petit contentieux. On pourrait aussi parler de volonté de revanche de la part des Argentins après la dure défaite d’il y a quatre ans (4-0), mais n’exagérons pas: la perspective d’un triomphe en Coupe du monde est toute la motivation nécessaire, pas besoin d’en chercher plus…

Cette finale met aux prises deux des équipes présentées parmi les quatre principaux favoris en début de tournoi. Et elle est parfaitement logique. On y retrouve surtout les deux équipes qui auront su le mieux évoluer tout au long d’une compétition difficile, éprouvante. Aucune des deux ne ressemble à celle qui a entamé la compétition, ni dans leur forme ni dans leur tête. Elles ont beaucoup appris sur elles-mêmes durant ce voyage.

Défense améliorée

Cette finale devrait tourner autour de quelques propositions assez simples. D’abord, la tenue défensive de l’Argentine. C’était l’une des inquiétudes d’avant-tournoi autour de cette sélection. En six matches, elle a donné l’impression d’avoir sinon résolu au moins sérieusement limité les problèmes. En particulier lors des trois dernières rencontres (Suisse 1-0, Belgique 1-0, Pays-Bas 0-0). Le retour de Demichelis en défense centrale lui donne plus d’assurance et le repositionnement de la paire Mascherano - Biglia juste devant lui offre plus de sécurité et un air plus rationnel. Si Di Maria et Agüero ne sont pas là au départ (ce qui est fort probable), on devrait aussi retrouver Perez qui devrait permettre de densifier ce milieu de terrain. Cela réduit un peu son potentiel offensif, mais cette équipe possède tellement de qualités devant que ce n’est pas un si mauvais échange.

Schweinsteiger - Messi

Coupe du monde 2014 : Argentine

Un autre point majeur sera forcément la tenue allemande sur Messi. Il y a quatre ans, Schweinsteiger avait effectué un travail monumental en bridant le génie argentin. Le système allemand ne permet pas vraiment d’installer un « triangle » autour de lui et « Schweini » devrait être régulièrement dans sa zone, avec Khedira et Kroos plus agressifs sur les milieux argentins pour couper le service. Si Messi dérive sur la droite, comme face aux Pays-Bas, il appartiendra à Höwedes d’offrir une solution. Lui, c’est un peu une énigme. Plutôt défenseur central, il monte beaucoup moins que Lahm, mais maîtrise mieux son marquage sur l’adversaire. Il est certain aussi que Messi est bien plus à l’aise qu’il y a quatre ans dans ce rôle de meneur de jeu, ce fut l’un des thèmes récurrents de la campagne de qualification de l’Argentine.

L’autre question pour l’Allemagne sera de bien fixer Higuain. Hummels et Boateng n’ont pas toujours été très à l’aise devant Benzema lors du quart de finale, et voici un autre attaquant qui offre sensiblement les mêmes propositions, très mobile et toujours à la recherche du meilleur espace (vers le but, mais aussi pour faciliter la dernière passe vers lui).

Le rôle de Müller

Côté attaque l’Allemagne n’a pas à rougir. Müller est utilisé un peu plus sur la droite, mais revient souvent vers Klose pour créer un point de fixation devant la défense, l’espace à droite pouvant être très vite pris par Lahm. À gauche. Özil possède une plus grande latitude, combinant généralement avec Kroos. En demi-finale, l’Argentine a clairement choisi de limiter les montées des latéraux, Zabaleta et Rojo pour ne pas ouvrir d’espaces autour des centraux pour Robben et Van Persie, ce qui a extrêmement bien fonctionné. On peut envisager un scénario de ce type…

Il semble que l’Allemagne soit généralement donnée légèrement favorite. Ce n’est pas étonnant, elle a montré - surtout sur son quart et sa demie - une remarquable « maîtrise de l’événement ». En face, cependant, elle retrouve maintenant un adversaire qui a su montrer une flexibilité tactique impressionnante, a su se réinventer deux ou trois fois durant le tournoi et sait parfaitement faire le dos rond lorsque la pression augmente, pour mieux se libérer ensuite... Évidemment, il a aussi la forte possibilité que cette finale tourne autour d’un moment-clé, d’un geste. Messi d’un coté et Neuer de l’autre sont de bons candidats pour être ces joueurs décisifs.

Bonne finale à toutes et tous!