Il a 18 ans, il est déjà le deuxième joueur le plus cher de l'histoire et vient de marquer son premier but en Bleu : Kylian Mbappé va emménager au PSG, et avec ses dons de buteur, ça risque encore de déménager sur la planète soccer.

Son but? Contrôle en laissant passer le ballon sous son pied d'appui pour se mettre dans le sens de la course à 40 mètres du but, crochets en zizgag avant de décaler Djibril Sidibé, plat du pied sans contrôle du centre en retrait de son coéquipier. En mode supersonique, comme chaque fois.

Pour sa première réalisation avec l'équipe de France (il avait touché une barre transversale face à l'Angleterre en juin), Mbappé a offert jeudi contre les Pays-Bas (4-0), en seulement 18 minutes de jeu, un condensé de son talent inné.

« Je pense qu'il a une qualité principale, il va très vite dans sa capacité à éliminer, avec sa course, mais aussi son jeu de corps, ce qui lui permet d'avoir un temps d'avance », décrypte à l'AFP Ludovic Batelli, son ancien sélectionneur en sélections de jeunes.

De la race des grands buteurs

« Et ce petit temps d'avance lui permet d'avoir ce relâchement indispensable pour la prise en compte, l'analyse de la situation, et avoir le bon positionnement, le geste juste. C'est tout ça mêlé qui fait qu'il ne lui faut pas 50 000 occasions pour les mettre au fond parce qu'il se donne du temps, de l'espace, il se déplace bien, et agit vite. Il a cette lucidité, ce sang-froid devant le but, qui est la race des grands buteurs », ajoute-t-il.

« On acquiert souvent ça plutôt dans la deuxième partie de sa carrière. Lui il l'a très très jeune, c'est ce qui va lui permettre de devenir un futur très grand », souligne encore celui qui a été sacré « champion d'Europe U19 en 2016 à la tête de la génération Mbappé ».

Une performance d'autant plus remarquable pour l'un des plus jeunes buteurs de l'histoire des Bleus (18 ans et 8 mois; 5 sélections), que son état de forme physique et psychologique présumé avant la rencontre n'était pas au beau fixe.

Laissé sur le banc à Monaco pour le début de saison, à cause d'un tranfert qui a traîné en longueur, le gamin de Bondy (nord de Paris) a une nouvelle fois montré qu'il avait les nerfs solides dans les grands rendez-vous. Et que ses fulgurances balle au pied entrevues lors d'une deuxième partie de saison époustouflante n'avaient rien du feu de paille.

« Le soccer, c'est là où je m'exprime le mieux. C'était un réel plaisir de retrouver le terrain. J'avais des fourmis dans les jambes à force de rester sur le banc », a déclaré après la rencontre Mbappé, sur un ton toujours aussi détaché malgré la nuée de micros et de caméras.

Un penseur du jeu

Prêté par Monaco à Paris pour la saison à venir avec une option d'achat estimée par la presse à 180 millions d'euros, bonus compris, la pépite devient le joueur français le plus cher de l'histoire. Le prix à payer pour s'offrir un talent doué des pieds la tête, bien faite.

« J'aime bien le regarder jouer parce qu'il pense. Il y a un truc qui me chatouille et qui me chagrine des fois, on parle souvent d'un joueur et on dit : "il va vite, il est costaud, il saute haut" mais on ne parle jamais d'un cerveau d'un joueur. Quand je le regarde dribbler, il pense », avait apprécié Thierry Henry, légende du soccer français auquel il est souvent comparé, dans un entretien à Canal+ fin mars dernier.

« Il pense quand il joue, et ça pour moi c'est le plus important dans un joueur, il utilise son cerveau. Ca pour moi c'est le signe d'un mec qui peut aller très loin », avait-il ajouté.

Ludovic Batelli confirme : « C'est quelqu'un qui analyse le jeu, son jeu et aussi celui de l'adversaire en permanence donc à partir de là il est acteur et moteur de sa réussite, et c'est ce qui importe le plus ».

Surdoué sur tous les plans!