LONDRES - En plantant ses dents dans le bras de Branislav Ivanovic dimanche, l'attaquant Luis Suarez, coutumier des coups de génie et des coups tordus avec Liverpool comme avec l'Uruguay, a une nouvelle fois mordu la ligne jaune.

À 26 ans à peine, le Sud-Américain s'est déjà taillé une solide réputation d'« affreux », qu'il n'a fait qu'accentuer depuis son arrivée en Angleterre au mercato d'hiver 2011 en provenance de l'Ajax Amsterdam.

La première de ses vilénies diffusée en mondovision a eu pour théâtre la Coupe du monde 2010. Non content d'arrêter sur la ligne un tir de façon tout à fait volontaire avec les mains à la dernière minute du quart de finale contre le Ghana, Suarez, exclu par l'arbitre, avait manifesté sa joie avec ostentation lorsqu'Asamoah Gyan avait manqué le pénalty consécutif.

L'Uruguayen n'en était pas à son coup d'essai. Dès sa première sélection internationale avec la « Céleste », contre la Colombie en 2007, il avait été exclu pour une protestation qui lui avait valu un deuxième carton jaune.

Même la morsure du défenseur de Chelsea dimanche n'était pas une première. Avec l'Ajax en 2010, il avait agressé de la même façon un joueur du PSV Eindhoven et avait été suspendu sept matches.

Acheté par Liverpool pour 26 millions d'euros, Suarez a continué à bâtir sa légende noire par une nouvelle série d'infamies.

La plus célèbre restera sa provocation raciste à l'encontre du défenseur de Manchester United Patrice Evra en octobre 2011, sanctionnée de huit matchs de suspension et d'une amende de 40 000 livres. L'Uruguayen avait aggravé son cas quatre mois plus tard en refusant de serrer la main du Français.

Protégé par son talent

Volontiers insolent avec les supporteurs adverses - il a été suspendu pour un geste désobligeant envers ceux de Fulham en décembre 2011 - Suarez a, pour couronner le tout, une réputation bien ancrée de tricheur. En janvier dernier, il a ainsi marqué le but de la victoire face à un club de division inférieure en FA Cup en contrôlant volontairement le ballon de la main. Ses plongeons dans la surface suscitent régulièrement la colère de ses adversaires.

Après visionnage des images du match, la Fédération anglaise de football (FA) pourrait sanctionner une nouvelle fois l'Uruguayen. Quant aux « Reds », ils ont pris les devants en lui infligeant une amende d'un montant inconnu.

Mais en dépit des déclarations indignées, comme celle de son entraîneur Brendan Rodgers, qui a jugé son comportement « inacceptable », Suarez n'a pas à s'inquiéter pour son avenir à Liverpool. Le Sud-Américain, qui a présenté dès dimanche soir de plates excuses, est protégé par son talent, un des plus exceptionnels de sa génération.

Le directeur général des Ian Ayre a écarté toute idée de vendre Suarez à l'intersaison. « Il a signé un nouveau contrat de quatre ans l'été dernier et nous voulons qu'il l'honore jusqu'au bout. C'est un joueur fantastique et un grand buteur. Il possède tout ce que nous souhaitons chez un attaquant. Rien n'a changé de ce point de vue-là ».Doté d'une admirable technique, il n'en finit plus de marquer depuis son arrivée sur les bords de la Mersey : déjà 51 buts en deux saisons et demie toutes compétitions confondues et 23 cet saison en Premier League, dont il est le meilleur buteur.

Rien que pendant le fameux match contre Chelsea, il a égalisé à 2-2 à la dernière seconde d'un joli coup de tête après avoir offert le premier but des « Reds » d'un superbe centre sans contrôle.

« C'est un joueur brillant qui sort d'une saison brillante. S'il se débarrassait de lui, le perdant serait le club lui-même », a résumé l'ancien défenseur écossais de Liverpool Alan Hansen.

Suarez a toutefois été sanctionné d'une amende par son club.

« Pour mon comportement inacceptable d'hier, le club m'a infligé une amende », a dit l'Uruguayen sur Twitter, sans en préciser le montant. « J'ai demandé au club de faire don de l'argent au groupe de soutien aux familles des victimes de Hillsborough, en raison du désagrément que j'ai causé aux supporteurs de Liverpool et à Ivanovic », a-t-il ajouté.

La catastrophe du stade de Hillsborough, en 1989, avait fait 96 morts parmi les supporteurs de Liverpool venus assister à un match de Coupe d'Angleterre à Sheffield.