MADRID - José Mourinho et Jürgen Klopp, entraîneurs du Real Madrid et du Borussia Dortmund, amoureux du « show », se retrouvent mercredi en demi-finale de Ligue des champions et vont assurément marquer ce duel entre deux équipes influencées par leurs approches radicalement différentes du jeu.

Ils sont le sel de leurs championnats et leurs conférences de presse sont presque aussi attendues que les performances de leurs équipes. À Madrid, on guette les éclats de l'ombrageux et sanguin « Special One », titre que Mourinho, 50 ans, s'était lui-même décerné lorsqu'il entraînait Chelsea.

En Allemagne, l'enthousiasme de Klopp, 45 ans, son débit mitraillette et ses commentaires enflammés d'après-match, tout comme ses sauts de cabri lorsqu'il célèbre les buts de son équipe, en ont fait l'une des personnalités les plus populaires de la Bundesliga.

Fins connaisseurs des médias, ils savent également manier les mots pour travailler leur réputation et servir les intérêts de leur équipe.

Klopp, toujours ravi de titiller le Bayern Munich, LE grand club outre-Rhin avec lequel il espère rivaliser sur la durée, n'a pas résisté à une petite blague sur l'autre demi-finale de C1, opposant le club bavarois au FC Barcelone, affirmant « parier son c... » que le Bayern allait appeler Guardiola (ex-coach du Barça et futur du Bayern) pour profiter de ses lumières.

Dans son style personnel, Klopp a aussi rigolé de la présence de Mourinho, venu superviser Dortmund lors de sa victoire écrasante face au dernier de Bundesliga Greuther Fürth (6-1).« Mourinho est parti à 5-0, il n'a pas pu voir nos faiblesses. S'il voulait voir que Mario Götze était également capable de jouer à droite, un petit coup de fil aurait suffi. »

Le ton n'a pas été du goût du Portugais qui, vendredi, a fait remarquer que depuis le tirage au sort des demi-finales, Klopp n'avait pas arrêté de se « répandre dans les médias » quand lui « n'avait pas ouvert la bouche ».

Mais au-delà du spectacle, Mourinho-Klopp, c'est aussi l'affrontement de deux entraîneurs reconnus par leurs pairs et, dans des styles diamétralement opposés, passionnés de tactique.

Romantisme contre efficacité

Le pedigree du Portugais - deux victoires en Ligue des champions (avec Porto et l'Inter Milan) notamment - lui vaut d'être considéré comme l'un des meilleurs entraîneurs du monde tandis que Klopp, arrivé en 2008 à Dortmund, a déjà permis au club de la Ruhr de remporter deux fois le championnat avec en prime une Coupe d'Allemagne, la saison dernière.

Défenseur (très modeste) lorsqu'il était joueur, Mourinho brandit plutôt les armes d'un jeu structuré autour de l'idée du contre quand Klopp, ancien attaquant prolifique de deuxième division allemande, sous les couleurs de Mayence, fait l'apologie d'une certaine idée du beau jeu, portée par un football d'attaque.

« Les matchs doivent aller au-delà du résultat. Je ne veux pas seulement gagner, je veux aussi sentir, avoir de l'émotion ». Pas sûr que Mourinho souscrit sans condition à cette phrase prononcée par Klopp dans une entrevue à El Pais.

Dans leur gestion du collectif, les méthodes des deux hommes se distinguent aussi. Si Klopp joue souvent la complicité avec les jeunes poulains de son effectif, Mourinho a l'air d'apprécier le choc des ego, comme l'attestent ses brouilles, récurrentes cette saison, avec les ténors du vestiaire madrilène.

Le Portugais n'a par ailleurs guère l'habitude de miser sur les jeunes du centre de formation comme le fait son alter ego allemand : à l'exception de l'attaquant Morata, Mourinho n'a ainsi jamais lancé cette saison des promesses formées au club dans des matches à enjeu. Rien à voir donc avec les Schmelzer ou Götze, purs produits « made in Dortmund » et les 25 ans de moyenne d'âge proposés par Klopp.

Le précédent choc entre le Real et Dortmund avait donné l'avantage au dernier (2-1 et 2-2 en phase de poules de la Ligue des champions). Nouvel épisode mercredi à l'Iduna Park.