Louis Van Gaal est un génie! Il avait gardé dans sa manche un atout caché et surtout inattendu. À son dernier changement alors qu’il restait des poussières de secondes à la deuxième prolongation du match Pays-Bas/Costa Rica, il a changé son gardien de but Cillissen et amené Tim Krul dans le match, estimant qu’il serait l’homme de la situation dans la séance de tirs au but qui arrivait. Une stratégie inusitée, mais qui s’est avérée payante. Le Costa Rica, qui s’est présenté en vaillant combattant tout au long du match, se retire donc après avoir raté deux tirs au but.

Si ce n’avait été du nouveau saint du Costa Rica, Saint Keylor Navas, protecteur des buts, le match aurait été plié bien avant. Mais le gardien ne s’est jamais laissé impressionner par les gros canons bataves. Tour à tour, Van Persie, Robben, Sneijder se sont heurtés à ses prises de balles solides, à ses deux poings fermés, à ses sorties bien dosées. Les deux formations annoncées pour le match prédisaient certes l’allure de celui-ci. Attaque lourde d’un côté, défense étanche de l’autre. Large possession du ballon avec des montées vers le but pour les Pays-Bas et fesses serrées et contres pour le Costa Rica.

C’est exactement ce que nous avons eu durant une bonne partie du match. Sauf que les tirs ont tardé à venir. Il a fallu attendre la 22e minute pour que Van Persie ponctue une belle circulation de balle partie de Kuyt vers Depay (Memphis) jusqu’à lui. Navas réalise son premier arrêt, puis son deuxième dans la fraction de seconde suivante sur Sneijder. Navas continuera de briller tout au long du match devant les francs-tireurs des Pays-Bas. Robben, Van Persie, Sneijder goûteront régulièrement à sa médecine. Les 8 tirs au but qui ont été cadrés dans la rencontre étaient tous très dangereux.

Deux grosses occasions fileront sous le nez des Bataves à la fin de la première demie... Saint Navas est là : arrêt et sortie bien exécutée. Au retour de la pause, à 0-0, le Costa Rica peut commencer à espérer. Malgré près de 70 % de possession, les Pays-Bas n’arrivent pas à trouver la combinaison qui ouvrira le coffre-fort de Navas. Les maillots orange sont partout sur le terrain, mais le Costa Rica résiste. Sur le coup franc qui punit Gonzalez, en plus du carton jaune, pour avoir fauché Robben, Sneijder tape le poteau! Van Persie, Robben, Van Persie, Robben, la litanie reprend. Avec un mélange d’adresse et de chance, les Ticos réussissent à défendre. Puis quelques minutes complètement folles dans les arrêts de jeu. Le ballon se promène d’un pied orange à l’autre sous le nez de Navas qui a besoin d’un ange derrière lui : Tejada fait un arrêt sur la ligne!

Le match s’en va en prolongation. C’est la deuxième consécutive pour le Costa Rica et les Pays-Bas n’ont jamais gagné en Coupe du monde dans cette phase de jeu. Ceux-ci reprennent leur domination du ballon. Et on a droit encore une fois à un jeu bizarre où le ballon touche à plusieurs joueurs néerlandais dans la surface, sans jamais entrer dans le but. Navas est en odeur de sainteté... Il faudra attendre la deuxième prolongation pour que le Costa Rica réussisse son premier tir cadré du match. Urena frappe, mais Cillissen réussit son seul arrêt de la rencontre. Et c’est à la 119e que Sneijder touche sa deuxième barre.

Les tirs au but auront donc permis aux Pays-Bas de passer en demi-finale pour une deuxième fois consécutive. Ils affronteront l’Argentine, peut-être privée de Di Maria. Le Costa Rica se retire après un parcours étonnant et, à l’instar de bien d’autres pays moins expérimentés en Coupe du monde, il peut quitter la compétition la tête haute.