MADRID, Espagne - « Sans doute mon meilleur but » : auteur d'un retourné acrobatique et anthologique, Cristiano Ronaldo a ajouté un bijou à sa collection mardi contre la Juventus, après des années à polir ce geste. Symbole de la persévérance du Portugais, lancé vers une possible troisième Ligue des champions d'affilée.

Avant ce quart de finale aller remporté 3-0 par le Real Madrid, Ronaldo avait tenté à d'innombrables reprises cette bicyclette aérienne sous le maillot merengue. Chaque fois, le ballon lui avait échappé. Chaque fois, jusqu'au jour J comme Juve.

À Turin, l'astre madrilène a montré un double sens du timing : d'abord en dosant parfaitement son saut, son ciseau et sa frappe, ensuite en choisissant parfaitement son moment, le but du 2-0 et du K.-O.

La presse l'a mesuré à plus de deux mètres au-dessus du sol. Une détente hors norme pour un athlète hors pair, qui passe des heures en salle de musculation ou à répéter ses gammes face au but.

« C'était spectaculaire, j'ai sauté très haut. Donc évidemment c'est un but qui restera dans les annales. C'est sans doute mon meilleur but », a savouré l'attaquant-vedette du Real au micro de la chaîne du club.

« Cela faisait très longtemps que je cherchais à marquer comme ça. Avec les circonstances du match, cette idée m'est passée par la tête et j'ai bien pris le ballon. D'autres fois, je prenais le ballon mal, mais il faut toujours essayer. J'ai essayé et j'ai marqué un but de gala », a-t-il souri.

La persévérance qui paye, voilà qui résume bien la carrière du natif de Madère (33 ans) dont la principale qualité, selon son entraîneur Zinédine Zidane, est son « abnégation » dans le travail quotidien.

Le monde du foot ébloui

Debout après ce but, le public turinois n'a pu qu'applaudir un adversaire aussi grandiose. 

« Je suis très ému. La Juve a toujours été un club qui me plaisait étant petit et quand de tels supporters t'applaudissent, cela te reste gravé dans le coeur », a réagi Ronaldo.

De l'avis général, ce geste est déjà favori pour le « Prix Puskas » du meilleur but de l'année. En attendant d'être diffusé encore et encore au stade Santiago-Bernabeu avant les matches, comme la célèbre volée de Zidane en finale de la C1 2002.

« Il n'est peut-être pas aussi beau que le mien à Glasgow, mais c'est le dernier qui compte », a plaisanté le Français. « C'est un des plus beaux de l'histoire du foot, oui. »

« Cristiano Ronaldo a marqué le but de sa vie », s'est enthousiasmé le quotidien espagnol El Mundo. « Le ciseau qu'il espérait depuis des années, la photo qui manquait au meilleur attaquant de l'histoire. »

« LE BUT », a simplement titré en Une le quotidien sportif madrilène Marca.

Même admiration à Barcelone où Mundo Deportivo, pourtant pro-Messi et anti-Real, évoque « le génial ciseau » du Portugais.

En Italie, enfin, l'éblouissement a été unanime. 

« Un Martien dans le ciel «, a titré la Gazzetta dello Sport, évoquant un but d'« assassin élégant ». « Un retourné de couverture d'album Panini », a écrit Tuttosport.

Or et argenterie en vue?

Avec un quart retour bien engagé mercredi 11, le Real semble proche du dernier carré pour la 8e saison d'affilée. Et il faudra être solide pour ébranler les doubles champions d'Europe en titre, lancés vers un incroyable triplé qui sauverait leur saison, mal engagée par ailleurs.

« Nous allons nous battre pour gagner cette compétition », a prévenu Ronaldo.

Après un automne compliqué, le Portugais a retrouvé son jardin européen: avec son doublé mardi, il compte 14 buts dans cette C1, à trois longueurs de son propre record sur une seule édition (17 en 2014). Et il est plus que jamais le meilleur buteur absolu de l'épreuve-reine européenne (119 buts en 149 matches). Cela fait aussi dix rencontres de C1 d'affilée qu'il marque à chaque match...

« C'est le propre de Cristiano. Il traverse une très bonne période, nous devons profiter des buts qu'il nous offre », a souligné Zidane.

La suite? Tenter de soulever à nouveau la « Coupe aux grandes oreilles » pour ajouter un peu d'argenterie dans les vitrines du Real, puis briguer le Mondial avec le Portugal.

En attendant un éventuel sixième Ballon d'Or en décembre? Pour ça, il faudra que Cristiano Ronaldo se départage avec l'autre quintuple lauréat, l'Argentin Lionel Messi. Un autre spécialiste des buts d'anthologie.