MADRID, Espagne - Alors qu'Unai Simon a failli éliminer l'Espagne avec sa bourde mémorable contre la Croatie, Yann Sommer a été le héros de la Suisse, en arrêtant l'ultime tir au but de Kylian Mbappé : les deux gardiens s'affrontent vendredi en quarts de l'Euro à Saint-Pétersbourg, avec deux trajectoires aux antipodes.

L'un arrive au sommet de sa gloire, après son arrêt qui a propulsé la Suisse pour la première fois de son histoire en quarts de finale de l'Euro. L'autre a commencé son match contre la Croatie avec une énorme bévue, avant de bloquer deux frappes cruciales en fin de match.

« Je me suis martyrisé un peu, je l'ai regardée six ou sept fois. Je n'ai pas d'explications. La pelouse ne m'a pas gêné, le ballon m'échappe... C'est un accident », a confié le gardien basque de la sélection espagnole en conférence de presse mercredi, deux jours après ce contrôle raté sur une innocente longue passe en retrait, synonyme de but concédé dès la 21e minute de jeu.

Simon, « de l'enfer aux cieux »

« Ce groupe est un véritable luxe. Ils m'ont beaucoup remotivé. David (De Gea, le gardien remplaçant) m'a attendu à la mi-temps. Ce qu'il m'a dit, je le garde pour moi, mais ça m'a beaucoup aidé, ça m'a fait me sentir plus tranquille », a détaillé le portier de l'Athletic Bilbao.

Paradoxalement, c'est pour sa qualité de relance balle aux pieds que Simon (24 ans) a été choisi par Luis Enrique devant De Gea, Robert Sanchez (Brighton) et Kepa Arrizabalaga (Chelsea, non retenu) pour défendre les cages de la "Roja" à l'Euro.

« Il ne faut pas se martyriser, s'auto-flageller. Il ne faut pas regarder l'action 25 fois. Au contraire. Ce qui importe, ce n'est pas l'erreur, c'est ce que tu en fais, et Unai Simon s'est relevé de manière merveilleuse », a salué Luis Enrique jeudi en conférence de presse.

« Je crois que Rafael Nadal disait que les joueurs de tennis ont une mémoire de poisson rouge, car le plus important, ce n'est pas la balle que tu viens de manquer, mais celle que tu vas envoyer. Dans le foot, c'est pareil », a-t-il ajouté.

Plutôt impassible pour un gardien qui venait de commettre une grossière erreur, le jeune portier s'est en effet bien rattrapé, malgré les trois buts encaissés, avec des arrêts cruciaux pour qualifier son équipe. Notamment un arrêt, le plus important, sur une tentative d'Andrej Kramaric dans la prolongation. « De l'enfer aux cieux des quarts. Du coeur, et du courage », a résumé Marca.

Sommer, le « Federer du foot »

L'enfer, Yann Sommer ne l'a pas connu, lui. Qualifié par le quotidien romand 24 heures de « Federer du foot suisse » pour son image de gendre idéal épargné par les polémiques, le portier du Borussia Mönchengladbach a été le héros de tout un pays, lundi soir.Yann Sommer

Ce spécialiste des penalties, qui avait déjà stoppé deux tentatives de Sergio Ramos en novembre 2020 lors du nul 1-1 contre l'Espagne en Ligue des nations, a gardé sa main gauche ferme face à la frappe de Mbappé au bout de la nuit, pour éliminer les champions du monde français dès les huitièmes de finale de l'Euro.

« À 32 ans, Sommer, devenu papa pour la deuxième fois pendant l'Euro, incarne l'humilité suisse:  Dans le vestiaire, c'est un leader, mais toujours calme, qui dit les choses clairement mais sans s'énerver. Il dégage une tranquillité qu'il sait transmettre à l'équipe », avançait Steve von Bergen, son ex-équipier en équipe nationale, dans Paris Match Suisse le 15 juin.

Très agile, capable de rester très longtemps sur ses appuis avant de plonger, Sommer avait déjà sorti une grosse performance en phase de poules face à la Turquie (victoire 3-1), où il avait enchaîné quatre belles parades pour préserver l'avance des siens.

Un autre exploit de Sommer? Une rédemption pour Simon? Ce quart de finale mettra forcément un terme au rêve de l'un des deux gardiens.