Une expérience déchirante pour James Pantemis

DOHA, Qatar – James Pantemis a passé une bonne partie de son séjour au Qatar déchiré entre la joie et la culpabilité.

La joie, ça va de soi, de représenter son pays à la Coupe du monde. La culpabilité, compréhensible, de le faire aux dépens de l'un de ses bons amis.

À l'origine, Pantemis n'était pas dans les cartes de l'équipe canadienne pour ce Mondial. Il devait venir contribuer à sa préparation dans un camp prévu au Bahreïn en attendant que certains joueurs soient libérés de leurs obligations dans leur championnat. Ensuite c'était les vacances.

C'est sur le vol qui le transportait au Moyen-Orient qu'il a appris que ses plans venaient de changer.

« Je regardais le "play by play" [de la finale MLS] et puis il y a quelqu'un qui a réussi à trouver un [lien de webdiffusion]... je ne dirais pas au moment parfait, parce que ce n'est pas quelque chose qu'on aime voir. Mais ouais, je l'ai vu. »

Ce qu'il a vu, c'est Maxime Crépeau se fracturer la jambe en tentant – avec succès – de freiner une attaque d'un joueur de l'Union de Philadelphie à la fin de la prolongation. Pantemis a tout de suite fait 1+1. Plusieurs membres de son entourage ont fait le même calcul. « Je crois que mon cellulaire a explosé », dit-il.

Ce qu'il tenait surtout à faire en descendant de l'avion, c'était appeler et réconforter le pauvre éclopé. « Je ne peux pas imaginer tout ce qui lui est passé par la tête. Il était à cinq minutes de lui-même gagner la Coupe MLS et de venir rejoindre l'équipe à la Coupe du monde. J'peux pas imaginer, c'est horrible. »

Ensuite il a pris le temps de réfléchir à ce qui était en train de lui arriver.

« C'était un moment difficile pour moi parce que j'étais un peu entre les deux. J'étais triste pour Max, un gars que je respecte beaucoup. Je le connais depuis que j'ai 15 ans. Je ne crois pas qu'il y avait un des joueurs qui méritait plus que lui de venir ici. Je dirais que la première semaine, je ne savais pas trop si je devais être content de la situation ou triste pour mon ami. Mais à la fin, je me suis dit que j'ai travaillé beaucoup dans les dernières années et que je méritais une place ici moi aussi. »

Le fait que Crépeau soit resté, à distance, dans l'entourage de l'équipe a aidé Pantemis à régler son dilemme intérieur.

« Ici, on l'a ajouté dans notre groupe Whatsapp. Avec les autres gardiens et notre coach de position, on se parlait régulièrement. On se connectait aussi avec lui quand on visitait les stades la veille des matchs. Il était près de nous. »

En négos avec Montréal

Pour le gardien natif du West Island, il s'agit d'une conclusion invraisemblable à une année qu'il avait commencé du pied gauche. Il n'a pas vu le terrain avant le 26 mai en championnat canadien et n'a obtenu son premier départ en MLS qu'à la mi-juillet. Il a finalement gardé le filet jusqu'à l'élimination du CF Montréal en demi-finale de l'Est.

« Si je pense à ma situation au début de l'année et je regarde où je suis maintenant, c'est jour et nuit, nous a-t-il confié après la défaite du Canada contre le Maroc. Je suis quelqu'un qui crois dans la vie que les choses arrivent pour une raison. Bien sûr, c'était difficile pour moi en début d'année, mais j'ai persévéré, j'ai travaillé sur des trucs dans mon jeu que je voulais améliorer. Ça a rapporté. Je me suis rendu au meilleur tournoi du monde. »

Partenaire dans l'ombre de Milan Borjan et Dayne St. Clair, Pantemis n'a évidemment pas eu son mot à dire dans les résultats de l'équipe canadienne, mais il est reparti de Doha avec la conviction qu'il garderait de ce voyage bien plus qu'un bronzage et des belles photos.

« Avec mon rôle, je savais que je n'allais pas jouer, mais j'étais là pour les joueurs s'ils voulaient faire de la finition à la fin des entraînements. J'ai profité de ces moments-là pour me tester moi-même. J'ai pris ce challenge et je crois que ça m'a apporté beaucoup. »

À la mi-novembre, le CF Montréal a annoncé qu'il n'exercerait pas l'option rattachée au contrat de Pantemis pour la saison 2023. Plusieurs ont déduit qu'il devrait se trouver une nouvelle équipe, mais il semble que cette conclusion soit précipitée. Le gardien de 25 affirme être en négociation pour un nouveau pacte avec le Bleu et Noir.

« C'est mon club-école, je suis sorti de l'Académie, c'est ma ville. Je serais super content de continuer et surtout de continuer notre succès de l'année passée. On est en discussion et j'espère que ça va être réglé d'ici quelques semaines. »