BERLIN - Longtemps décrié pour son individualisme, Arjen Robben, plus altruiste et moins blessé, est redevenu un élément essentiel voire indispensable du Bayern Munich dont la quête d'un deuxième triomphe européen passe par la demi-finale aller de C1 mercredi au Real Madrid.

« Ce que Arjen réalise année après année, particulièrement dans les grands matchs, mérite le plus grand respect », assure le directeur sportif Matthias Sammer, n'hésitant pas à qualifier le no 10 néerlandais de « top star absolue » et le classer « au niveau des meilleurs mondiaux tels Messi, Neymar et Cristiano Ronaldo ».

Il est vrai que le Batave trentenaire réussit sa saison la plus aboutie depuis son arrivée en Bavière en 2009 (et même de sa carrière) comme en témoignent ses statistiques : 19 buts et 17 passes décisives toutes compétitions confondues.

Sur la scène européenne, il compte déjà en huit matchs joués 4 réalisations et 6 passes décisives dont un but du gauche et une passe du droit à Thomas Müller en quart retour contre Manchester United.

Héros malheureux de la finale de C1 contre Chelsea en 2012, en manquant un penalty dans le temps additionnel, Robben avait eu droit à des sifflets de ses propres supporteurs. Il était même presque devenu persona non grata en Bavière où l'on percevait davantage son rendement déclinant et son individualisme.

Mais un an plus tard, il est passé du zéro au héros en marquant le 2e but bavarois à Wembley, permettant au Bayern de Jupp Heynckes de brandir enfin ce trophée européen qui échappait au géant allemand depuis 2001.

Au service du collectif

« C'était la seule chose qui manquait dans ma vie », lançait alors Robben après avoir bombé le torse face aux supporteurs bavarois en signe de revanche...

Près de deux ans plus tard, le divin chauve a regagné tous les coeurs au point d'obtenir en février une prolongation de contrat jusqu'en 2017!

Pourquoi un tel changement? L'ancien Blues de Chelsea, qui a longtemps considéré la passe comme un ultime recours, irritant même un partenaire tel Franck Ribéry, a su retrousser ses manches et mettre son talent au service du collectif.

Avec l'arrivée de Guardiola sur le banc et du jeune surdoué Mario Götze dans l'effectif, d'aucuns pensaient que Robben serait contraint d'aller voir si l'herbe est plus verte ailleurs.

Que nenni! Dès leur première rencontre, le Néerlandais et le Catalan se sont entendus. Et l'ailier à la conduite de balle de velours a montré au coach qu'il pouvait être encore performant. Au point que Guardiola lançait un « j'adore Arjen » début janvier, alors que le joueur récupérait d'une de ses très rares blessures de la saison.

« Ma femme est plus compliquée que Robben. Lui expliquer mon système de rotation est plus difficile que de dire à Arjen "tu commences sur le banc aujourd'hui" », assurait même plus tard Guardiola dans des propos rapportés par Mundo Deportivo.

En confiance et libéré de l'étiquette de loser qui lui collait à la peau après ses ratés européens (2010, 2012) mais aussi au Mondial en 2010 avec les Oranje, Robben veut désormais écrire l'histoire comme membre du premier club à conserver la Coupe aux grandes oreilles.

« On veut gagner le titre », répète-t-il, bien décidé à jouer un mauvais tour au Real, ce géant espagnol qui l'avait remercié en 2009 pour mettre en place une nouvelle génération de « Galactiques » avec notamment Cristiano Ronaldo...