LONDRES - Une Marseillaise chantée à tue-tête et un stade de Wembley paré de bleu-blanc-rouge: l'Angleterre a rendu mardi un vibrant hommage aux victimes des attentats sanglants de Paris lors de la réception de l'équipe de France (2-0).

Quatre jours après les événements tragiques survenus dans la capitale française, la pire attaque terroriste de l'histoire du pays (au moins 129 morts), les Anglais ont transformé cette rencontre en un instant solennel de recueillement et de souvenir.

Au-delà du résultat et de la victoire de la formation aux Trois Lions (buts de Dele Alli et Wayne Rooney), totalement anecdotique en ces circonstances, l'émotion a surtout été à son comble au moment des hymnes.

Encouragé depuis samedi par les médias d'Outre-Manche, y compris les bastions du patriotisme pur et dur comme The Sun et The Daily Mirror, les spectateurs ont chanté à l'unisson la Marseillaise pour afficher ainsi leur solidarité avec leurs voisins meurtris.

« Il y a eu une grande émotion, surtout quand le public a chanté les paroles de la Marseillaise projetées sur l'écran géant. C'était le moment le plus émouvant pour moi, de voir aussi les joueurs de l'équipe de France chanter comme ils l'ont fait », a déclaré le sélectionneur de l'Angleterre, Roy Hodgson.

« C'est un grand moment que l'on a vécu. David Cameron a révisé dans la voiture qui l'amenait au stade les paroles de la Marseillaise. C'est la France debout, la France qui ne courbe pas l'échine. La vie continue, c'était la meilleure réponse à apporter à ce qui nous est arrivé », a mentionné le ministre des sports de la France, Patrick Kanner.

Le protocole d'avant-match avait été modifié pour l'occasion et l'hymne du pays-hôte, le God Save The Queen, a pour une fois été joué en premier avant de laisser le temple du football anglais reprendre le célèbre chant révolutionnaire de Rouget de Lisle, dont les paroles sont apparues sur les deux écrans géants de Wembley alors qu'un tifo tricolore géant était déployé.

Les deux équipes se sont ensuite mélangées sous des applaudissements nourris pour observer une minute de silence.

Auparavant, les deux sélectionneurs français, Didier Deschamps, et anglais, Roy Hodgson, notamment accompagnés par le Premier ministre britannique David Cameron et le Prince William, président d'honneur de la Fédération anglaise, avaient déposé des gerbes de fleurs sur le terrain.

Deux rencontres annulées

Depuis samedi, Wembley s'était mis aux couleurs bleu-blanc-rouge, comme de nombreux monuments à travers le monde, et la devise de la République française, Liberté, Egalité, Fraternité, s'affiche en grand sur sa façade.

A événement exceptionnel, mesures exceptionnelles: la rencontre a été entourée d'un dispositif de sécurité draconien, avec des patrouilles de policiers armés autour du stade et des fouilles aux entrées renforcées.

Dès lundi à l'entraînement des équipes, des forces de l'ordre portant gilets pare-balles et armes automatiques étaient visibles à l'intérieur de Wembley, une présence rarissime dans les stades de football anglais.

Les autorités locales ont eu bien conscience que le Stade de France avait clairement été pris pour cible vendredi par les kamikazes qui ont tenté d'y pénétrer lors de la réception de l'Allemagne (2-0) avant de se faire exploser à l'extérieur.

Ailleurs en Europe, les impératifs sécuritaires ont parfois pris le dessus puisque deux matches amicaux, Belgique-Espagne à Bruxelles et Allemagne-Pays-Bas à Hanovre, ont été annulés.

C'est en Belgique que les attentats de Paris ont été « organisés », a déclaré lundi le président français François Hollande, et la police belge est toujours à la recherche du principal suspect, Salah Abdeslam, qui « pourrait être lourdement armé ».

Risque « sérieux » d'attentat

En Allemagne, c'est un risque « sérieux d'attentat à la bombe », selon le chef de la police de Hanovre, qui a motivé cette décision, prise à moins de deux heures du coup d'envoi d'une rencontre à laquelle devaient assister la chancelière Angela Merkel et ses principaux ministres.

« Nous avons eu des indices sérieux selon lesquels un attentat à la bombe était prévu ce soir au stade », a indiqué à la chaîne publique ARD Volker Kluwe après avoir évoqué un peu plus tôt une « menace concrète » d'explosion. Les autorités allemandes ont ensuite indiqué qu'aucun explosif n'avait été retrouvé.

La FA s'était elle montrée rassurante dès lundi au sujet de la sécurité autour d'Angleterre-France, par la voix de Martin Glen, son secrétaire général.

« On sait comment gérer un stade en toute sécurité », avait-il déclaré. 80 000 billets avaient été vendus, dont beaucoup après les attaques. Seule une centaine a été rendue par des fans inquiets.

D'autres hommages aux victimes des attentats de Paris ont également eu lieu mardi, notamment en Italie, où la Marseillaise a été jouée au stade Renato Dell'Ara de Bologne avant le match amical entre l'Italie et la Roumanie.

La seule fausse note de la soirée est venue d'Istanbul où, durant le match Turquie-Grèce, des supporteurs turcs ont crié « Allah Akhbar » (Dieu est grand) et ont sifflé pendant la minute de silence en hommage aux victimes des attentats de Paris.