HAMELIN (AP) - Le sélectionneur de l'équipe de France de soccer, Raymond Domenech, ne bouleversera pas son système de jeu pour affronter l'Espagne en huitièmes de finale de la Coupe du monde mardi soir à Hanovre.

Face à l'une des équipes les plus impressionnantes depuis le début de la compétition, Domenech comptera sur la traditionnelle solidité de son bloc défensif.

"Nous savons que si nous ne sommes pas solides derrière on peut préparer notre billet retour", a commenté Domenech samedi, au lendemain de la victoire sur le Togo (2-0). "L'Espagne est une équipe qui marque beaucoup de buts, qui joue bien et qui a des joueurs de joueurs de haut niveau."

Alors que l'équipe de France n'a gagné qu'un seul des ses trois matches de poule, les Espagnols ont réussi le carton plein avec trois victoires et huit buts marqués, dont quatre face à l'Ukraine.

"Pour ce qui est de leurs points faibles, on va les garder pour nous", a ajouté Domenech. "Déjà s'ils en ont, il faudra qu'on les trouve et qu'on les exploite."

La France et l'Espagne se sont affrontées à 27 reprises. Le bilan entre les deux équipes frise le match nul, avec 10 succès bleus contre 11 victoires espagnoles et six matches nuls. Les deux nations ne se sont encore jamais rencontrées en Coupe du monde.

Au regard de la forme actuelle des deux formations, la France ne partira pas favorite. La jeune garde espagnole de Luis Aragones est en effet invaincue depuis deux ans.

Domenech balaie ces statistiques d'un revers de la main. "Je ne nous placerai ni en favori, ni en outsider", a-t-il poursuivi. "Il y a un match à jouer. Au départ, il y a 0-0".

La force de l'équipe espagnole réside en grande partie dans l'enthousiasme de ses jeunes joueurs -à l'image de l'attaquant Fernando Torres, 22 ans- qui tranche avec l'expérience et la moyenne d'âge élevée des Bleus.

"C'est l'énergie qu'on est capable de mobiliser pendant 1h30, ou 2 heures s'il y a prolongations, qui compte", a déclaré Domenech.

"On peut s'user trop vite quand on est jeune, car on veut en faire plus et on peut courir dans tous les sens."

"Mais en vieillissant, on peut aussi mal finir parce que les jambes peinent", a-t-il reconnu, avant de revenir sur la fatigue psychologique accumulée par ses joueurs lors des trois matches de poule.

"Ce sont des matches où on dépense beaucoup d'énergie quand même", a reconnu Domenech. "Mentalement, c'est dur. On ne peut pas relâcher. Le seul moment où on a eu un peu de sérénité, c'est dans les dix dernières minutes contre le Togo où on a appris le 2e but des Suisses. On connaissait alors le sort du groupe. Jusque-là, on avait la pression. Ca demande de l'énergie."

Pour Domenech, d'origine catalane par son père, le match contre l'Espagne aura une saveur affective particulière.

"J'ai toujours de la famille là-bas", a déclaré le sélectionneur.

"J'ai un cousin qui vit à Rubi, à côté de Barcelone. Je suis davantage catalan qu'espagnol, mais je ne veux pas faire de politique aujourd'hui. De toutes façons, j'ai toujours fait abstraction de mes sentiments particuliers pour un match."

Domenech n'a pas voulu exposer la stratégie qu'il mettrait en place pour tenter de contrer les Espagnols sur la pelouse du stade d'Hanovre mardi soir. Il pourra en tout cas compter sur les retours de suspension d'Eric Abidal en défense et de son meneur de jeu Zinédine Zidane.

"Je suis dans des projections, mais personnelles", a indiqué Domenech. "Ce qui va se passer mardi au niveau de l'équilibre et de l'organisation, vous ne le saurez que lundi".

Zidane devrait récupérer le brassard de capitaine, même si Patrick Vieira lui a fait honneur face au Togo en livrant un match de premier plan.

"Le brassard n'est pas donné au plus performant", a souligné le sélectionneur. "Le brassard a d'autres fonctions et suppose d'autres responsabilités. Je suis heureux que Pat ait assumé sur ce match-là, le soir de son anniversaire. Mais le match contre l'Espagne est un autre match." [[PUBPC]]