BERLIN (AFP) - Le soccer allemand traverse une mauvaise passe: à quatre mois de la Coupe des Confédérations, répétition générale du Championnat du monde 2006 en Allemagne, il n'est question que des "affaires", que ce soit le scandale de la corruption d'arbitres, la crise à la direction de la Fédération (DFB) ou la débâcle financière de Borussia Dortmund.

De quoi inquiéter celui qui incarne les heures de gloire du soccer allemand, le "Kaiser" Franz Beckenbauer, champion du monde comme joueur (1974) et comme sélectionneur (1990), et, au titre de président du Comité d'organisation, en charge du Mondial 2006.

Alors que la direction de la Fédération allemande a le plus grand mal à éteindre les incendies et fait l'objet d'un tir à boulets rouges de la part de la presse allemande, le "Kaiser" s'est décidé le 15 février dernier à taper du poing sur la table: "Nous ne sommes plus qu'occupés à éteindre un incendie après l'autre. D'abord nous avons eu la commission pour trouver un sélectionneur, ensuite la direction à double tête de la DFB, qui ne fonctionne pas, et maintenant le scandale des manipulations de matches pour des paris". Et de conclure par une mise en garde: "J'espère que ce sera tout, sinon on peut fermer".

Depuis a éclaté jeudi 17 février comme une bombe l'annonce de la quasi-faillite de Borussia Dortmund, l'un des plus prestigieux clubs allemands, six fois champion d'Allemagne, la dernière fois en 2002, vainqueur de la Ligue des champions en 1997. Un club dont les supporteurs remplissent le stade, mais dont les caisses sont vides en raison d'une gestion erratique et qui, malgré un accord sur un plan de sauvetage annoncé vendredi soir, reste à la merci de la bonne volonté d'un gros créancier.

La Fédération sous le feu des critiques

Dans le coup de colère de Franz Beckenbauer, la mise en cause de la direction bicéphale de la DFB, la plus grande fédération au monde, a fait sensation. Après la déroute de l'Allemagne au Championnat d'Europe au Portugal et la démission du sélectionneur Rudi Voeller, des frondeurs au sein de la direction avaient imposé au président tout-puissant, Gerhard Mayer-Vorfelder, âgé de 71 ans, un co-président, Theo Zwanziger, 59 ans. Le second accusait le premier d'avoir géré de manière autocratique le choix de l'ancien champion du monde (1990) et d'Europe (1996) Juergen Klinsmann pour succéder à Voeller.

Or, dès le premier coup de Trafalgar, le scandale sans précédent, en janvier dernier, de corruption d'arbitres truquant des matches au profit d'une mafia de parieurs dirigée à Berlin par trois frères croates, aujourd'hui sous les verrous, le duo présidentiel a donné dans la cacophonie et la DFB s'est retrouvée à la remorque des initiatives judiciaires.

Depuis, un arbitre est emprisonné après être passé aux aveux sur la manipulation d'au moins quatre matches en 2e et 3e division, ainsi qu'en Coupe d'Allemagne, et trois autres sont suspendus. La DFB a dû verser deux millions d'euros de dédommagements au Hambourg SV, club de 1re division éliminé de la Coupe d'Allemagne par un club de 3e à la suite d'un arbitrage truqué, et faire rejouer un match de 2e division, également manipulé.

Et ces premières mesures risquent d'être suivies de beaucoup d'autres, au fur et à mesure des investigations judiciaires.

Un bon bilan sportif

Une avalanche "d'affaires" qui vient en contrepoint d'un bilan sportif plutôt encourageant, le soccer allemand donnant l'impression de s'être remis de sa déroute à l'Euro-2004: la Nationalmannschaft, sous la houlette de Juergen Klinsmann, a réalisé deux bons matches nuls contre les champions du monde brésiliens (1-1) et les champions olympiques argentins (2-2), tandis que trois clubs sont encore en course dans la Ligue des champions (Bayern Munich, Bayer Leverkusen et Werder Brême) et trois autres dans la Coupe de l'UEFA (Schalke 04, VfB Stuttgart et Alemannia Aix-la-Chapelle).