MADRID, Espagne - L'Espagne et la Suisse, adversaires vendredi en quarts de finale de l'Euro, « se connaissent bien », comme l'a rappelé Luis Enrique: l'une de leurs rencontres les plus marquantes reste celle du Mondial-2010, une défaite en forme de déclic pour la Roja qui l'avait propulsée vers le sacre.

Nous sommes le 16 juin 2010, au stade Moses Mabhida, à Durban. L'Espagne, auréolée de son sacre à l'Euro-2008 et portée par une génération dorée (Xavi, Iniesta, Piqué, Puyol, Ramos, Villa, Xabi Alonso...), s'apprête à faire son entrée en lice dans la Coupe du monde.

Elle aborde le Mondial dans la peau de grand favori du groupe H, où elle a été reversée avec le Honduras, le Chili et la Suisse, dont les têtes d'affiche sont Stephan Lichtsteiner et Gelson Fernandes (les deux seuls joueurs ayant vécu ce premier exploit suisse encore dans la sélection actuelle).

Ce 16 juin après-midi, l'Espagne s'inscrit dans la lignée de ce qui a fait son succès à l'Euro-2008 : une possession de balle énorme, et un jeu inspiré du tiki-taka du Barça de Pep Guardiola.

Mais contre la Suisse, comme lors de son premier match de l'Euro-2020 contre la Suède (0-0), l'Espagne est prise à son propre jeu : malgré une possession de balle de 75%, elle n'arrive pas à concrétiser, et plie sur un but marqué par Gelson Fernandes au retour des vestiaires (52e), après un cafouillage dans la surface.

« Défaite incroyable »

« On était raides, on ne voyait pas le ballon », confiait l'unique buteur de la partie au Matin, en 2018. « Ils étaient incroyablement forts, mais dans mon souvenir, on n'a rien volé. En deuxième mi-temps on était même plutôt pas mal. Et on a marqué ce but qui a fait toute la différence. C'est un super souvenir. Forcément, ça compte! Je ne peux pas avoir oublié cela », ajoutait-il.

Ce revers inaugural avait semé le doute dans la presse espagnole. Si Marca avait continué à affirmer que « l'Espagne reste la meilleure sélection du monde », Mundo Deportivo avait qualifié cette défaite d' « incroyable » à sa une, précisant que « la Roja a dominé, mais il lui a manqué de la profondeur et du réalisme ».

Le sélectionneur d'alors, Vicente Del Bosque, avait appelé à un réveil : « Notre obligation est de nous rebeller face à cette situation ».

Une maxime suivie à la lettre par la Roja. Cette défaite lui sert d'avertissement, et lance les champions d'Europe vers le premier sacre mondial : en poules, l'Espagne battra le Honduras 2-0 puis le Chili 2-1. Puis elle écartera méthodiquement le Portugal, le Paraguay, l'Allemagne et les Pays-Bas, à chaque fois sur le score de 1-0, pour atteindre le graal, le premier titre de champion du monde de l'histoire du pays.

La Roja reste à ce jour la seule équipe à avoir gagné un mondial en ayant perdu son premier match. Et c'est également l'équipe sacrée championne du monde à avoir le moins marqué de buts dans la compétition : seulement 8.

Cette année, à l'Euro, l'Espagne en est déjà à onze. Et il lui reste encore trois matches jusqu'au sacre.