MADRID - La 30e journée de Liga aura finalement lieu : la justice espagnole a décidé mercredi de contraindre les clubs à jouer ce week-end, désavouant la Ligue de soccer qui souhaitait faire grève en raison d'un litige sur les droits de retransmission.

La justice a donné raison aux six clubs qui avaient déposé un recours contre cette grève, annoncée le 11 février par la Liga pour protester contre l'obligation de diffuser gratuitement à la télévision un match par journée de championnat.

Après avoir entendu mardi des représentants de la Liga (LFP) et des clubs opposés à la grève, la juge Purificacion Pujol, du tribunal de première instance de Madrid, a tranché en décidant de "suspendre (...) l'accord adopté" par la Liga le 11 février.

"En conséquence, le calendrier officiel de la Liga de première et de deuxième division ne doit pas être modifié", précise la décision de justice.

Six clubs de 1re division (le FC Séville, l'Espanyol Barcelone, Villarreal, Saragosse, l'Athletic Bilbao et la Real Sociedad), sur les 20 qui participent au championnat de 1re division, avaient saisi la justice pour obtenir l'annulation de la grève.

Ces clubs considéraient qu'il s'agissait d'"une mesure disproportionnée, inopportune, contraire aux intérêts des clubs, de la compétition et des supporteurs et, en plus, contraire à la loi."

La décision de la juge n'est pas susceptible d'appel de la part de la LFP, a expliqué mercredi à l'AFP Me Juan de Dios Crespo, l'avocat qui représente les six clubs.

"Si la juge donne raison aux six clubs, les autres devront se présenter ou il y aura des sanctions", avait-il indiqué mardi.

La Ligue a pris immédiatement acte de la décision de justice en publiant les horaires de la 30e journée, étalée du samedi 2 au lundi 4 avril.

"La Ligue respecte la décision", a indiqué la LFP sur son site internet, précisant toutefois qu'elle maintenait ses "revendications à l'égard du gouvernement."

La LFP demande la fin de l'obligation de retransmettre, pour chaque journée de Championnat de 1re division, un match gratuitement et en clair à la télévision.

"L'Espagne est le seul pays au monde dans lequel il existe l'obligation légale d'émettre en clair et gratuitement un match de Liga durant toutes les journées du Championnat, ce qui suppose l'expropriation des droits des clubs sans aucune contrepartie" financière, avait affirmé la LFP.

"Nous ne toucherons pas au match en clair", a récemment assuré le secrétaire d'Etat aux Sports, Jaime Lissavetzky.

Une loi de 1997, baptisée "loi régulatrice des émissions et retransmissions des compétitions et événements sportifs", avait imposé la retransmission d'un match gratuit par journée de championnat, en vertu du principe de l'"intérêt général".

La LFP estime de son côté que "les événements qui se répètent, comme les matches de Liga, ne peuvent être considérés comme de 'grand intérêt ou d'importance particulière'".

La presse espagnole évalue à environ 150 millions d'euros la somme que pourrait récupérer la LFP avec la fin du match retransmis gratuitement.

Mais pour négocier avec le gouvernement, la Ligue apparaît nettement divisée. Après la fronde des six clubs, il y a eu un nouvel épisode mardi soir avec la démission du premier vice-président de la LFP, José Maria Cruz, directeur général de Séville.