Le FC Barcelone secoué par un scandale de corruption présumée d'arbitres
MADRID – Les révélations se multiplient vendredi en Espagne autour de l'enquête sur les possibles paiements frauduleux de plusieurs millions d'euros réalisés par le FC Barcelone à un ancien dirigeant arbitral de la fédération.
De nouvelles informations du quotidien espagnol El Mundo ont encore secoué le FC Barcelone dans la nuit de jeudi à vendredi, juste après le match nul 2-2 concédé par les joueurs de Xavi au Camp Nou contre Manchester United en Ligue Europa.
Selon le journal espagnol, le FC Barcelone a versé plus de 6 millions d'euros (6,659.488 euros) depuis 2001 à José Maria Enriquez Negreira, ex-numéro deux de l'arbitrage espagnol entre 1994 et 2018, pour conseiller le club sur des questions arbitrales. Un montant bien supérieur aux 1,4 M d'EUR annoncés jusque-là par les médias espagnols.
Et quand le comité technique arbitral (CTA) espagnol a été démembré et restructuré en 2018, et que le Barça a décidé d'arrêter les paiements, M. Negreira, destitué de son poste au sein de la fédération, a envoyé un fax au club catalan le 5 février 2019 pour le menacer de révéler un « scandale », selon El Mundo.
Le média en ligne d'investigation El Confidencial a pour sa part révélé vendredi que deux autres entreprises sont dans le viseur de la justice espagnole dans cette affaire : l'une (Soccercam SL) appartenant au fils de Negreira, et l'autre (Tresep 2014 SL) à Josep Contreras Arjona, un ancien dirigeant du Barça, dont l'entreprise aurait été utilisée pour faire transiter les paiements vers l'ancien arbitre.
« Si je voyais que l'on gagnait en trichant... »
« Si je voyais que l'on gagnait en trichant, je rentrerais à la maison », a réagi Xavi jeudi soir en conférence de presse d'après-match.
« Nous allons attendre que les organes chargés de la bonne gouvernance du championnat d'Espagne fassent la lumière sur cette situation dont on a pris connaissance au travers des médias », a pour sa part commenté Pedro Sanchez, le président du gouvernement espagnol, vendredi après-midi depuis la Slovénie.
Tout a débuté mercredi, quand la radio espagnole Cadena Ser a révélé que le parquet espagnol enquêtait depuis plusieurs mois sur l'entreprise d'un ex-dirigeant d'un comité d'arbitres espagnols qui aurait reçu entre 2016 et 2018 1,4 million d'euros du FC Barcelone, pour un délit présumé de corruption privée.
D'après la Cadena Ser, l'enquête aurait débuté après l'identification par le fisc espagnol d'irrégularités dans les impôts payés par l'entreprise Dasnil 95, propriété de José Maria Enriquez Negreira.
L'ancien arbitre a nié toute faveur faite au club blaugrana. Ses fonctions, d'après ses affirmations aux reporters, se limitaient à fournir un conseil majoritairement verbal, sur des sujets tels que le comportement des joueurs face aux arbitres.
Après ces révélations, mercredi après-midi, le FC Barcelone a immédiatement réagi au travers d'un communiqué. Sans nommer directement Dasnil 95, le club catalan a expliqué qu'il avait par le passé un contrat avec un « fournisseur externe » dont il recevait, entre autres, « des rapports techniques liés à l'arbitrage professionnel », une « pratique courante dans les clubs de football professionnels ».
Actuellement, cette tâche incombe à « un professionnel du secteur football », a ajouté le club.
La fédération et La Liga demandent des comptes
Selon Josep Maria Bartomeu, président du Barça entre 2014 et 2020, le club avait décidé de se passer des services de cette entreprise après la restructuration du CTA en 2018, afin de réaliser des économies.
Jeudi, le département d'intégrité de la fédération espagnole de football (RFEF) a publié un communiqué où il indiquait exiger « des informations » des ex-responsables arbitraux de la RFEF et du Barça pour prendre les « mesures correspondantes ».
La Liga, l'organe qui gère le football professionnel en Espagne, a aussi réagi par la voix de son président Javier Tebas : « On a déjà vérifié, et il est impossible qu'il y ait des sanctions disciplinaires sportives » contre le FC Barcelone, car « le délai de prescription pour ce type de sanctions est de trois ans », et que cinq années se sont écoulées depuis les faits.
Si le parquet espagnol ouvre un procès, « nous devrons nous présenter comme accusateur privé. Et s'il n'y a pas de procès, tout cela sera classé ». « Sur le plan éthique et pour notre image, ce genre de choses ne peuvent pas se passer dans le football espagnol », a ajouté Tebas.