Après la qualification et avant la compétition, la prolongation par-delà le Mondial 2018 : Didier Deschamps a vu son bail à la tête de l'équipe de France prolongé jusqu'à la fin de l'Euro 2020, gage de la confiance que lui accorde la Fédération (FFF).

« Je ne prends pas Didier parce que c'est sympathique et que ça se passe bien. Je le prends parce qu'il est bon. Donnez-moi un autre nom... c'est le meilleur! Qui mieux que Didier peut aujourd'hui incarner l'équipe nationale? Personne. Aucun candidat ne s'est manifesté et d'ailleurs je n'aurais même pas lu la candidature. »

La sentence de Noël Le Graët, président de la Fédération, est sans appel, et vient en soutien d'un sélectionneur chahuté par la presse ces derniers temps pour un jeu jugé « frileux » et sans identité, après la défaite de juin en Suède (2-1) ou le 0-0 face au Luxembourg début septembre à Toulouse, en qualifications au Mondial.

Un déjeuner il y a une semaine entre les deux hommes, un délai de réflexion jusqu'à mardi, un accord dans la matinée et une décision, soutenue « à l'unanimité du comité exécutif de la Fédération », annoncée dans l'après-midi : la FFF n'a pas perdu de temps pour ajouter deux ans au contrat de « DD » comme sélectionneur.

« On vient de se qualifier et ce n'est pas aussi facile », s'est justifié le patron du foot français, lui-même réélu en mars pour quatre ans.

Objectif dernier carré

Arrivé en juillet 2012 à la tête des Bleus, Deschamps (49 ans) a enchaîné un quart de finale au Mondial 2014 au Brésil perdu contre l'Allemagne (1-0), futur lauréate, puis une finale de l'Euro 2016 à domicile perdue contre le Portugal (1-0 après prolongation).

« Pour moi, Didier c'est le meilleur, et il n'y a même pas photo. Il a la responsabilité totale de cette équipe, il réussit parfaitement bien. Il est intégré à la Fédération, il travaille énormément », a encore loué le président Le Graët.

Le staff autour du sélectionneur est également reconduit, Noël Le Graët estimant qu'il était « important d'avoir un groupe qui s'entend parfaitement bien ».

Au Mondial 2018 (14 juin-15 juillet) en Russie, les ambitions sont clairement affichées par la Fédération : « Le dernier carré. Il faut absolument que notre équipe, sportivement, joue avec cette volonté. Mais son contrat n'est pas lié » à cet objectif, a précisé Le Graët, martelant que quelles que soient les performances des Bleus, Deschamps sera en place jusqu'à l'Euro 2020.

Les succès de Deschamps comme sélectionneur sont indéniables, mais le champion du monde 1998 et d'Europe 2000 du temps de sa carrière de joueur est obligé de faire avec l'affaire Benzema, qui lui colle à la peau depuis deux ans comme le sparadrap au doigt du capitaine Haddock dans Tintin.

Le cas Benzema

Épinglé dans l'affaire du chantage à la sex-tape avec son coéquipier de l'équipe de France Mathieu Valbuena, l'attaquant du Real Madrid n'a plus porté le maillot bleu depuis le mois d'octobre 2015. Deschamps a toujours expliqué qu'il ne convoquait pas Benzema « pour le bien de l'équipe de France ».

La porte des Bleus est-elle définitivement fermée pour l'ancien Lyonnais, que Le Graët a toujours dit apprécier?

« Cette question, vous vous la posez tous. Didier est respectueux de son groupe, il a la liberté totale de sélectionner qui bon lui semble. À choisir entre Didier Deschamps sélectionneur, et n'importe quel autre joueur, mon choix est rapide: Didier est le patron », a expliqué le président de la FFF.

Un dossier qui risque d'être à nouveau abordé dès jeudi, puisque Deschamps doit annoncer le groupe des joueurs retenus pour les deux matches amicaux de novembre : le 10 au Stade de France contre le pays de Galles et à Cologne le 14 contre l'Allemagne.

S'il va au terme de cette prolongation à l'été 2020, Didier Deschamps aura passé huit ans à la tête de l'équipe de France, un record de longévité depuis Michel Hidalgo qui a tenu huit ans et six mois comme sélectionneur entre janvier 1976 et juin 1984, conclus en apothéose par le sacre à l'Euro en France.

Avec la victoire contre le Belarus mi-octobre (2-1), Deschamps a déjà battu un record de Hidalgo : celui du nombre de succès d'un sélectionneur français, porté à 43, contre 41 pour son illustre prédécesseur.