À partir de maintenant, on tranche à vif. Dans les résultats, pas dans le fond. Normalement, les discussions, les arguments, les « pour et contre » devraient avoir permis de faire le tour du sujet après deux semaines. On est d’accord pour dire que ce n’est pas le cas?

 

Il y a trop de zones d’ombre autour de chaque équipe pour arriver à présenter un portrait clair des huitièmes de finale. Beaucoup de zones d’ombre au moment de définir la marge de progression de chacun - et chacun en a, c’est au moins ça qu’on sait!

 

Pour cette rapide présentation, le tableau final a été découpé en quatre quadrants: 1 et 2 pour un coté, 3 et 4 pour l’autre. Une chose est tout de même certaine: si le vainqueur final devait arriver de la « moitié forte » du tableau (1 et 2), sa légitimité serait totalement indiscutable au vu du parcours qui lui aura été proposé.

Top-5 : Buts de la phase de groupes

 

Pour finir, toutes mes excuses si cette présentation prend des raccourcis ou abrègent certains arguments. Seize équipes, c’est beaucoup…

 

Quadrant 1

 

L’Uruguay a tranquillement géré son premier tour, là où le Portugal a connu un peu plus de difficultés. La qualité de l’opposition dans les deux cas est tout de même à prendre en compte… Les Uruguayens ont progressé de match en match dans leur gestion du milieu de terrain, le Portugal s’en tenant à des principes de base, sans pour autant dégager la même sérénité en défense que lors de l’Euro. Avec le retour de Gimenez, les Uruguayens peuvent prétendre avoir l’une des meilleures défenses du tournoi, ce qui ne sera pas de trop face à un Ronaldo capable de se faire oublier pour mieux surgir. Les Uruguayens sauront-ils se sortir de l’étouffoir portugais au milieu? Si oui, ils pourraient parvenir à alimenter Cavani et Suarez. Sinon, le Portugal est capable de tenir très longtemps avant de trouver l’ouverture.

 

Sur le papier, on donnerait un léger avantage à la France. Essentiellement sur le fait que la défense argentine ne dégage vraiment pas la sérénité nécessaire sur ce genre de match. Même lors des temps forts de l’Argentine face au Nigeria, le doute est toujours demeuré présent. Et c’est sans doute la France qui possède certaines clés du match, à commencer bien sûr par sa capacité à tenir Messi sans bouleverser son organisation. Il est certain que les Argentins ont les moyens d’ouvrir une défense française qui n’a pas été totalement à l’aise face au seul vrai test qu’elle a affronté, à savoir face au Pérou. Cela demande une plus grande présence d’Agüero, Higuain ou Di Maria. De l’autre côté, l’attaque française n’a pas non plus donné grand signes de vie et de nombreux dysfonctionnements sont apparus lors des trois matches de groupe. Il est assez probable que Giroud et Griezmann débutent, mais c’est l’organisation générale qui demande du mieux. L’autre impondérable est Pogba: s’il est capable de sortir une vraie performance dominante au milieu, les Français auront pris un avantage essentiel.

 

Quadrant 2

 

Le Brésil met lentement ses pièces en place. L’animation offensive marche encore par à-coups, est c’est avant tout Coutinho qui en est le principal moteur. La défense n’a pas été si régulièrement testée, mais n’a pas été totalement irréprochable face à la Serbie. Disons que c’est un « peut mieux faire » général. Neymar peut mieux faire, Gabriel Jesus peut mieux faire, Willian peut certainement mieux faire. La vraie satisfaction vient de Casemiro (sobre et efficace) et de Paulinho vraiment solide et intelligent au milieu. En face, le Mexique doit espérer que son allant du début de tournoi, plutôt contagieux, n’ait pas été stoppé par la douche suédoise. Il est certain que les Brésiliens laisseront sans doute moins d’espaces de contre que les Allemands, mais plus que les Suédois. Herrera, Guardado et Layun ont bien contrôlé le flux du jeu avant d’être étouffés lors du dernier match. Ils sont essentiels pour que Vela dirige le jeu d’attaque et les accélérations sur Lozano et Hernandez. La suspension de Moreno en défense peut aussi se faire sentir tout comme un manque de cohésion lorsque l’adversaire est capable de placer des attaques rapides.

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Dans toute cette moitié de tableau, c’est la Belgique qui semble avoir un adversaire un degré en-dessous. Les Japonais savent placer des attaques rapides de qualité et ne se priveront pas de jouer vite dans les espaces laissés derrière Meunier et Carrasco sur les ailes. C’est la principale force offensive du Japon et il est certain que Roberto Martinez s’y prépare, tout comme il sait que neutraliser Kagawa est un premier pas pour limiter cette qualité dans le jeu japonais. C’est de l’autre coté que le déséquilibre semble vraiment trop fort: les Belges ont su placer des attaques aussi dévastatrices que variées et leurs combinaisons offensives (en multipliant les passeurs et les finisseurs) devraient prendre la mesure ce la défense japonaise.

 

Quadrant 3

 

Dans cette partie exclusivement européenne, l’Espagne apparait comme la mieux outillée. Elle s’est montrée égale à elle-même au premier tour dans sa capacité à avaler le ballon et le ressortir en autant d’options d’attaque avec un Diego Costa régulièrement impliqué. C’est derrière qu’elle n’est pas apparue si dominante, secouée à l’occasion de ses premiers matchs et accordant tout de même cinq buts. Seulement la Russie semble avoir montré ses limites lors du match face à l’Uruguay et risque d’être noyée dans le flux de jeu espagnol. Il lui faudra un bloc défensif compact et efficace (elle ne l’a pas montré contre l’Uruguay) pour donner à Golovin, Zobnin et Gazinsky de quoi lancer quelques contres.

 

La Croatie est l’autre favorite de ce quart du tableau. Elle a montré au premier tour une forte organisation au milieu capable d’absorber des adversaires aussi différents que l’Argentine, le Nigeria ou l’Islande, même avec une équipe très remaniée, comme lors du troisième match. La paire Modric-Rakitic est l’une des plus efficaces à ce jour. Elle pourrait être complétée par Badelj dans un registre plus défensif pour minimiser l’influence d’Eriksen, pièce essentielle du jeu danois. En fait, le Danemark possède d’assez bons éléments devant, avec Sisto, Jörgensen et surtout Yurary Poulsen, mais ils dépendent absolument de l’espace laissé à leur meneur de jeu. Derrière, les Danois auront à faire face à une attaque rapide, solide et bien plus en mouvement que ce que leurs adversaires du premier tour ont proposé.

 

Quadrant 4

 

Les suspensions de Schär et Lichtsteiner risquent de peser lourd dans l’équilibre défensif suisse et l’on peut s’inquiéter de ce que leurs remplaçants pourront proposer face à une attaque suédoise assez directe. Au milieu, Behrami, Xhaka et Dzemaili ont les moyens de prendre l’ascendant sur un adversaire privé de l’influence de Larsson (suspendu),et un cran plus haut Shaqiri a montré qu’il apportait la touche de qualité et l’imprévisible face à des défenses bien organisées. Mais la Suède a les arguments pour sortir très vite et donner un peu plus de responsabilités dans le jeu d’attaque à Forsberg.

 

On a beaucoup parlé des choix de Gareth Southgate (et de Roberto Martinez) à l’occasion d’Angleterre - Belgique. Les Anglais semblent avoir obtenu ce qu’ils voulaient, ou plus exactement ce qu’ils appellent « la meilleure partie du tableau » en terminant deuxièmes. Mais les voilà face à la Colombie, l’une des équipes à avoir survécu au premier tour avec sa réputation à peu près intacte. Elle a même offert l’une des belles performances collectives lors du match face à la Pologne, le bémol est ici apporté par la piètre tenue de l’adversaire. L’Angleterre a son potentiel offensif: mais elle n’a marqué que sur jeux arrêtés ou frappes de loin, aucune attaque placée. Et les cinq buts d’Harry Kane masquent pour le moment un collectif offensif loin d’être aboutis. Et la ligne haute à trois demandée par Southgate risque de souffrir face à l’excellente tenue de balle des milieux colombiens et des appels de Falcao. Même si elle devait être privée de James Rodriguez (incertain), la Colombie a les moyens de priver les Anglais de ballon pendant de longues périodes. Mais elle peut être inquiétée… sur balles arrêtées.