La menace judiciaire se précise pour Neymar
Espagne mercredi, 23 nov. 2016. 09:17 vendredi, 13 déc. 2024. 15:49Deux ans de prison et dix millions d'euros d'amende : les choses se corsent pour Neymar après les réquisitions à l'encontre de la star brésilienne, pour « corruption dans les affaires » dans le cadre de son transfert du Santos au FC Barcelone.
Près de trois ans après son arrivée à Barcelone, le feuilleton de son transfert n'en finit pas de poursuivre le Brésilien. Le parquet a en effet requis « deux ans de prison, une inhabilitation de trois ans pour l'exercice d'une profession industrielle ou commerciale et une amende de dix millions », à son encontre selon les réquisitions consultées par une correspondante de l'AFP.
Tout part d'un mensonge: dans un premier temps, le Barça avait officiellement chiffré le transfert du joueur depuis le club brésilien de Santos à 57,1 millions d'euros: 40 millions pour la famille de Neymar, 17,1 pour Santos. Mais selon la justice espagnole, il a en réalité coûté au moins 83,3 millions.
Une partie de la somme aurait servi à réserver Neymar, pour qu'il n'examine pas d'offres concurrentes, d'où la « corruption » entre particuliers. Par ailleurs, il y aurait escroquerie en raison de la dissimulation du montant réel du transfert.
La justice espagnole enquête après une plainte de la société brésilienne DIS, détentrice d'une partie des droits du footballeur, qui s'estime lésée.
DIS, qui avait reçu 6,8 millions d'euros sur les 17,1 versés au FC Santos pour le transfert, estime que Neymar et le FC Barcelone se sont organisés pour lui cacher le montant réel et ainsi lui reverser moins d'argent.
En Espagne, les réquisitions du parquet sont rendues avant le renvoi devant un tribunal, que le juge en charge du dossier pourrait prononcer très rapidement.
Selon le juge d'instruction, le contrat au terme duquel Neymar aurait reçu un versement anticipé de 40 millions d'euros du Barça dès 2013 pour refuser toute offre d'un club concurrent « a altéré le libre marché des transferts de joueurs de football ».
En vertu des réquisitions du parquet, Sandro Rosell, ex-président du Barça, Odilio Rodriguez, ex-patron de Santos, risquent aussi des peines de prison, comme les parents de Neymar, pour avoir participé aux négociations.
Bartomeu, épargné?
Début novembre, le juge d'instruction est revenu sur sa décision de classer l'affaire à la demande de sa hiérarchie.
Il a alors estimé que l'attaquant du Barça et ses parents devaient être jugés pour « corruption entre particuliers », au même titre que le FC Barcelone, son actuel président Josep Maria Bartomeu et son prédécesseur Sandro Rosell.
Mais pour le parquet, Josep Maria Bartomeu ne doit pas être poursuivi, car bien qu'ayant signé certains contrats à l'époque en tant que vice-président, « sa participation active dans la négociation et l'élaboration de ceux-ci n'a pas été prouvée ».
Par conséquent il requiert « le classement partiel du dossier en ce qui le concerne ».
Il souhaite en revanche une peine de deux ans de prison et dix millions d'euros d'amende pour Sandro Rosell. Et requiert de surcroît trois ans pour un délit d'escroquerie. En Espagne, les peines inférieures ou égales à deux ans sont rarement exécutées, sauf en cas de récidive.
Si le tribunal suit le parquet, Rosell pourrait vraiment faire un séjour un prison.
Le FC Barcelone, mais aussi le Santos Futebol Clube, sont aussi dans le collimateur en tant que personnes morales: ainsi, le Barça devrait selon le parquet écoper d'amendes pour les délits de corruption dans les affaires et pour escroquerie, de 1,4 million d'euros et 7 millions.
Et Santos devrait verser une amende de 7 millions. Son ex-président Odilio Rodrigues risque aussi une peine de trois ans de prison pour escroquerie.
Le parquet estime aussi que les parents de Neymar doivent être condamnés, à deux ans de prison pour Neymar Da Silva, le père, et à un an pour Nadine Goncalves, la mère, les deux risquant en plus une amende de 10 millions chacun.
Neymar est également dans la tourmente au Brésil, où la justice a gelé une partie de ses actifs (43,5 M EUR) pour fraude fiscale présumée en lien avec son transfert.