ROME (AFP) - Des championnats amateurs à l'élite du Calcio, le soccer italien a suspendu toutes ses compétitions ce week-end après la mort d'un policier vendredi lors d'affrontements en marge du derby sicilien vendredi à Catane, dernier épisode d'une longue série de violences dans les stades.

Le choc très attendu entre l'Inter Milan, leader de la 1re division, et son dauphin l'AS Rome, qui devait clôturer la 22e journée du Championnat, n'aura pas lieu dimanche soir, en vertu de cette décision sans précédent depuis 1995, quand la mort d'un supporteur de Genoa avait déjà provoqué la suspension de tous les matches.

La suspension touchera également la "Squadra Azzurra", la sélection nationale championne du monde, qui ne disputera pas sa rencontre amicale contre la Roumanie mercredi à Sienne.

Dans tous les autres sports, le Comité national olympique italien (Coni) a imposé une minute de silence ce week-end au début de chaque compétition.

Devant l'émotion suscitée par les images de guérilla urbaine et la mort d'un policier de 38 ans, tué par un pétard puissant aux abords du stade de Catane lors d'affrontements avec les supporteurs de l'équipe locale, le commissaire extraordinaire de la Fédération de soccer (FIGC) Luca Pancalli n'a pas fixé de date de reprise des Championnats.

14 arrestations

De son côté, le Coni a annoncé le report des élections prévues à la mi-mars pour désigner un nouveau président à la FIGC, en prolongeant le mandat spécial de M. Pancalli jusqu'à nouvel ordre.

Le bilan des violences fait état de 71 hospitalisations pour des blessures légères et de 14 arrestations parmi les tifosi de Catane, dont neuf mineurs.

"J'aimerais qu'on ne reparte pas tant que l'on n'aura pas isolé ces enragés", a déclaré M. Pancalli vendredi soir.

La ministre des Sports du gouvernement de centre-gauche Giovanna Melandri a suivi cette ligne dans un entretien à La Stampa, en estimant qu'une suspension d'une journée "ne suffit pas".

"Le Championnat ne devra reprendre que lorsque nous serons sûrs d'avoir trouvé un moyen pour arrêter la violence qui empoisonne le soccer et le sport en général", a-t-elle déclaré, alors que le sujet était à la une de tous les journaux et prenait une tournure politique samedi.

Le chef du gouvernement Romano Prodi a promis que son équipe réfléchirait à "un dispositif sur le long terme, un dispositif solide qui modifie radicalement la situation".

Des mesures très peu appliquées

Le gouvernement de droite de Silvio Berlusconi avait déjà voté une réforme destinée à réduire les violences dans les stades, un phénomène récurrent en Italie qui apporte presque chaque week-end son lot d'arrestations, de blessés légers ou d'incidents racistes ou antisémites.

Les dispositions prévoyaient notamment que tous les billets soient nominatifs pour empêcher l'accès aux tribunes de supporteurs interdits de stade, mais aussi la possibilité pour l'arbitre d'interrompre ou de suspendre la rencontre immédiatement après un incident.

Dans les faits, cette dernière mesure n'a jamais été appliquée lors de la saison 2006-07, sauf vendredi soir lors du derby entre Catane et Palerme, qui a cependant repris après quelque 30 minutes d'interruption.

Les violences à Catane surviennent alors qu'un dirigeant d'une équipe amateur, la Sanmartinese, avait trouvé la mort samedi dernier en tentant de s'interposer lors d'une bagarre entre ses joueurs et des supporteurs adverses, en Calabre (sud).

Ces incidents se produisent surtout quelques mois après le retentissant scandale des matches truqués du Calcio, qui avait notamment mené en 2e division l'équipe italienne la plus prestigieuse, la Juventus Turin.