Notre drame quotidien...
Coupe du monde de la FIFA 2022™ lundi, 25 juin 2018. 19:43 mercredi, 11 déc. 2024. 07:40Après la débâcle argentine, la résurrection allemande ou encore l’implosion polonaise, Russie 2018 s’est mise en tête de nous offrir notre dose, jour après jour, de moments chocs, de renversements, de situations dramatiques. Merci, Russie 2018.
Nous sommes à la quatre-vingt-dixième minute des rencontres finales du Groupe B. À Kaliningrad, le Maroc crée une gigantesque surprise et mène 2-1 devant l’Espagne. Éliminés après deux rencontres, les Marocains veulent sortir fiers et forts de ce Mondial, montrer qu’ils avaient largement leur place plus loin, plus tard. Il ont entamé avec hargne, parfois à la limite, dans un match d’entrée engagé où les Espagnols ne se retiennent pas non plus: Piqué, dès la huitième minute aurait pu être exclu pour un tacle dangereux les deux pieds en avant; il prend le ballon au passage et cela suffit comme circonstance atténuante aux yeux de Monsieur Irmatov.
C’est toujours cette Espagne résolument tournée vers l’attaque, mais depuis une dizaine de jours, elle semble avoir oublié quelques bases défensives. Et lorsque Ramos et Iniesta se gênent sur un tout simple ballon de relance, Khalid Boutaïb surgit et file aligner David De Gea après moins d’un quart d’heure.
C’est déjà un choc, mais la soirée ne fait que commencer. On ne le sait pas encore, d’autant qu’Isco égalise presque aussitôt, ponctuant un somptueux mouvement orchestré par Iniesta.
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L’Espagne presse toujours. Et surtout, elle parvient à créer des ouvertures, toujours sur le même flanc gauche, où Iniesta, Isco, Jordi Alba combinent incessamment. La défense marocaine tient bon, parfois tant bien que mal, mais arrive souvent à compenser lorsqu’elle est prise de vitesse. Elle sort parfois en contres et Piqué manque être déculotté en oubliant Boutaïb sur une longue touche, laissant l’attaquant à nouveau face à De Gea, qui remporte cette fois le duel. Comme lors des deux matches précédents, les Espagnols combinent, tournent, placent des attaques, mais rien n’y fait jusqu’à la mi-temps.
Le début de deuxième est bien attaqué par le Maroc. Piqué, encore et toujours, est heureux que sa main, tout juste à l’extérieur de la surface, n’ait pas été vue par M.Irmatov, que l’on a connu plus affûté. Et vient un autre moment somptueux: sur une mauvaise relance espagnole, le ballon parvient à Nordin Amrabat à 25 mètres à droite de l’attaque marocaine. Sa frappe est pure, très légèrement de l’extérieur du pied, impriment au ballon un long effet rentrant vers le but… avant de percuter l’angle poteau-transversale de De Gea coté opposé et revenir en jeu. On pense que le sort a choisi son camp, mais Romain Saïss y trouve à redire en sortant du but un coup de tête de Isco parfaitement ajusté. Le match baisse alors en intensité. L’Espagne peine à retrouver son rythme de pression, le Maroc tient bien et commence à sortir dans le dernier quart d’heure. On cherche des solutions sur le banc et c’est le nouveau venu marocain, Youssef En-Nesyri, qui frappe: sur un corner d’Amrabat, il s’élève majestueusement, haut, plus haut que Ramos et dépose son coup de tête au ras du poteau. La folie semble atteindre son paroxysme… L’Espagne n’est pas éliminée, mais elle est partie pour finir deuxième, destinée à un rendez-vous avec l’Uruguay qui a tout d’une séance chez le dentiste.
Nous sommes à la 90e minute à Saransk et le Portugal avance pépère vers la première place du groupe. L’Iran doit absolument gagner ce match pour se qualifier. Mais semble peiner sous l’enjeu. L’ensemble est nettement moins organisé que lors du match contre l’Espagne. Les erreurs arrivent, les esprits s’échauffent. Les tacles arrivent à la pelle toujours limites, mais réguliers. Le Portugal n’est pas non plus à son aise et s’il n’est pas non plus bousculé, il peut s’inquiéter lors des quelques tentatives offensives d'Alireza Jahanbakhsh. Mais juste avant la mi-temps, Ricardo Quaresma récupère un ballon d’attaque au coin de la surface et y va de sa « spécial »: si l’extérieur du pied fait son grand retour dans ce Mondial, Quaresma est depuis longtemps un converti et maîtrise assez bien le genre. Impeccable et tout juste hors de portée des doigts d'Alireza Beiranvand.
Ronaldo? Sa contribution est limitée à deux événements. Deux éVARments. Tôt en deuxième mi-temps, il est accroché dans la surface par Ezatolahi. Après avoir laissé jouer, Monsieur Caceres est rappelé avant d’accorder le pénalty. Deuxième du tournoi pour Ronaldo, l’occasion de rattraper Kane au classement des buteurs. Et Beiranvand se jette parfaitement sur sa gauche pour arrêter le tir!
M.Caceres n’est pas au bout de sa peine. Et il devra intervenir encore à de nombreuses reprises, sur des charges de moins en moins régulières et des protestations de plus en plus vives. C’est sur une charge qu’intervient la deuxième « Ronalderie ». Une bousculade où il sort le coude sur Morteza Pouraliganji. Direction le VAR, mais ce qui risquait d’être un rouge direct vire « seulement » au jaune. Ronaldo est sauf, mais sa journée ne s’embellira pas.
On est à la 90e minute et des poussières. À Kaliningrad, l’Espagne bénéficie d’un corner. À Saransk, sur une attaque de la dernière chance, Azmoun reprend le ballon qui rebondit sur le bras de Soares. VAR en action! À Kaliningrad, le corner est joué court, puis mis aux six mètres sur Iago Aspas, le remplaçant, qui dévie le ballon dans le but d’une subtile talonnade. But! Non! Refusé pour hors-jeu! Attendez! VAR en action!
À Saransk, le pénalty est accordé. Ansarifard le transforme magistralement. À Kaliningrad, le but d’Aspas est finalement accordé. La tête du groupe vient radicalement de changer. Et le parcours du Portugal de prendre un tour bien plus compliqué. Il aurait pu ne pas prendre de tour du tout, d’ailleurs, puisque dans la minute qui suit Mehdi Taremi récupère un ballon dans la surface portugaise: il a la plus invraisemblable qualification au bout du pied… et balance son tir dans le petit filet.
À Saransk le match se termine. À Kaliningrad il est fini. L’Espagne termine en tête (au nombre de buts marqués), sans trop savoir comment. Et évite du coup un possible tableau d’enfer…
Dans la douce quiétude de Samara, l’Uruguay a dominé la Russie (3-0). Sans drame et avec une certaine dose de maîtrise, à défaut de panache. Suarez et Cavani ont marqué, un bon signe pour la Celeste. Elle s’est trouvé aussi un nouvel allant, nécessaire au moment de basculer dans le sérieux de la compétition. Pour elle, Espagne ou Portugal, ça ne l’empêche pas de dormir. Doucement et sans drame, elle avance à son pas…