PARIS - Les footballeurs français Franck Ribéry et Karim Benzema sont désormais libérés de l'affaire Zahia, dans laquelle ils étaient poursuivis pour avoir eu recours aux services d'une escorte mineure.

Comme l'avait requis le procureur, le tribunal correctionnel de Paris a relaxé jeudi le milieu offensif du Bayern Munich et l'attaquant du Real Madrid, ainsi que le beau-frère de Ribéry. Le tribunal a estimé qu'il n'était pas en mesure d'établir qu'ils savaient que la jeune femme n'avait pas 18 ans, à supposer ces relations avérées.

Karim Benzema a toujours contesté la moindre relation sexuelle avec Zahia. Sa « réalité même est à tout le moins douteuse », avait estimé le procureur Jean-Julien Xavier-Rolai.

Ribéry avait reconnu une relation à Munich en 2009, mais en a contesté une autre en région parisienne.

Il a nié pendant l'enquête avoir rétribué Zahia 700 euros (1060 $), et même affirmé avoir ignoré qu'il s'agissait d'une prostituée.

Et si le comportement de Ribéry est éloigné de celui d'un gentleman, il ne pourra être condamné, avait estimé le procureur, étant donné qu'aucun élément ne permet d'établir qu'il avait connaissance de la minorité de Zahia, qui a menti sur son âge.

Franck Ribéry a eu « la chair de poule » en apprenant la nouvelle, a déclaré à la presse son avocat, Me Carlo Alberto Brusa, très ému, juste après avoir annoncé à son client sa relaxe. « Cette affaire laissera quand même derrière elle un petit champ de ruines », a-t-il ajouté, car « beaucoup de gens ont été blessés ».

« Nous nous sommes battus pour que cette relaxe soit (...) sans tache », a-t-il poursuivi. « On peut commettre une erreur dans la vie mais ceci n'a rien à voir avec le pénal. »

Lingerie haut de gamme

Cette relaxe arrive « enfin », a quant à lui réagi l'avocat de Benzema, Me Sylvain Cormier, après quatre ans d'une procédure « inutile ». « Depuis le début Karim avait protesté de son innocence ». C'est la fin d'un « cauchemar » pour lui, a-t-il ajouté.

Ni Ribéry ni Benzema n'ont assisté au procès, pas plus que Zahia, qui s'est désistée de sa constitution de partie civile. Depuis cette affaire qui lui a fait accéder soudainement à la notoriété, elle s'est lancée dans la création de lingerie haut de gamme.

Mais ce dossier ne se limitait pas aux seuls faits reprochés aux footballeurs. Cinq autres personnes ont été condamnées pour proxénétisme.

L'enquête avait démarré à la suite d'un renseignement anonyme visant Abousofiane Moustaïd, ancien candidat de l'émission de télé-crochet La nouvelle star, accusé d'avoir joué le rôle d'entremetteur rétribué. Il a été condamné à deux ans de prison, dont un avec sursis, et 10 000 euros (15 000 $) d'amende, la peine prononcée la plus lourde.

Clamant son « innocence », il va faire appel, a annoncé à l'AFP son avocat, Me Yassine Bouzrou, qui dénonce une « inversion de la charge de la preuve », car le tribunal a estimé qu'il ne « pouvait pas ne pas savoir » que Zahia, qu'il connaissait bien, était mineure.

Une escorte, qui avait mis en relation certains de ses clients avec d'autres filles exerçant la même activité, a été pour sa part condamnée à trois mois de prison avec sursis.

L'organisateur de l'escapade munichoise de Zahia au cours de laquelle elle avait rencontré Ribéry, Kamel Ramdani, a été condamné à cinq mois de prison et 5000 euros (7600 $) d'amende.

Les deux frères qui géraient le Zaman café, cabaret oriental proche des Champs-Elysées à Paris, autour duquel l'enquête avait commencé, ont été condamnés à un an et 18 mois de prison, dont la moitié avec sursis pour chacun. Le tribunal a prononcé la dissolution de leur société.