Royaume Uni-Irlande et Italie-Turquie pour les Euros 2028 et 2032
NYON, Suisse - Hôte de l'Euro 2024, l'Allemagne connaît désormais ses successeurs: comme attendu, Royaume-Uni et Irlande ont décroché mardi l'organisation de l'édition 2028, alors que le tandem formé par l'Italie et la Turquie accueillera le tournoi en 2032.
La décision a été officialisée par le président de l'UEFA Aleksander Ceferin au siège de l'instance européenne à Nyon, en Suisse, après une brève réunion à huis clos du comité exécutif pour adouber les deux candidatures, chacune seule en lice.
« Ensemble, nous créerons des éditions inoubliables de ce grand tournoi », a promis le dirigeant slovène.
L'UEFA, pionnière des organisations conjointes lorsqu'elle avait attribué l'Euro 2000 au couple Belgique/Pays-Bas, suit cette fois une tendance bien établie: celle du regroupement entre candidats pour accueillir un grand événement sportif, tant les investissements requis rebutent de plus en plus de prétendants.
La meilleure illustration est l'accord inédit annoncé par la Fifa mercredi dernier pour le Mondial 2030, avec une organisation Maroc-Portugal-Espagne prévoyant en outre les trois premiers matches en Argentine, Uruguay et au Paraguay, initialement candidats au côté du Chili.
Les cinq fédérations des îles britanniques (Angleterre, Écosse, Pays de Galles, Irlande du Nord et République d'Irlande) briguaient d'ailleurs elles aussi la Coupe du monde 2030, après les tentatives infructueuses de l'Angleterre d'organiser celles de 2006 et 2018.
Une demi-Coupe du monde
Mais, début 2022, elles ont choisi de se concentrer sur l'édition 2028 de l'Euro, « le troisième plus grand événement sportif au monde », qui « offre un retour sur investissement similaire » au Mondial avec « un coût de livraison bien inférieur », expliquaient-elles.
Car, si la course au gigantisme de la Coupe du monde bat son plein, en passant de 32 à 48 équipes pour 104 matches à partir de 2026, le championnat d'Europe conserve 24 équipes (depuis 2016), pour 51 rencontres réparties dans dix stades. Soit un événement deux fois plus concentré, mais qui regroupe une bonne partie des meilleures sélections mondiales et met les favoris à l'épreuve dès la phase de groupes.
Déjà en position de tête pour décrocher l'Euro, le Royaume-Uni et l'Irlande n'avaient même plus de rivaux depuis que la Turquie – candidate malheureuse à chaque édition depuis 2008 – a jeté l'éponge pour 2028 en misant tout sur un ticket commun avec l'Italie en 2032, annoncé en juillet.
Trente-deux ans après l'Euro 1996 en Angleterre, sept ans après un Euro 2020 dispersé dans tout le continent mais concentré au stade londonien de Wembley à partir des demi-finales, la compétition va donc revenir sur les terres britanniques.
« Tout commence maintenant », a commenté Debbie Hewitt, présidente de la fédération anglaise, alors que les futurs organisateurs vont aussi devoir se répartir les deux tickets au maximum que l'UEFA réserve aux pays hôtes, pendant que les trois autres sélections passeront par les qualifications.
Racisme et autoritarisme
Côté stades, la liste est forte d'enceintes déjà mythiques, de Wembley au City Stadium de Manchester en passant par le National Stadium de Cardiff et Hampden Park à Glasgow, alors qu'un nouveau Casement Park doit être édifié à Belfast à la place de l'ancien stade désaffecté dédié aux sports gaéliques.
« Ce sera le plus grand événement jamais organisé par nos deux îles travaillant ensemble », s'est réjoui sur X (ex-Twitter) le Premier ministre irlandais Leo Varadkar.
Italie et Turquie, en choisissant d'unir leurs forces cet été, étaient également certaines d'être désignées, même si leur attelage pose davantage de questions – depuis les près de 1400 km à vol d'oiseau entre les deux capitales jusqu'aux conditions d'accueil des supporters étrangers et au choix des villes-hôtes. Sur les vingt stades proposés, cinq par pays doivent être sélectionnés d'ici octobre 2026, a précisé l'UEFA.
Si l'Italie a déjà organisé l'Euro en 1968 et 1980, les interdictions de déplacement prises récemment à Rome pour les compétitions européennes inquiètent les organisations de fans, tout comme les incidents racistes qui continuent à émailler les rencontres de Serie A, dans un pays par ailleurs dirigé par l'extrême-droite.
Et si la Turquie, où « le cœur du football battra en 2032! », s'est réjoui mardi son ministre des Sports Osman Askin Bak, dans un message publié sur le réseau social X (ex-Twitter), a nettement amélioré ses stades, l'UEFA avait déploré « l'absence d'un plan d'action dans le domaine des droits de l'homme » avant de lui préférer l'Allemagne pour l'Euro 2024. Or ce critère n'apparaît plus dans la procédure d'attribution pour 2032, alors que des dizaines de milliers d'opposants au régime Erdogan demeurent emprisonnés.