Le soccer chinois verra bientôt un Carlos Tevez « différent », a promis son entraîneur: au bout de huit mois au Shanghai Shenhua, le joueur le mieux payé au monde lutte contre son surpoids, au cœur d'un échec monumental.

« Échec » se dit « fracaso » en espagnol et c'est peu dire que l'échec est fracassant en Chine au sujet de l'attaquant argentin de 33 ans.

Tevez est salarié à hauteur de 38 millions d'euros annuels, soit davantage encore que Neymar (30 M EUR par an selon la presse) ou les supercracks Cristiano Ronaldo et Lionel Messi. Or, il n'a marqué que 2 buts (outre 4 passes décisives) en 14 matches, et traîne son spleen dans la mégapole chinoise, de blessures en méforme, au point de susciter une irritation croissante dans l'environnement du club qui l'avait accueilli comme un héros en janvier 2017.

Les médias locaux et les supporters du Shanghai Shenhua l'ont surnommé « le garçon qui a un grand mal du pays », dans un jeu de mots combinant la prononciation de son nom en chinois et le (gros) noeud du problème.

Il avait déjà provoqué la colère des fans en avril après avoir été aperçu au parc Disneyland de Shanghai, alors qu'il avait déclaré forfait pour un match et officiellement blessé.

Et en mai, histoire de charger la barque, il avait lancé dans une entrevue à la chaîne espagnole Movistar Partidazo à propos des joueurs chinois : « Ils ne sont pas très physiques, disons, mais je crois aussi qu'ils sont très naïfs. Sans le vouloir, s'ils te donnent un coup de pied, ils te font mal parce qu'ils sont un peu brutaux ».

Courroux chinois

« Je ne crois pas que (la Super League) parvienne à rivaliser avec les grands championnats d'Europe, quand bien même le meilleur joueur viendrait. Je crois que leur soccer est très différent, les gens le vivent très différemment aussi », avait-il ajouté, suscitant le courroux chinois.

L'ex-joueur de Manchester United a aussi par ailleurs laissé entendre qu'il pourrait quitter la Chine dès la fin de la saison 2017.

La fin de semaine dernière, lors d'une défaite 2-1 à domicile, le remplaçant de luxe a été tout bonnement moqué par les supporters lors de son entrée en jeu. Et son équipe se traîne, elle aussi, à la 11e place dans un championnat de 16 clubs...

Désormais, c'est son poids qui alourdit encore son cas. Mercredi, son entraîneur Wu Jingui avait prévenu qu'il n'accorderait plus de passe-droit à la vedette argentine. « J'ai discuté tactique avec lui aujourd'hui. Mais je ne le ferai pas jouer, il n'est pas apte physiquement », avait déclaré dans le journal Shanghai Morning Post celui qui a succédé lundi au démissionnaire uruguayen Gustavo Poyet.

Barbecue

« Lui et (le joueur colombien Fredy) Guarin sont en surpoids. Je dois prendre mes responsabilités vis à vis de l'équipe et des joueurs. Quand vous êtes sur le terrain, si vous ne pouvez pas jouer à 100 %, alors ça n'a aucun sens », avait ajouté l'entraîneur.

Même si Tevez a peu de chances d'apparaître ce week-end dans le derby shanghaïen face au SIPG des Brésiliens Oscar et Hulk, Wu Jingui lui a accordé vendredi du crédit, en assurant que l'Argentin luttait contre son surpoids.

« Tevez est assez positif et focalisé sur l'entraînement, il a même commencé à faire des séances supplémentaires de son propre chef. Voilà le genre d'attitude dont l'équipe a besoin et qui est la bienvenue dans sa situation. Avec son attitude actuelle, nous verrons un Tevez différent », a-t-il avancé.

« L'expérience et le niveau de Tevez ne sont pas en doute, ce n'est pas comme s'il devait faire ses preuves dans le Championnat chinois. Il a eu en quelque sorte des problèmes d'adaptation depuis qu'il est arrivé, mais on voit que sa venue a suscité plus d'intérêt pour le Shenhua », a aussi souligné l'entraîneur.

Selon Gustavo Poyet, « pour la nourriture, certains souffrent plus que d'autres, et c'est ce qui est arrivé à Tevez », avait expliqué l'Uruguayen au quotidien argentin La Nacion en mai, précisant que le clan sud-américain du club s'était remis au traditionnel barbecue.

L'attaquant a eu la permission de rentrer en Argentine le mois dernier pour soigner sa blessure. Manifestement aussi son appétit.