Deux coups de tête, un brassard au bras, le Français Karim Benzema a sauvé le Real Madrid contre Eibar (2-1), samedi pour la 31e journée du Championnat d'Espagne, évitant bien des maux de crâne à son entraîneur et compatriote Zinédine Zidane.

Retombée dans ses travers dans un stade Santiago-Bernabeu clairsemé et frondeur, l'équipe merengue s'était pourtant retrouvée menée à domicile après une belle action conclue par Marc Cardona (39e).

Mais Benzema, capitaine pour l'occasion, a ramené les Madrilènes à hauteur d'une tête piquée (59e) avant d'arracher la victoire d'une nouvelle tête (81e), soit son 17e but dans cette Liga. Et il est passé de peu à côté du triplé, trouvant le poteau (90e+3).

Cette victoire au forceps fera du bien au club merengue, apparu en roue libre ces derniers jours malgré l'embellie née du retour en sauveur de Zidane le 11 mars.

Bourreaux de l'Atlético en l'espace de deux minutes (2-0), Luis Suarez et Lionel Messi ont eux permis au meneur Barcelone d'écarter son dauphin réduit à dix, et de filer vers le titre.

Avec ce succès décisif, le Barça (1er, 73 pts) s'est offert un matelas de 11 longueurs d'avance sur l'Atlético Madrid (2e, 62 pts) à sept matchs de la fin. De quoi rêver d'un 26e titre de champion d'Espagne, en attendant peut-être un autre trophée en Coupe du Roi, dont le Barça jouera la finale le 25 mai contre Valence, et aussi la Ligue des champions, qui sait?

Au Camp Nou, on s'acheminait vers un nul logique dans ce choc au sommet, l'Atlético Madrid ayant bien résisté malgré le carton rouge direct adressé à Diego Costa, apparemment pour avoir insulté l'arbitre (28e). Mais au final, Suarez a expédié un coup de canon entré avec l'aide du poteau (85e) et Messi, meilleur buteur de Liga (33 buts), a enfoncé le clou avec sang-froid (86e).

Pour ne rien gâcher, le scénario du soir, avec une heure passée en supériorité numérique, a permis aux Catalans d'économiser leurs forces avant leur choc contre Manchester United mercredi en quart de finale aller de C1...

Cette victoire barcelonaise fait au passage les affaires du Real Madrid (3e, 60 pts), qui a renversé Eibar 2-1 grâce à un doublé de Benzema : l'entraîneur Zinédine Zidane n'a pas caché son ambition de finir deuxième de Liga puisque le titre semble promis au Barça...

Déconnexion

Samedi, le technicien français n'a pu empêcher son équipe d'afficher les lacunes chroniques qui ont plombé la saison: attentisme défensif et maladresse offensive.

À leur décharge, les Madrilènes n'ont plus grand-chose à craindre ou à espérer dans cette Liga où ils devraient obtenir sans trop de frayeur la 3e ou la 4e place qualificative pour la Ligue des champions. Mais la déconnexion est évidente pour les champions d'hier, triples vainqueurs de la C1 sous le premier mandat de « Zizou » (2016-2018). Comment expliquer que le Ballon d'Or Luka Modric rate ainsi des passes faciles? Ou que le champion du monde Raphaël Varane commette des erreurs aussi grossières?

Le défenseur français, au coeur de rumeurs de transfert, a été coupable de pertes de balles aussi dangereuses qu'inhabituelles (10e, 32e). Et sur l'ouverture du score, il laisse volontiers Gonzalo Escalante s'infiltrer dans la surface balle au pied et servir Marc Cardona, buteur d'un petit ballon piqué (39e).

Ce but a provoqué une salve de sifflets de la part des amateurs madrilènes, insupportés par le spectacle proposé. En particulier, le Bernabeu semble avoir pris en grippe l'ailier gallois Gareth Bale, annoncé sur le départ l'été prochain.

Benzema ramène le calme

À la pause, la bronca contre l'équipe merengue était spectaculaire malgré le temps pluvieux et la faible assistance.

Pour égaliser, il a fallu en seconde un sursaut d'un des rares joueurs madrilènes à n'avoir pas déçu cette saison: Karim Benzema, meilleur buteur du Real (26 buts) et capitaine samedi en l'absence de Sergio Ramos et de Marcelo.

Déjà sauveur contre Huesca (succès 3-2), déjà buteur à Valence (revers 2-1), l'avant-centre a cette fois profité d'un cafouillage défensif pour marquer dans la cage vide, mais le but a été annulé pour hors-jeu (55e).

Pas très grave: quatre minutes plus tard, le Français s'est trouvé à la réception d'un centre de Marco Asensio pour catapulter le ballon au fond d'une tête piquée (59e). Puis il a récidivé sur un centre de Toni Kroos (81e), soit son 6e but sur ses cinq dernières apparitions.

Le calme est aussitôt revenu au Bernabeu: le stade a scandé le nom du Français et a attendu jusqu'au bout un triplé qui n'est jamais venu, Benzema ratant deux grosses occasions face à la cage (87e, 88e) avant d'enrouler une frappe sur le poteau (90e+3).