Le FC Barcelone samedi à Majorque, le Real Madrid dimanche contre Eibar: les stars des deux grands d'Espagne, à la lutte pour le titre à onze journées de la fin, retrouvent les pelouses ce week-end dans des stades à huis clos et en suivant un strict protocole médical.
Après 91 jours de paralysie (le football a été arrêté le 12 mars en Espagne), les footballeurs espèrent redonner un sens aux enjeux sportifs de cette fin de saison: le Real et son entraîneur Zinédine Zidane, qui avaient été placés en quarantaine au début de l'épidémie, espèrent reprendre la première place de Liga au Barça de Messi et Antoine Griezmann, premiers avec deux points d'avance.
Les deux mois passés en confinement ont au moins permis aux blessés de se soigner: le Belge Eden Hazard (Real Madrid), remis d'une fracture de la cheville droite, et l'Uruguayen Luis Suarez (Barcelone), opéré du ménisque droit le 12 janvier, vont retrouver la pelouse au meilleur moment.
Ils ont d'ores et déjà retrouvé leurs partenaires au fil d'une reprise échelonnée sur cinq semaines, censée éviter tout risque de contagion: d'abord lors de séances individuelles, puis par petits groupes, et avec le groupe complet depuis début juin.
« Sur la pointe des pieds »
Troisième grand championnat d'Europe à reprendre la compétition après l'Allemagne et le Portugal, l'Espagne s'apprête à son tour à découvrir les aspects les plus déroutants le football au temps du coronavirus.
Les joueurs évolueront dans des stades fermés au public, un cadre qui s'annonce particulièrement étrange pour le derby andalou entre le Séville FC et le Betis, qui donnera le coup d'envoi de la reprise de la Liga jeudi soir (20h00 GMT). Cette affiche, parmi les plus bouillantes d'Espagne en temps normal, sera cette fois bien silencieuse.
De son côté, le Barça accueillera ses adversaires dans les échos de l'immense Camp Nou (plus grand stade d'Europe avec 99.354 places).
Quant au Real Madrid, privé de son stade Santiago-Bernabeu en travaux, il jouera ses matches à domicile dans le petit stade d'entraînement Alfredo Di Stéfano (6.000 places), bâti dans les grandes étendues de Valdebebas, quartier récent du nord-est de Madrid.
« La semaine prochaine, l'équipe réapparaîtra entre le silence des gradins et la discrétion de Valdebebas. Comme s'il revenait dans la bataille pour le titre sur la pointe des pieds. Ce n'est pas sa nature », a résumé l'Argentin Jorge Valdano, ex-joueur du Real Madrid et voix respectée du football en Espagne, samedi dans le quotidien El Pais.
Soulagement
Les Espagnols sont toutefois soulagés de cette reprise du football, premier pas vers l'amorce d'un retour à la normale, alors que le pays a été l'un des plus durement touchés au monde par la pandémie.
L'Espagne a réussi à maîtriser le virus ces dernières semaines, mais est l'un des pays les plus touchés avec plus de 27.000 décès confirmés, selon des chiffres publiés dimanche.
Seules quelques voix isolées, comme l'équipe d'Eibar ou le défenseur valencien Gabriel Paulista, ont évoqué leur peur de reprendre la compétition, relancée principalement pour préserver les recettes de droits télévisés des clubs.
C'est pourquoi le patron de la Ligue professionnelle (LaLiga) Javier Tebas souhaitait ardemment cette reprise, accordée par le gouvernement de Pedro Sanchez qui a effectué là une concession populaire en temps de crise, dans un consensus quasi général.
En Espagne, ce redémarrage concerne un secteur économique clé, qui représente 1,37% du produit intérieur brut (PIB) du pays, selon un rapport de LaLiga datant de 2019.
Le manque à gagner, estimé à un milliard d'euros si le championnat ne reprenait pas, sera ainsi limité à 303,4 millions d'euros. Et les supporters espagnols vont pouvoir revoir leurs stars à l'oeuvre.