Zlatan Ibrahimovic, la fierté de Malmö
France vendredi, 3 avr. 2015. 08:47 samedi, 14 déc. 2024. 18:35À Malmö, ville natale de Zlatan Ibrahimovic, on hausse les épaules à l'évocation de la polémique française autour des propos injurieux du Suédois, icône intouchable.
Alors qu'en France sa tirade sur un « pays de merde » qui « ne mérite pas le PSG » est mal passée, y compris dans le monde politique, où le premier ministre Manuel Valls s'est dit choqué, rien de tel en Suède.
Mats Lilienberg, qui fut son coéquipier à Malmö en 2000 et 2001, dépeint un athlète travailleur et concentré sur la compétition, dont les outrances font aussi le charme. Derrière l'orgueil il y a « une autre personne si on fait sa connaissance », d'après lui.
« Il arrivait, il était jeune et sûr de lui. Il était exactement le même à l'époque qu'aujourd'hui. Mais [...] il est très sympa, humble. Il est toujours là pour ses proches », explique-t-il à l'AFP.
« Il a la classe, il a un bon caractère. Son attitude n'est pas toujours correcte mais on l'aime quand même », dit Elias Abdullah, lors d'un tournoi de soccer scolaire dans les quartiers populaires du sud-est de Malmö.
« Ce n'est pas tous les jours qu'un petit gars de Rosengård devient le meilleur joueur de foot du monde », ajoute-t-il, en parlant du quartier où Ibrahimovic a grandi.
« Il représente l'espoir. Il a montré aux enfants qu'il y a une vraie possibilité d'atteindre ses buts même quand on vient d'un environnement difficile », souligne Angelo Feitor, un animateur socioculturel.
« Voyage fantastique à travers les classes »
Le quartier, dont les immeubles sont moroses mais plutôt bien tenus, est accessible à pied depuis le centre de Malmö.
Ibrahimovic, fils d'immigrés yougoslaves, a raconté dans son autobiographie qu'il ne s'était aventuré dans ce centre-ville qu'à partir de l'adolescence, lui la « petite frappe » qui ne connaissait presque rien des grands joueurs du pays avant d'en devenir un lui-même.
« Je suis de Rosengård et j'en avais rien à foutre des Suédois [...] La seule chose qui m'intéressait chez (le gardien Thomas) Ravelli, c'était son short. Je me demandais où je pourrais bien en piquer un comme ça », écrivait-il dans son autobiographie.
Venu de tout en bas, il a grimpé au sommet, collectionnant les trophées, et icône d'une publicité de Volvo avec pour slogan « Made by Sweden ».
Sa popularité a été dopée par le « voyage fantastique à travers les classes » que décrit le livre, estime Cristine Sarrimo, maître de conférences en littérature à l'Université de Lund. Elle y voit un « mythe sur un antihéros qui [...] réussit contre toute attente, entièrement par son propre mérite ».
« Elles peuvent avoir un vélo »
Pour Anja Gatu, journaliste sportive du quotidien régional Sydsvenskan, oubliés les débuts compliqués : les rares voix critiques, comme celles venues de l'extrême droite, ont eu du mal à résister à la succession des exploits sportifs.
Le fait qu'il ne se soit « jamais caché qu'il voulait être le meilleur » a pu indisposer, rappelle-t-elle. Mais il a tenu promesse.
Elle-même n'a été choquée que quand en 2013, Ibrahimovic s'est immiscé dans un débat sur la voiture offerte par la Fédération au recordman des sélections Anders Svensson, tandis que la recordwoman Therese Sjögran, même plus capée, était oubliée.
« Elles peuvent avoir un vélo avec mon autographe et ça ira », avait déclaré Zlatan à Expressen. « Tu peux pas comparer le foot masculin et féminin. »
« Beaucoup d'entre nous qui ont toujours défendu Zlatan, même s'il a dit quelques trucs débiles, étaient très déçus », se souvient la journaliste.
Son confrère Daniel Kristofferson croit le joueur quand il affirme ne jamais rien dire sous le coup de l'impulsivité. « Il fait très peu de choses qui ne sont pas planifiées », selon lui.
"Serait-ce qu'il en a marre? D'habitude il change de club après trois ans", remarque-t-il.