HAMELN (AFP) - Raymond Domenech, qui s'est si souvent comparé à Aimé Jacquet, le vainqueur de 1998, a réussi son pari en emmenant l'équipe de France de football en finale du Mondial-2006, lui qui a constamment opposé aux doutes un seul et même objectif: le "9 juillet".

"J'ai une mission, un objectif: aller à Berlin le 9 juillet." Ce discours officiel est servi par le sélectionneur, avec une inébranlable régularité, depuis le 13 octobre, au lendemain de la qualification pour le Mondial acquise difficilement après une victoire sur Chypre (4-0).

Force est de reconnaître que l'ex-responsable des Espoirs, dont le seul titre reste un Festival Espoirs de Toulon (sud-est de la France), a d'abord prêché dans le désert, face à une France qui, nostalgique de 1998, n'y croyait plus. Et même de moins en moins après les premiers matches des Bleus en Allemagne.

Mais Domenech a répété inlassablement son refrain et la petite musique est aujourd'hui devenue le tube du début d'été 2006 dans toute la France: "On est en finale!"

"C'était une conviction profonde, a expliqué Raymond Domenech jeudi à Hameln (nord), refusant tout triomphalisme. Il fallait bien qu'il y en ait un qui ait la conviction, j'étais payé pour ça."

Contrats

"Je comprends que depuis deux ans, tout ce que j'ai pu dire ou pu faire ait pu être incompréhensible, parce qu'il y a forcément des divergences quand on gère à long terme et qu'on critique à court terme, mais je n'en ai jamais voulu à qui que ce soit", a assuré le sélectionneur, qui a ajouté: "Je ne me suis pas battu pour avoir raison, peut-être que quelqu'un d'autre aurait réussi pareil avec l'équipe, mais pour que l'équipe aille au bout."

Une équipe que Domenech a réussi à souder autour de son slogan du "9 juillet", marchant plus que jamais dans les traces de son mentor Aimé Jacquet. Celui qui a tant pesé pour la désignation du sélectionneur en juillet 2004 et avec qui Domenech confesse "une vraie complicité". Aimé Jacquet qui, lui, n'avait jamais douté que la France "sera(it) dans le dernier carré".

Le bilan, qu'il dressera "dimanche à 22h30", sera donc forcément flatteur pour Domenech, qui avait été conspué par le Stade de France à Paris lors du match amical contre le Mexique (1-0), le 27 mai. Surtout s'il le fait avec un coupe sous le bras, car Domenech, à qui l'objectif assigné en juillet 2004 était une place en demi-finales, assure: "Une finale ça se joue pour la gagner !"

Depuis longtemps, Domenech a fait son deuil des promesses ou des contrats, sachant depuis le début, et comme Aimé Jacquet avant lui, que seule la victoire lui donnerait raison. "Mon contrat, j'ai dû le lire la première fois quand je l'ai signé. Depuis, je ne sais pas où il est. Mon objectif, c'est la finale. Je n'ai pas besoin d'un objectif écrit pour me mettre une pression", assurait-il notamment début avril.

Après-Zidane

Ce parcours doré en Allemagne fera désormais - et c'est logique - oublier une communication parfois acide, une "reconstruction" avortée ou des relations pas toujours limpides avec ses joueurs-cadres, quand le Conseil fédéral examinera son cas après le Mondial.

Peut-il ne pas être reconduit? "C'est complètement différent si on n'est pas qualifié, éliminé au 1er tour ou si on va en finale. Poser la question, c'est déjà y répondre", indiquait mercredi le président de la Fédération Jean-Pierre Escalettes.

A l'heure de se projeter sur les qualifications de l'Euro-2008, qui débutent dans moins de deux mois, avec notamment au programme... l'Italie, l'adversaire de dimanche à Berlin, Domenech est évidemment en position de force.

Reste à savoir si lui-même a envie de continuer l'aventure après deux années éprouvantes. Car c'est bien maintenant l'ex-responsable des Espoirs devenu grand qui va devoir dire s'il veut être l'homme qui conduira l'après-Zidane. Une nouvelle ère qui va commencer dimanche à 22h30.