BERLIN - Uli Hoeness, président du Bayern Munich, club de football le plus titré d'Allemagne, sera jugé en mars pour fraude fiscale, a annoncé lundi un tribunal local.

M. Hoeness, personnalité influente et très médiatisée dans un pays où le soccer est le sport roi, est soupçonné d'avoir dissimulé de l'argent en Suisse. La révélation de cette affaire par les médias au printemps avait choqué l'Allemagne.

Le tribunal de grande instance de Munich a annoncé lundi qu'il avait décidé de la tenue d'un procès « pour des faits de fraude fiscale » sur la base d'une plainte du parquet. La première audience est prévue le 10 mars 2014.

L'ancien joueur de soccer professionnel s'est dit surpris que la justice allemande n'ait pas tenu compte du fait qu'il s'était lui même dénoncé auprès des autorités fiscales. « D'ici au procès en mars nous allons tout faire pour convaincre le tribunal de nos arguments », a-t-il lancé à Plzen, en République tchèque où le Bayern Munich doit disputer mardi un match de Ligue des champions. « Nous devons nous préparer au procès », a-t-il ajouté.

Le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffen Seibert, a affirmé « ne pas avoir à commenter cette procédure judiciaire de la même manière qu'il ne commente pas d'autres procédures ».

Fin avril, il avait exprimé la déception de la chancelière. « Beaucoup de gens en Allemagne sont déçus par Uli Hoeness, la chancelière fait partie de ceux-là », avait-il déclaré.

Soutien du conseil de surveillance

M. Hoeness n'a jamais caché sa sympathie pour le parti conservateur de Mme Merkel. La chancelière l'avait reçu avant que n'éclate le scandale et elle a plusieurs fois assisté à des rencontres de football à ses côtés.

Le conseil de surveillance du club bavarois, au sein duquel siègent plusieurs grandes figures de l'industrie allemande, comme Herbert Hainer (Adidas), Martin Winterkorn (Volkswagen) ou Rupert Stadler (Audi), a maintenu lundi sa confiance à M. Hoeness, 61 ans.

« Il existe au sein du conseil de surveillance un consensus pour qu'Uli Hoeness continue d'exercer ses fonctions de président du FC Bayern Munich », ont réagi ces dirigeants dans un communiqué. Ils ont souligné que la loi allemande « ne prévoit aucune interdiction d'activité pour un membre d'un conseil de surveillance en cas de condamnation pénale ».

Le tribunal a précisé qu'il ne fournirait pas de détails sur les faits reprochés au président du club champion d'Europe et d'Allemagne « avant la lecture de l'acte d'accusation » prévue lors du procès, « en raison des obligations de confidentialité liées aux procédures en matière de fiscalité ».

Quatre journées d'audience

Quatre journées d'audience sont annoncées du 10 au 13 mars et « l'audition de quatre témoins est prévue », a précisé le tribunal.

Le 20 avril dernier, la presse allemande avait révélé que Hoeness avait caché de l'argent en Suisse et négligé de payer des millions d'euros d'impôts sur des intérêts engrangés par ces avoirs.

Arrêté le 20 mars, Uli Hoeness, avait été libéré le même jour après versement d'une caution de 5 millions d'euros.

M. Hoeness s'était dénoncé auprès des autorités fiscales allemandes en janvier et avait reconnu avoir commis une « faute grave », indiquant qu'il allait chercher à « réparer une partie de sa faute ». Dans une entrevue publiée en avril, il avait reconnu avoir profité des lois suisses sur le secret bancaire.

Véritable géant du football allemand, le club bavarois, leader du championnat d'Allemagne à l'issue de la 11e journée, détient le record de titres de champion de Bundesliga (23).

La saison passée, le Bayern avait réalisé un triplé historique: Ligue des champions, victoires en championnat et en Coupe d'Allemagne.