GENÈVE - Le vice-président de la FIFA Michel Platini a déclaré que la fédération internationale de football manquera toujours de crédibilité tant que Sepp Blatter en sera le président.

Blatter s'accroche « à tout prix » au pouvoir et craint « le vide » après son passage à la FIFA, a indiqué Platini dans un entretien accordé au quotidien français L'Équipe.

Bien que Platini ait affirmé aimer et respecter l'homme qu'est Blatter, ses commentaires à quelques jours de l'élection présidentielle de la FIFA laissent croire à un profond différend entre les deux anciens alliés. Celui qui est également président de l'UEFA a ajouté que Blatter n'a pas de grand plan pour son cinquième mandat et qu'il n'est pas crédible quand il dit avoir des missions inachevées après un règne de 17 ans.

« Non, il a simplement peur du lendemain, car il a consacré sa vie à la FIFA, à tel point qu'il s'identifie aujourd'hui complètement à elle, a dit Platini de l'homme de 79 ans. Je comprends la peur du vide qui doit l'habiter, c'est humain. Mais s'il aime vraiment la FIFA, il aurait dû penser à elle avant de penser à lui. Et tant qu'il restera en place, qu'il le veuille ou non, que ce soit juste ou pas, la FIFA aura un déficit de crédibilité, d'image et donc d'autorité. »

Platini, que plusieurs voyaient comme un succésseur naturel à Blatter, a décidé en août dernier de ne pas se lancer dans la course. Il a depuis donné son appui à l'adversaire de Blatter à l'élection, le Jordanien Ali ben al-Hussein.

« J'ai l'intime conviction qu'Ali, que je connais en personne depuis des années, pourrait faire un grand président de la FIFA. Il a toutes les qualités pour, l'a-t-il louangé. (...) Il connaît donc parfaitement les rouages des institutions mais il n'a pas encore eu le temps de se faire broyer ou déformer par ces dernières. Ou en tout cas, il a résisté car il a une grande liberté d'esprit et une indépendance qui font sa force. »

Blatter est cependant le grand favori pour l'emporter avec l'appui de cinq des six grandes confédérations de la FIFA, même si le vote sera tenu auprès des 209 nations membres.

Maintenant âgé de 59 ans, Platini a grandement aidé Blatter à entrer en poste en 1988.

« Je n'ai rien contre Sepp, c'est un homme que j'apprécie en privé et que je respecte. (...) Nous avons vécu des moments forts ensemble que rien ni personne ne pourra effacer. Il a fait de très bonnes choses et a su prendre de bonnes décisions, parfois dans des situations difficiles. Ce sont les raisons pour lesquelles je ne l'attaque jamais personnellement. Mais je dis simplement qu'à un moment, il faut savoir passer la main et ne pas essayer de s'accrocher à son trône coûte que coûte. C'est d'ailleurs ce qu'avait dit Sepp à Lennart Johansson, en 2007, quand je m'étais présenté contre ce dernier pour la présidence de l'UEFA. »

Platini n'a d'ailleurs pas pardonné à Blatter d'avoir déclaré au Congrès de l'UEFA de 2011 que son prochain mandat serait le dernier. Platini avait alors demandé à ses membres d'appuyer Blatter. Il sent aujourd'hui que cette demande a été faite « sur un mensonge » et estime maintenant que la FIFA a besoin d'un nouveau souffle.

Blatter a quant à lui indiqué qu'il avait le droit de changer d'idée.

« Tant qu'il (Blatter) restera en place, qu'il le veuille ou non, que ce soit juste ou pas, la FIFA aura un déficit de crédibilité, d'image et donc d'autorité », a conclu l'ex-vedette de l'équipe de France.