Et il n'en restera qu'un...
Soccer lundi, 19 mai 2008. 17:17 samedi, 14 déc. 2024. 06:38
Qu'elle semblait loin, si loin de Chelsea, cette finale de Moscou le 18 septembre dernier! Pour son entrée dans cette Ligue des Champions 2008, l'équipe de Jose Mourinho se faisait piéger, à Stamford Bridge, par Rosenborg (1-1).
Quelques heures plus tard, le divorce était consommé entre le technicien portugais et Roman Abramovitch, le «départ forcé» du premier étant aussitôt annoncé.
Ce coup de théâtre en annonçait en fait un autre, avec la nomination, dans la foulée, d'Avram Grant à la tête de l'équipe, seulement 48 heures avant un premier choc de la saison, à Old Trafford.
Si ce «coup de poigne» confirme la volonté du propriétaire de reprendre en main un club qui devenait jour après jour celui «de Mourinho» (au moins dans les médias), il ne fait rien de rien pour légitimer l'ex-sélectionneur d'Israël, qui apparaît vite comme un intrigant, sans grande envergure, et au bagage technique quelconque. La défaite annoncée à Old Trafford (0-2) est suivie d'un nul contre Fulham (0-0). À la fin septembre, Chelsea pointe à la neuvième place du Championnat, distancé par Arsenal et MU. Pire, il vient d'aligner cinq matches sans victoire (quatre en PL, un en Ligue des Champions). Grant est d'ores et déjà un «PPH» («passera pas l'hiver»).
Regain de confiance
C'est à la lumière de cette situation que l'on doit apprécier à sa juste valeur le travail d'Avram Grant.
Remettre à flot une équipe au moral défait, au jeu décousu, qui menace de partir vite en pièces. Dans les mois qui suivront, Chelsea ne perdra plus que quatre matches: un en championnat (à Arsenal, en décembre), un en Coupe de la Ligue (la finale contre Tottenham en février), un en Coupe d'Angleterre (élimination surprise contre Barnsley en mars) et un en Ligue des Champions (à Fenerbahçe en avril).
Revenus dans la course au titre, devancés seulement lors de la dernière journée (après avoir battu United il y a moins d'un mois, 2-1), les «Blues» vont donc disputer la première finale de Ligue des Champions de leur histoire.
Grant n'a pas «fait la révolution». Au contraire, on lui reproche une certaine frilosité, un manque d'envergure. Comme si le Chelsea qu'il avait en main n'était pas encore le sien. Comme s'il était une sorte «d'accompagnateur» du groupe, à l'image de Del Bosque voilà quelques années au Real. À son actif, on pourra cependant dire qu'il a réussi à «relancer» à peu près tout son monde. Des joueurs «en difficulté» (Malouda, Belletti, Shevchenko) ont retrouvé du temps de jeu et de la confiance. Et que les quelques essais apportés pour modifier la dynamique du jeu se sont avérés intéressants.
Essien, Drogba finissent en force
À commencer par le recadrage d'Essien en arrière droit. S'il est moins «dans» le jeu de l'adversaire que lorsqu'il évoluait au milieu, le Ghanéen possède désormais une plus grande liberté de mouvement qui lui permet d'apporter régulièrement un surnombre efficace sur le coté droit. Un coté vers lequel Ballack se déplace plus souvent, qui permet aux trois «meneurs de jeu» de Chelsea - Ballack, Lampard, Joe Cole - de ne pas se marcher sur les pieds. Avec Essien intercalé et Ashley Cole et Malouda (ou Kalou) sur le coté gauche, Chelsea peut utiliser toute la largeur du terrain pour développer des attaques à six ou sept joueurs.
Derrière, la charnière Terry - Carvalho a connu quelques moments difficiles, comme le gardien Cech et comme Makélélé juste devant la défense, mais tous semblent revenir à leur meilleur en cette fin de saison. Et puis, à l'autre bout, il y a Drogba. Lui aussi à son meilleur en cette fin de saison. Et redoutable dans ces grandes confrontations (Arsenal et MU en championnat, Liverpool en demi-finale) qui semblent tirer son essentiel. Un Drogba dont le volume physique en fait aussi le récipiendaire du jeu de Chelsea, ce qui a parfois tendance à l'isoler.
Chelsea, on l'a déjà dit, n'est pas du genre à emballer son jeu. Plutôt à mettre en place une organisation qui va peu à peu prendre la mesure du jeu et du milieu de terrain. Une équipe capable, aussi, de subir avant de réagir. Une qualité première qui devrait lui permettre de tenir tête à United.
Quel Manchester?
Du côté de Sir Alex Ferguson, on parle plutôt de rendez-vous avec l'histoire. Alors, on dépoussière les chiffres. Le cinquantenaire de la catastrophe de Munich... Les quarante ans de la première victoire en Coupe des Champions... Ou encore le quart de siècle du premier succès européen de Sir Alex (Coupe des Coupes 83 avec Aberdeen).
Beaucoup de bla-bla, d'emballage... comme s'il était besoin d'en rajouter, alors que ce MU 2008 offre, tout simplement sur le terrain, la meilleure démonstration de son caractère, de son bagage, de son talent.
Sir Alex n'a rien avancé de ses intentions pour mercredi soir. Même si l'on a vu qu'il pouvait modifier la géométrie de son équipe en fonction de l'événement. Et que son format «Coupe d'Europe» pouvait s'avèrer tout aussi redoutable que la formule «libre» en Championnat. La nature de l'adversaire rend le choix plus complexe: adversaire «européen» ou «domestique»?
Un but n'importe quand
Toujours est-il que ce MU s'articule essentiellement à partir des mêmes principes: une défense dense, à deux rideaux, qui prend soin de ne pas se faire déborder, qui à descendre très, très bas. Ensuite, dès la récupération, jaillissements sur les cotés avec deux ou trois relais. Si le «personnel» peut changer en fonction des occasions - et des adversaires - le moteur reste le même. En phase d'attaque, United possède cette saison l'extraordinaire luxe du choix: il peut décider de placer ses actions, quitte à y perdre un peu de spontanéïté. Il peut aussi s'en remettre au talent pur, aux dribbles déroutants de Ronaldo, aux accélérations de Rooney, à l'opportunisme de Tevez.
Avec Giggs, Park, Nani, Scholes, Saha ou Anderson en compléments, Manchester offre cette saison une palette offensive sidérante: 109 buts inscrits toutes compétitions confondues, dont, bien sûr, 41 pour Ronaldo. La triplette Ronaldo - Rooney - Tevez totalise, elle, 78 réalisations. Ce United possède l'impressionnante capacité de pouvoir sortir un but presque n'importe quand. En tout cas, dès que le besoin s'en fait sentir.
Complète, mais pas irréprochable
Autre facette de cette équipe: depuis plusieurs semaines, Sir Alex insiste désormais sur la nature «complète» de son équipe. Vrai qu'il est difficile de lui trouver un défaut. Evra et Brown ont repris en main les couloirs, tout aussi difficiles à déborder qu'à contenir lorsqu'ils se jettent vers l'avant. Au milieu, l'équilibre semble avoir été trouvé autour de Carrick, avec des appuis de Scholes, Anderson, Fletcher ou Hargreaves. En défense centrale, Ferdinand et Vidic ont franchi un pallier considérable dans leur entente et leur autorité. Et le «vieux» Van der Sar prouve dans les buts qu'il demeure un formidable compétiteur.
Quelques heures plus tard, le divorce était consommé entre le technicien portugais et Roman Abramovitch, le «départ forcé» du premier étant aussitôt annoncé.
Ce coup de théâtre en annonçait en fait un autre, avec la nomination, dans la foulée, d'Avram Grant à la tête de l'équipe, seulement 48 heures avant un premier choc de la saison, à Old Trafford.
Si ce «coup de poigne» confirme la volonté du propriétaire de reprendre en main un club qui devenait jour après jour celui «de Mourinho» (au moins dans les médias), il ne fait rien de rien pour légitimer l'ex-sélectionneur d'Israël, qui apparaît vite comme un intrigant, sans grande envergure, et au bagage technique quelconque. La défaite annoncée à Old Trafford (0-2) est suivie d'un nul contre Fulham (0-0). À la fin septembre, Chelsea pointe à la neuvième place du Championnat, distancé par Arsenal et MU. Pire, il vient d'aligner cinq matches sans victoire (quatre en PL, un en Ligue des Champions). Grant est d'ores et déjà un «PPH» («passera pas l'hiver»).
Regain de confiance
C'est à la lumière de cette situation que l'on doit apprécier à sa juste valeur le travail d'Avram Grant.
Remettre à flot une équipe au moral défait, au jeu décousu, qui menace de partir vite en pièces. Dans les mois qui suivront, Chelsea ne perdra plus que quatre matches: un en championnat (à Arsenal, en décembre), un en Coupe de la Ligue (la finale contre Tottenham en février), un en Coupe d'Angleterre (élimination surprise contre Barnsley en mars) et un en Ligue des Champions (à Fenerbahçe en avril).
Revenus dans la course au titre, devancés seulement lors de la dernière journée (après avoir battu United il y a moins d'un mois, 2-1), les «Blues» vont donc disputer la première finale de Ligue des Champions de leur histoire.
Grant n'a pas «fait la révolution». Au contraire, on lui reproche une certaine frilosité, un manque d'envergure. Comme si le Chelsea qu'il avait en main n'était pas encore le sien. Comme s'il était une sorte «d'accompagnateur» du groupe, à l'image de Del Bosque voilà quelques années au Real. À son actif, on pourra cependant dire qu'il a réussi à «relancer» à peu près tout son monde. Des joueurs «en difficulté» (Malouda, Belletti, Shevchenko) ont retrouvé du temps de jeu et de la confiance. Et que les quelques essais apportés pour modifier la dynamique du jeu se sont avérés intéressants.
Essien, Drogba finissent en force
À commencer par le recadrage d'Essien en arrière droit. S'il est moins «dans» le jeu de l'adversaire que lorsqu'il évoluait au milieu, le Ghanéen possède désormais une plus grande liberté de mouvement qui lui permet d'apporter régulièrement un surnombre efficace sur le coté droit. Un coté vers lequel Ballack se déplace plus souvent, qui permet aux trois «meneurs de jeu» de Chelsea - Ballack, Lampard, Joe Cole - de ne pas se marcher sur les pieds. Avec Essien intercalé et Ashley Cole et Malouda (ou Kalou) sur le coté gauche, Chelsea peut utiliser toute la largeur du terrain pour développer des attaques à six ou sept joueurs.
Derrière, la charnière Terry - Carvalho a connu quelques moments difficiles, comme le gardien Cech et comme Makélélé juste devant la défense, mais tous semblent revenir à leur meilleur en cette fin de saison. Et puis, à l'autre bout, il y a Drogba. Lui aussi à son meilleur en cette fin de saison. Et redoutable dans ces grandes confrontations (Arsenal et MU en championnat, Liverpool en demi-finale) qui semblent tirer son essentiel. Un Drogba dont le volume physique en fait aussi le récipiendaire du jeu de Chelsea, ce qui a parfois tendance à l'isoler.
Chelsea, on l'a déjà dit, n'est pas du genre à emballer son jeu. Plutôt à mettre en place une organisation qui va peu à peu prendre la mesure du jeu et du milieu de terrain. Une équipe capable, aussi, de subir avant de réagir. Une qualité première qui devrait lui permettre de tenir tête à United.
Quel Manchester?
Du côté de Sir Alex Ferguson, on parle plutôt de rendez-vous avec l'histoire. Alors, on dépoussière les chiffres. Le cinquantenaire de la catastrophe de Munich... Les quarante ans de la première victoire en Coupe des Champions... Ou encore le quart de siècle du premier succès européen de Sir Alex (Coupe des Coupes 83 avec Aberdeen).
Beaucoup de bla-bla, d'emballage... comme s'il était besoin d'en rajouter, alors que ce MU 2008 offre, tout simplement sur le terrain, la meilleure démonstration de son caractère, de son bagage, de son talent.
Sir Alex n'a rien avancé de ses intentions pour mercredi soir. Même si l'on a vu qu'il pouvait modifier la géométrie de son équipe en fonction de l'événement. Et que son format «Coupe d'Europe» pouvait s'avèrer tout aussi redoutable que la formule «libre» en Championnat. La nature de l'adversaire rend le choix plus complexe: adversaire «européen» ou «domestique»?
Un but n'importe quand
Toujours est-il que ce MU s'articule essentiellement à partir des mêmes principes: une défense dense, à deux rideaux, qui prend soin de ne pas se faire déborder, qui à descendre très, très bas. Ensuite, dès la récupération, jaillissements sur les cotés avec deux ou trois relais. Si le «personnel» peut changer en fonction des occasions - et des adversaires - le moteur reste le même. En phase d'attaque, United possède cette saison l'extraordinaire luxe du choix: il peut décider de placer ses actions, quitte à y perdre un peu de spontanéïté. Il peut aussi s'en remettre au talent pur, aux dribbles déroutants de Ronaldo, aux accélérations de Rooney, à l'opportunisme de Tevez.
Avec Giggs, Park, Nani, Scholes, Saha ou Anderson en compléments, Manchester offre cette saison une palette offensive sidérante: 109 buts inscrits toutes compétitions confondues, dont, bien sûr, 41 pour Ronaldo. La triplette Ronaldo - Rooney - Tevez totalise, elle, 78 réalisations. Ce United possède l'impressionnante capacité de pouvoir sortir un but presque n'importe quand. En tout cas, dès que le besoin s'en fait sentir.
Complète, mais pas irréprochable
Autre facette de cette équipe: depuis plusieurs semaines, Sir Alex insiste désormais sur la nature «complète» de son équipe. Vrai qu'il est difficile de lui trouver un défaut. Evra et Brown ont repris en main les couloirs, tout aussi difficiles à déborder qu'à contenir lorsqu'ils se jettent vers l'avant. Au milieu, l'équilibre semble avoir été trouvé autour de Carrick, avec des appuis de Scholes, Anderson, Fletcher ou Hargreaves. En défense centrale, Ferdinand et Vidic ont franchi un pallier considérable dans leur entente et leur autorité. Et le «vieux» Van der Sar prouve dans les buts qu'il demeure un formidable compétiteur.