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RÉSULTATS

La famille de Samuel Piette à Doha : « S'il y avait un mot plus gros que fiers... »

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DOHA, Qatar – Linda Bélanger et Stéphane Piette n'ont pas beaucoup voyagé pour suivre la carrière de leur fils Samuel.

En 2011, ils sont allés à Pachuca pour assister à la Coupe du monde des moins de 17 ans. « Je pense qu'on l'a vu pendant 15 minutes durant tout le temps qu'on a passé là », se remémore Stéphane, encore incrédule plus d'une décennie plus tard.

Leur petit homme est ensuite parti jouer en France, en Allemagne et en Espagne. Ce n'est qu'à la dernière étape de cette parenthèse européenne que les parents ont refait leurs valises pour lui rendre visite.

« On est arrivés là-bas et il a nous a dit qu'on était chanceux parce qu'il venait d'être rappelé avec la première équipe, mais ça tombait qu'elle jouait à domicile. On aurait pu débarquer chez lui et se faire dire qu'il devait partir. C'est pour ça que ça n'adonnait jamais qu'on y aille », explique Stéphane.

« On a eu un billet d'avion ouvert pendant un an et on n'a jamais réussi à l'utiliser parce que quand nous on pouvait, Sam partait avec Équipe Canada, continue Linda. Après un an, on a fait modifier le billet et on l'a mis à son nom parce qu'il arrivait à échéance et c'était clair qu'on ne l'utiliserait pas! »

Les attentes des Piette étaient donc basses quand ils sont arrivés à Doha la semaine dernière avec le beau-père de Samuel, Denis St-Jules, et sa conjointe Claire Guitard. Mais elles ont déjà été dépassées. Jeudi, au lendemain du match du Canada contre la Belgique, leur joueur préféré a profité d'une soirée de congé pour venir les saluer près de l'immeuble résidentiel où est logée une partie de l'entourage des membres de la sélection.  

« On est allés marcher, on a jasé, on a soupé ensemble... je l'ai trouvé vraiment calme, se rassurait sa maman. Je ne pense pas qu'on peut dire qu'il a le bouton de la nervosité à "off", mais c'est dans son tempérament. S'il est sur le gros nerf, ça ne paraît vraiment pas. »Linda Bélanger et Stéphane Piette

« Moi, je ne me suis pas rendu compte de rien, approuve le paternel. C'était à peu près pareil comme avant un match à Montréal. Peut-être qu'en dedans ça brasse... Moi il m'a juste dit qu'il avait hâte d'embarquer. Il a hâte de jouer, il est ici pour ça. Mais il n'avait pas l'air nerveux. »

Si leur fils dégage la même fébrilité que pour un match de juillet à Columbus, les fiers parents mesurent pleinement, depuis une semaine, l'ampleur de l'aventure dans laquelle il est plongé.

« Le peak, c'est quand on est arrivés au stade, raconte Linda. On s'est assis, les joueurs sont embarqués sur le terrain et Sam nous a vite repérés. Déjà, les quatre, on avait les larmes aux yeux. Sam s'est retourné dos à nous, on voyait qu'il avait son téléphone. Quand il l'a levé, on a vu que c'était Chloé sur l'écran. Là, on a tous craqué. »

Plutôt que de faire le voyage avec le reste de la petite famille, la fiancée de Samuel a pris la décision de rester au Québec pour s'occuper de leur fils Romi.

« Je lui ai dit que s'il y avait une Coupe du monde des mamans, elle serait ma gagnante », s'émeut Linda.

Les Jeux du Québec, le summum

Ce n'était pas la première fois que Samuel Piette faisait pleurer sa mère.

« Moi dans ma vie, j'en ai braillé une shot, avoue Linda en souriant. Toutes les fois qu'on allait porter Sam à l'aéroport, le retour à la maison était difficile. »

La première cassure, la plus difficile, les a surpris dans leur angle mort.   

« Je vais te le dire parce que tout le monde nous pose la question : on ne l'a pas vu venir », commence Linda.

« On s'est fait avoir! », intervient son mari à la blague.

« La première fois, c'était avec son équipe de Boisbriand, reprend Linda. Toute l'équipe partait, les joueurs avaient fait une petite levée de fonds pour aller faire un camp à Metz parce que son entraîneur, Lyne Beauregard, avait des connexions là-bas. On a vendu du chocolat, fait des soupers, du porte-à-porte, des ventes de garage. Ils sont partis, ils sont revenus. Sam nous a dit qu'il avait été présélectionné. Ils voulaient le prendre pour le développer là-bas. »

« On se disait qu'il allait s'ennuyer et qu'il allait revenir, enchaîne papa. Beaucoup de ses chums de soccer avaient refusé des opportunités semblables en se disant qu'ils allaient s'ennuyer. On s'était dit la même chose. Je lui avais dit : ‘Si ça ne vas pas, tu m'appelles et le lendemain je suis dans l'avion pour aller te chercher'. Je ne pensais jamais qu'il était pour tougher. »

Lyne Beauregard, que les Piette décrivent comme la « mère de soccer » de leur fils, a veillé à distance sur Samuel pendant un temps. Mais Samuel a très tôt dû voler de ses propres ailes.   

« Il y en a beaucoup qui disent qu'on a fait des sacrifices. Mais c'est Sam qui les a faits, les sacrifices », rectifie son père.

Aujourd'hui, le couple se pince en constatant où ces sacrifices ont mené leur progéniture.

« Honnêtement, quand Sam était petit et jouait au soccer, il n'avait pas cette ambition de jouer professionnel, s'émerveille Linda. Quand il a fait les Jeux du Québec, on était fiers. Pour nous, il venait d'atteindre le summum. On ne savait même pas qu'il pouvait avoir plus que ça. »

Toutes ces années plus tard, leur fils piaffe d'impatience à l'idée bien réelle de se frotter aux meilleurs milieux de terrain de la planète. Rendu là, pourquoi se priver de rêver? 

« Un, que l'équipe gagne une game, énumère Stéphane en pensant à son scénario idéal. Après ça, je me dis tant qu'à en gagner une, pourquoi ne pas passer à la prochaine ronde? Et troisièmement, pourquoi il ne scorerait pas, hein? On ne le dit pas fort, mais pourquoi pas! »