ROME - Massimiliano Allegri n'est plus l'entraîneur de l'AC Milan, victime à la fois du déclin du géant rossonero, qu'il n'a pas su enrayer avec un effectif appauvri, et du combat des chefs entre Barbara Berlusconi et Adriano Galliani.

Cette fois, c'est fini. Plusieurs fois au bord du licenciement ces deux dernières années, « Max » a sauté lundi, au lendemain de l'effroyable défaite 4-3 contre Sassuolo, promu en Serie A, et sur un quadruplé d'un gamin de 19 ans, Domenico Berardi.

Dans l'urgence l'équipe a été confiée à l'éternel adjoint, Mauro Tassotti. « Provisoirement », a précisé le club, ce qui laisse la porte ouverte à l'arrivée prochaine de l'ex-buteur vedette Filippo Inzaghi, entraîneur de la réserve et grand favori à la succession d'Allegri selon la presse italienne.

Arrivé en 2010, Allegri a commencé par le titre de champion 2011 avant de descendre une marche chaque saison: 2e en 2012, 3e en 2013, et 11e à mi-parcours en 2014, à 30 points de la Juventus, le leader. Un abîme, et un affront « inacceptable » pour Barbara Berlusconi et les tifosi rossoneri.

Milan est surtout à 20 points de la troisième place et ratera la prochaine Ligue des champions, à moins de gagner celle en cours, ce qui semble impossible (8e de finale contre l'Atletico Madrid).

« Il comprend que dalle »

Allegri a des circonstances atténuantes, son effectif ayant été déshabillé depuis le premier titre. Il a perdu ses deux seules stars, Zlatan Ibrahimovic et Thiago Silva, séduits par le projet plus riche et plus brillant du Paris SG.

Ils ont été remplacés par une étoile plutôt sur le déclin, Kaka, et une autre qui n'a pas encore confirmé toutes ses promesses, Mario Balotelli.

La défense, dont le passé s'enorgueillit de géants du poste, de Franco Baresi à Alessandro Nesta, n'a plus que des seconds couteaux comme Cristian Zapata ou des joueurs sur la pente descendante comme Philippe Mexès.

Mais même affaibli par rapport à l'illustre histoire du club sept fois champion d'Europe, l'effectif avait tout de même de quoi résister à Sassuolo.

Allegri, avec sa tactique caméléon, plus prompt à s'adapter à l'adversaire qu'à bâtir un style propre, est aussi tombé en pleine guerre des clans. Protégé d'Adriano Galliani, administrateur délégué historique du club, il ne plaît ni à Silvio Berlusconi, le propriétaire, ni à sa fille Barbara, en train de prendre le pouvoir au club.

L'ex-président du Conseil italien s'était déjà plusieurs fois laissé aller publiquement à critiquer Allegri, lâchant un : « Il comprend que dalle », en un patois resté fameux.

Galliani, qui avait l'oreille de Silvio, avait toujours défendu Allegri quand les résultats baissaient, arguant qu'il faisait au mieux avec ce qu'il avait. Mais l'ascension de Barbara, qui a poussé Galliani à démissionner avant de se rétracter, a accentué la pression.

« BB », pour l'instant co-administratrice déléguée, a l'occasion de marquer son territoire en chassant le technicien défendu par l'autre patron opérationnel du Milan.

Elle pourrait installer « Pippo » Inzaghi, grand rival d'Allegri qui lui a « gâché » sa fin de carrière en le faisant très peu jouer. L'ex-terreur des surfaces s'est fait les dents avec la réserve, qui a gagné dimanche son derby contre l'Inter (2-0), mais il risque gros à prendre sans autre expérience, et en cours de saison, un effectif affaibli et mal classé.