Rudi Garcia a été démis mercredi de ses fonctions à la tête de l'AS Rome, victime de résultats moyens cette saison après deux années réussies mais aussi et surtout de l'instabilité chronique du club giallorosso.

« Nous avons vécu ensemble des moments positifs, mais nous considérons que c'est le bon moment pour changer », a écrit le président américain du club James Pallotta dans un communiqué.

Garcia et la Roma, c'est une histoire d'amour qui finit mal mais il y a bien eu de l'amour. Sa première saison (2013-2014) avait en effet été un vrai succès, conclue par une deuxième place derrière l'inaccessible Juventus, record de points du club de la capitale (85) à la clé.

Arrivé entouré d'un certain scepticisme malgré un doublé Coupe-Championnat avec Lille en 2011, Garcia avait mis tout le monde d'accord avec une série de 10 victoires pour ses débuts en Serie A.

Sa cote était même au zénith après un succès dans le derby face à la Lazio, à l'issue duquel il expliquait, en italien, que la Roma avait « remis l'église au milieu du village ».

La saison suivante avait été moins brillante, même si elle s'est conclue sur une autre deuxième place, loin derrière la Juve. Les formules de Garcia faisaient moins mouche auprès des omniprésents médias sportifs italiens et quelques désaccords apparaissaient avec la direction italo-américaine du club.

Barcelone et La Spezia

Et cette saison, le technicien français n'est pas parvenu à reprendre pleinement la main sur son équipe ni à lui donner un équilibre.

Cinquièmes à sept points du meneur Naples à mi-championnat alors qu'ils étaient en tête après la 10e journée, les Romains n'ont gagné qu'un seul de leurs 10 derniers matchs toutes compétitions confondues.

La qualification pour les 8es de finale de la Ligue des champions, objectif annoncé, a bien été atteinte mais avec énormément de difficultés et au prix d'une humiliante défaite 6-1 à Barcelone.

Surtout, l'élimination en Coupe d'Italie face à la modeste équipe de Serie B de La Spezia a été très mal vécue par Pallotta.

Toujours apprécié de la plupart de ses joueurs, qui lui avaient offert un sursis avant Noël en battant le Genoa, Garcia a aussi payé ses remarques sur la forme physique de son effectif, elles aussi peu appréciées de Pallotta, qui avait choisi les actuels préparateurs athlétiques du club.

Le technicien français a pourtant dû composer avec d'innombrables blessures, parfois très longues et touchant les cadres (Totti, Keita, Strootman, Castan...) d'un effectif mal bâti et au sein duquel l'avant-centre Dzeko ne s'est pas imposé.

Spalletti attendu

Mais surtout, Garcia est sans doute victime de l'instabilité constante d'un club qui vient de consumer un quatrième entraîneur en cinq ans de présidence américaine.

Le grand écart entre Boston, où est basé Pallotta, et Rome, où opèrent le directeur général Mauro Baldissoni et le directeur sportif Walter Sabatini, est souvent ingérable.

On l'a encore constaté avec les hésitations des dernières semaines entre les tenants d'un départ immédiat de Garcia et ceux qui voulaient attendre l'été pour essayer de convaincre le sélectionneur italien Antonio Conte de prendre les commandes.

La politique de recrutement pose également question. Le club s'est séparé ces dernières années de trois défenseurs centraux jeunes et de grande valeur (Marquinhos, Benatia, Romagnoli) et la défense est devenue le point faible de l'équipe.

L'argent récolté a souvent été mal dépensé et la Roma, qui n'est pas si riche, va devoir désormais assurer le coût du licenciement de Garcia et des exigences de son probable successeur, Luciano Spalletti.

Si ce choix était confirmé, Spalletti arriverait avec un immense atout: il est le dernier à avoir gagné des trophées avec la Roma (deux coupes d'Italie en 2007 et 2008, une Supercoupe en 2007).

Mais comme pour Garcia, la fin de l'histoire avait été amère. En 2009, il avait démissionné après deux journées, regrettant le manque de moyens à sa disposition. Il avait ensuite rejoint le beaucoup plus riche Zenit Saint-Pétersbourg.