PARIS, France - Le Paris SG a affiché ses ambitions sportives gigantesques en signant les deux plus gros transferts de l'été, ceux du Brésilien Neymar et de Kylian Mbappé, pour un peu plus de 400 millions d'euros (593 M$ CAD). Mais il s'expose à des sanctions aussi bien économiques que sportives.

Les supporters du club de la capitale ont des étoiles pleins les yeux en imaginant l'association offensive Neymar, Edinson Cavani et Kylian Mbappé, qui pourrait être alignée pour la première fois sur la pelouse de Metz en championnat, après la trêve internationale, le 8 septembre.

Mais cette triplette de rêve a un prix et le PSG, sous la houlette de son nouveau directeur sportif, le Portugais Antero Henrique, a pris le risque de se mettre du monde à dos en Europe, à commencer par l'UEFA.

Menace du fair-play financier

Sur décision de son président de l'époque, Michel Platini, l'instance européenne a en effet mis en place depuis 2010 un mécanisme appelé fair-play financier (FPF), afin d'empêcher les clubs de football de se financer par la dette, comme ce fut longtemps le cas en Espagne par exemple.

Depuis lors, les clubs participant aux compétitions organisées par l'UEFA (Ligue des champions, Europa League) ne peuvent afficher un déficit supérieur à 30 millions d'euros (45 M$ CAD) cumulé sur trois exercices. C'est l'Instance de contrôle financier des clubs (ICFC) qui se penchera sur le dossier parisien en octobre 2018.

Pour le moment, le budget du club promet d'être largement déficitaire: le PSG n'a-t-il pas déboursé 222 millions d'euros (333 M$ CAD) pour enrôler Neymar, prévu de verser 30 millions d'euros (45 M$ CAD) par an en salaire au Brésilien, et promis de verser, l'été prochain, 180 millions d'euros (267 M$ CAD) à Monaco pour Kylian Mbappé?

Selon le quotidien sportif français L'Equipe, l'option d'achat du jeune Français de 18 ans n'est pas automatique, mais devrait s'activer une fois que le maintien du PSG en L1 - qui, sauf incroyable accident industriel, apparaît inéluctable - sera assuré.

Or, « les coûts d'un transfert ne sont pas automatiquement reportés sur l'année suivante en cas de prêt avec option d'achat », a affirmé à l'AFP un bon connaisseur des arcanes de l'UEFA, sous couvert d'anonymat.

L'Europe grogne

Le PSG, déjà sanctionné en 2014 à cause d'un contrat avec l'office du tourisme du Qatar jugé surévalué par l'UEFA, risque donc d'avoir un budget très déséquilibré à présenter à l'UEFA à l'automne prochain. Ce qui pourrait lui valoir des sanctions allant de l'amende, plus ou moins élevée, à l'exclusion des compétitions européennes, en passant par le retrait de points ou l'encadrement du nombre de joueurs en compétitions européennes.

Le PSG, qui a quand même tenté de dégraisser un peu en transférant Blaise Matuidi (Juventus Turin) et Serge Aurier (Tottenham) et en prêtant Grzegorz Krychowiak (West Brom) et Jese Rodriguez (Stoke City), n'a pas été étouffé sous les marques de soutien après ce retentissant mercato.

« L'UEFA doit enquêter là-dessus et sanctionner », a tempêté le manager de Mönchengladbach Max Eberl. « Il est possible qu'un sponsor compense un déficit de 30 millions, mais avec les sommes dont on parle à Paris, il y a une prise d'influence d'un tiers, et c'est interdit », a-t-il lâché sur Sky. « Je trouve ça pathétique et vulgaire de voir les chiffres atteints pour un joueur de football », a de son côté tonné Aurelio De Laurentiis, président de Naples. « Le FPF doit exister pour tous ou pour personne ».

Pas de marge en cas de pépin...

Le président de l'UEFA, Aleksander Ceferin, a temporisé dans L'Equipe en affirmant ne pas vouloir « se prononcer avant que les faits soient jugés ». Mais aussi assuré que l'UEFA « n'aura pas peur de punir » le cas échéant.

En attendant, le PSG dispose d'un peu de temps pour renégocier certains contrats de sponsoring et ainsi dégager de nouvelles ressources financières. En revanche, sa volonté de recruter Mbappé l'a privé d'un renfort pourtant érigé au rang de priorité, au poste de milieu défensif.

Seul l'international italien Thiago Motta évolue à ce poste dans l'effectif parisien, Adrien Rabiot préférant jouer comme relayeur. Et Motta, 35 ans, n'a plus les jambes de ses 20 ans et mettra un terme à sa carrière l'été prochain. En cas de blessure ou de suspension, son entraîneur, Unai Emery, devra bricoler. Ce qui est plutôt dommage après avoir dépensé plus de 400 millions d'euros (593 M$ CAD) en un été.