ROME - Giampiero Ventura, ancien entraîneur du Torino âgé de 68 ans, sera après l'Euro le prochain sélectionneur de l'équipe d'Italie, qui sera donc dirigée par un technicien au profil radicalement différent de l'actuel coach Antonio Conte.

La désignation de Ventura était attendue depuis plusieurs semaines et elle a été confirmée mardi par le président de la Fédération italienne (FIGC), Carlo Tavecchio, à l'issue d'une réunion du Conseil fédéral.

« J'ai choisi Ventura parce qu'il est un maître du football », a expliqué Tavecchio, évoquant également son « immense expérience dans la formation des jeunes ».

Conte, nommé après le Mondial-2014 raté des Azzurri, avait annoncé il y a plusieurs mois déjà qu'il ne poursuivrait pas sa mission après l'Euro, attiré par l'offre de Chelsea, mais aussi usé par des rapports difficiles avec les clubs et la Ligue, à un moment où la Nazionale, en manque de talents, traverse par ailleurs une période creuse.

Jeune, ancien international, triple champion en tant que coach avec la Juventus Turin, Conte incarnait pourtant une certaine idée du dynamisme et représentait la nouvelle génération des entraîneurs italiens.

Avec Ventura, la Fédération italienne prend une direction totalement différente.

Ce Gênois, jeune marié de 68 ans qui a signé un contrat de deux ans et débutera sur le banc italien en septembre contre l'équipe de France, a eu une carrière de joueur anecdotique, avec pour sommet une seule saison en Serie C, la troisième division italienne.

Son parcours d'entraîneur n'a rien de clinquant non plus puisqu'il n'a jamais participé au moindre match de Ligue des champions et n'a connu que l'Europa League, en 2013-2014 avec le Torino, atteignant les 8e de finale.

C'est d'ailleurs avec le club turinois, rejoint en 2012, qu'il s'est finalement installé en Serie A après n'y avoir auparavant fait que quelques passages, avec Cagliari (1998-1999), la Sampdoria Gênes (2001-2002), Messine (2005-2006) ou Bari (2009-2011).

Lippi en attente

Le choix de Ventura, technicien respecté mais quasiment inconnu en dehors des frontières italiennes, confirme que la sélection italienne n'attire plus forcément les plus grands noms.

Les grands techniciens du moment, Massimiliano Allegri (Juventus), Carlo Ancelotti (Bayern Munich), Claudio Ranieri (Leicester), Roberto Mancini (Inter Milan) ou Luciano Spalletti (AS Rome) n'ont d'ailleurs jamais été évoqués comme de possibles remplaçants de Conte.

Quelques autres noms avaient tout de même circulé, comme ceux de Roberto Donadoni (lui-même ancien sélectionneur et actuellement à Bologne), Gianni De Biasi (sélectionneur de l'Albanie) ou Vincenzo Montella (Sampdoria).

Avec Ventura, les dirigeants du football italien ont choisi un projet plus terre-à-terre. Ventura a de bons rapports avec tous dans le football italien, même si son air débonnaire cache une capacité à piquer de grosses colères, comme quand il avait fait le geste de trancher la gorge à un tifoso du Torino qui insultait ses joueurs.

Mais l'ancien coach du « Toro » a sans doute eu moins d'exigences que d'autres et vivrait probablement moins mal que certains de ne pas qualifier l'Italie pour le prochain Mondial, alors que Gianluigi Buffon et ses équipiers seront dans un groupe redoutable avec notamment l'Espagne.

À ses côtés, la Fédération espérait nommer Marcello Lippi, coach champion du monde en 2006 avec la Nazionale et proche ami de Ventura qu'il connaît depuis l'adolescence, en tant que superviseur de toutes les sélections.

Mais, selon les médias sportifs italiens, ce projet est pour l'instant bloqué par un risque de conflit d'intérêts du fait des fonctions d'agent de joueurs du fils de Lippi, Davide. Celui-ci s'occupe notamment des intérêts du défenseur central de la Juventus et de la Nazionale, Giorgio Chiellini.