MUNICH, Allemagne - Le deuxième choc du « groupe de la mort » à l'Euro pourrait déjà faire une victime: l'Allemagne. Après sa défaite contre la France (1-0), la Mannschaft n'a plus de joker à l'heure de défier samedi à Munich le Portugal de Cristiano Ronaldo.

D'autant que les champions d'Europe en titre arrivent lancés, grâce à leur tardive mais large victoire sur la Hongrie (3-0), avec deux buts de leur emblématique capitaine « CR7 », ce qui peut leur permettre de valider dès samedi soir leur billet pour les huitièmes.

Pour la sélection de Joachim Löw, qui joue à domicile mais n'arrive toujours pas à susciter l'enthousiasme dans son pays, l'enjeu est lourd: si elle perd, il lui faudrait battre la Hongrie dans le troisième match, et prier ensuite pour se retrouver parmi les quatre meilleurs troisièmes de groupe, qui participeront aux huitièmes de finale.

Les joueurs allemands l'ont reconnu, le choc inaugural de la défaite contre les champions du monde a été dur à encaisser: « Ça nous a tous fait mal. L'ambiance est un peu meilleure, mais la déception est toujours là », a lâché le défenseur Emre Can jeudi, deux jours après le match.

La récupération prônée par le coach Joachim Löw a donc été autant mentale que physique. L'Allemagne, après son élimination au premier tour du Mondial-2018, doit se prouver qu'elle est encore capable de s'extirper de la phase de groupe dans un grand tournoi. Douloureux pour un quadruple champion du monde.

Ronaldo devant Platini

Les Portugais n'ont pas les mêmes états d'âme. Ils peuvent s'appuyer sur quelques certitudes, même si la qualité de leur jeu ne fait pas encore honneur aux talents qui composent la sélection.

À 36 ans, Ronaldo a parfaitement lancé son tournoi en signant un doublé face aux Hongrois, lui permettant de devenir, avec 11 buts, le meilleur buteur de l'histoire de l'Euro devant le Français Michel Platini (9).

Sur le plan personnel, l'attaquant de la Juventus Turin a certainement dans un coin de la tête le record mondial de buts en sélection de l'Iranien Ali Daei (109), dont il n'est plus qu'à trois longueurs.

Et le quintuple Ballon d'Or peut encore améliorer une statistique personnelle: il n'a jamais marqué contre l'Allemagne malgré des confrontations au Mondial 2006 et 2014 ainsi qu'à l'Euro 2008 et 2012. Il a revanche battu neuf fois déjà le gardien allemand Manuel Neuer en Ligue des champions en six confrontations, avec... trois doublés et un triplé!

« Pléthore de grands joueurs »

Souci supplémentaire pour les Allemands, Ronaldo n'est plus l'unique danger, comme il l'était en 2014, lorsque l'Allemagne avait battu le Portugal 4-0 au Mondial brésilien.

« Le problème, c'est le nombre de bons joueurs offensifs », note Mats Hummels, le défenseur central de la Mannschaft. « En 2014 Ronaldo était encore le point fixe de leur attaque, maintenant ils ont pléthore de grands joueurs. »

Pour l'heure, l'historique entre les deux nations n'est pas en faveur de la Seleçao qui n'a pris le meilleur sur la Mannschaft qu'une seule fois en compétition officielle au XXe siècle, à l'Euro 2000 (3-0), et a perdu ensuite quatre fois.

Mais l'Allemagne, en panne d'efficacité offensive, va se heurter à une équipe qui a une nouvelle fois gardé sa cage inviolée contre la Hongrie, comme ce fut le cas pendant la préparation à l'Euro lors du choc contre l'Espagne (0-0) puis face à Israël (4-0).

« Notre objectif sera de gagner ce match, de le contrôler, de tenter d'avoir le ballon au maximum et marquer des buts », a déclaré le milieu Bruno Fernandes en conférence de presse jeudi. 

À peu près mot pour mot ce que Joachim Löw devrait dire à ses hommes dans le vestiaire de Munich.